La veine satirique dans les Châtiments de Hugo
Publié le 23/10/2013
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À la fin du poème liminaire « Nox «, Hugo invoque Juvénal et Dante, deux auteurs qui ont eu recours à la satire, deux poètes qui ont vraisemblablement connu l'exil comme lui et qui, comme tous les grands poètes satiriques, sont aussi des moralistes. Hugo reprend donc à Juvénal l'idée que c'est l'indignation qui produit le vers(« Indignatio facit versus«).

«
~ Il -LA RHÉTORIQUE DE LA SATIRE
La manipulation des noms propres
Un aspect essentiel de la satire réside dans le fait qu'elle attaque nommément la
personne.
Hugo utilise surtout le nom propre qu'il donne pour synonyme de dé
fauts majeurs : « La férocité c'est Carrelet ; la bassesse/ Signe Rouher, avec De
langle pour greffier./
Ô muse, inscris ces noms » (« Splendeurs », Livre III, 8).
L'apostrophe permet aussi de jouer sur la situation de communication et de diriger
différentes attaques vers
le destinataire : ainsi Napoléon III apostrophé : « Ô Ro
bert
» (Macaire : escroc, bandit ...
à l'attaque de la pièce 12, Livre III).
Il arrive
souvent que le nom propre soit affublé et travesti lui-même : Napoléon-le-Nain
(Livre
I, 5).
Enfin le recours aux noms propres dans le cadre de la satire permet de
faire appel à des antithèses qui sollicitent le savoir encyclopédique du lecteur : « Il
eût fallu Caton sur cette chaise auguste,/ On y jucha Pasquin » (Livre IV, 8).
La syntaxe affective
Le ton satirique est souvent déterminé par la syntaxe affective, laquelle fait
appel à l'exclamation et à l'interrogation : «Qu'a-t-il fait ? un délit ? fi donc !
un attentat»(« Apothéose», Livre III, 1).
Très souvent d'ailleurs le poète are
cours à des dispositifs proches du discours direct, utilisant ainsi l'ordre théâtral ; «La douce hypocrisie éclate en aphorismes ;/C'est bien, nous gagnons gros et nous
sommes contents
;/Et ce sont, Juvénal, les maximes du temps ».
Les figures de rhétorique
Dans le cadre des figures de rhétorique on pourra évoquer plus spécialement
celles qui traduisent l'excès, comme l'hyperbole, l'anaphore (Livre I, 4, les six
premières strophes), les énumérations qui rendent le propos faussement éloquent
(« Lois, mœurs, maître, valets, tout est à l'avenant./C'est un bivouac de gueux,
splendide et
rayonnant» (Livre VI, 5).
D'autres figures sont aussi régulièrement
représentées comme l'antithèse, ou le renversement ironique.
Les images
Les images, ainsi que le jeu sur le sens propre et figuré des mots, sont un des
procédés les plus sûrs de la satire : « votre plume au fond de vos masures/Grif
fonne, va, vient, court, boit l'encre, rend du fiel» (Livre IV, 4).
On rencontre aussi
des oppositions qui jouent sur le sens
abstrait et le sens concret(« Les âmes sont
pour vous des bourses et des banques
», ibid.
; « Embonpoint de la honte ! époque
callypige
! »(Livre VI, 5).
Parfois les images s'organisent autour d'une thématique
appartenant au registre de la comédie : autour
du « bœuf Peuple », « Le boucher
Carrelet fourbit son coutelas./ La marmite Budget pend
la crémaillère » (Livre IV,
13).
Voir aussi la célèbre polka burlesque du poème « Éblouissements » (Livre I,
5), préparée par« l'archet frémissant» : «Dansez ! dansez, Berger, d'Hautpoul,
Murat, citrouilles
! »
Conclusion.
Il faut sans doute voir dans la veine satirique du poète l'une
des composantes essentielle de cette « parole qui tue » et qui tente de ven
ger
la« pauvre France abattue»(« Joyeuse vie», Livre III, 9)..
»
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