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La variété des tons dans les Confessions de Rousseau

Publié le 23/06/2015

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Le portrait pittoresque

Rousseau compose aussi des portraits pittoresques qui inter­rompent le fil de la narration et peuvent être lus comme des mor­ceaux de bravoure'. Dans leurs Mémoires, de nombreux aris­tocrates des XV 11e ou xviiie siècles ont décrit de manière savoureuse des personnages importants. Rousseau s'inspire de cet usage. C'est sur un ton mordant qu'il parle de M. Simon, le « juge-maje « — c'est-à-dire le président du tribunal — d'Annecy. L'homme lui-même ne joue pratiquement aucun rôle dans la vie de Jean-Jacques. Le narrateur éprouve d'ailleurs le besoin de justifier son évocation : « Quoique sa vie ait été peu liée à la mienne [...], j'ai cru pouvoir, par reconnaissance, lui consacrer un petit sou­venir « (L. IV, p. 192).

Sa petite taille, sa voix alternativement aiguë ou grave, sa coquet­terie font de M. Simon une figure pittoresque que le narrateur se plaît à évoquer. Rousseau accumule en deux pages quelques traits d'esprit un peu moqueurs : « sa grande perruque seule l'habillait parfaitement de pied en cap «, « pour lui la dernière faveur était de baiser une femme au genou « (ibid., p. 190 et 191).

La caricature

Enfin, Rousseau manie l'art de la caricature et du croquis. Il peint en quelques mots Bâcle, Venture ou le charlatan costumé en moine grec qui apparaît au Livre IV. Dans un souci de vivacité, il résume tel personnage à un trait principal et l'identifie souvent à un animal. C'est ainsi que Mlle Giraud possède « un museau sec et noir, barbouillé de tabac d'Espagne « (ibid., p. 182). Le terme de « museau « en dit long sur l'allure de l'héroïne. Mlle Giraud reparaît quelques pages plus loin, « avec ses trente-sept ans, ses yeux de lièvre, son nez barbouillé, sa voix aigre et sa peau noire « (ibid., p. 193). D'une manière mordante, l'auteur accentue deux traits : la noirceur et la bestialité. Il renonce au por­trait véritable pour exécuter une caricature, donnant en quelques lignes une représentation outrée et comique de l'héroïne.

 

Les images animales sont fréquentes dans ces croquis. Rousseau les utilise pour leur expressivité, passant rapidement

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« ensemble imposant, les parties légères sont des parenthèses divertissantes qui nous détendent de la gravité générale du ton.

Dans les Livres 1 à IV, le recours à la grandiloquence signale les épisodes remarquables (la punition injuste, la rencontre avec Mme de Warens).

Les hyperboles 1 foisonnent quand Rousseau décrit le jardin d'Annecy:« Que ne puis-je entourer d'un balustre d'or cette heureuse place! que ne puis-je attirer les hommages de toute la terre ! Quiconque aime à honorer les monuments du salut des hommes n'en devrait approcher qu'à genoux» (L.

Il, p.

83).

Certains termes de ce passage ont même une résonance religieuse(« salut»,« à genoux») qui contribue à sacraliser l'évé­ nement.

Le recours au style élevé peut cependant être ironique.

Le nar­ rateur nous lance par exemple avec solennité : « ô vous, lecteurs curieux de la grande histoire du noyer de la terrasse, écoutez-en l'horrible tragédie et vous abstenez de frémir si vous pouvez! >> (L.

1, p.

53).

Ce ton, peu en rapport avec l'insignifiante histoire de l'aqueduc, introduit dans le récit une rupture savoureuse.

C'est là un procédé familier à Rousseau.

--· LES DÉCALAGES COMIQUES Le décalage est le principal ressort comique du début des Confessions.

Au seuil de cette œuvre sombre et angoissée, Rousseau a choisi d'amuser son lecteur en acceptant de faire rire de lui.

Le burlesque ou l'écart entre la chose et le ton Le style burlesque tire sa force comique d'un écart entre la chose dont on parle et le ton sur lequel on l'évoque.

La des­ cription d'une réalité noble sur un ton familier est burlesque.

Est également burlesque le fait de raconter sur un ton élevé un 1.

Une hyperbole est une figure de style qui consiste à mettre en relief une idée ou un sentiment, en utilisant une expression excessive, outrée.

Quand on dit: «C'est à mourir de rire>> ou« Je vous l'ai dit mille fois>>, on emploie une hyperbole.

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