LA TROISIÈME BATAILLE - Le chant XI de l'ILIADE d'HOMERE
Publié le 19/03/2011
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Toute la partie de l'Iliade que nous venons d'étudier, depuis le chant II, est d'une richesse et d'une variété incomparables. Mais, si l'on en examine la relation avec les autres parties du poème, on constate que celle-ci ne va point sans difficultés. La première bataille, avec son résultat indécis, répond mal au dessein annoncé par Zeus dans le chant Ier, et qu'il a commencé à exécuter au chant II, par l'envoi du songe. La seconde amène bien cette défaite complète des Achéens que la promesse à Thétis nous faisait attendre, mais le chant VIII, qui la raconte; semble avoir été composé pour servir d'introduction à l'Ambassade, qui, elle-même semble ignorée du chant XI et de la Patroclie. Le chant X, la Dolonie, est purement épisodique. Au contraire, quand nous arrivons au chant XI, nous nous trouvons en présence d'un récit qui peut paraître donner une suite assez logique au Ier et au IIe chants, si on l'y rejoint directement, à la condition qu'on admette que le début en a été remanié pour être mis en harmonie avec les chants III-X, quand ils eurent été intercalés entre deux éléments primitivement consécutifs. De plus, par la clarté de la composition, par la vigueur simple et franche, par le naturel et le mouvement dramatique, le chant XI ressemble beaucoup plus à la Quenelle que les Exploits de Diomède, avec leur recherche des effets brillants et violents, ou l'Ambassade, avec sa fine psychologie et son éloquence adroite.
«
s'élance éperdument à travers les fourrés épais de la forêt ; elle court, elle ruisselle de sueur, fuyant les bonds duredoutable fauve ; ainsi personne ne pouvait écarter le désastre des Troyens ; ils fuyaient, eux aussi, sous lamenace des Argiens.
Agamemnon poursuit le cours de ses succès, et ramène les Troyens en déroute jusqu'au tombeau d'Ilos d'abord,puis jusqu'à la porte Scée et au hêtre.
Mais Zeus intervient alors.
Il envoie Iris avertir Hector de se réserver pour lemoment où il va voir Agamemnon blessé, et lui promettre qu'il prendra à son tour l'avantage, qu'il repoussera avantle soir, l'ennemi jusqu'à ses vaisseaux.
La blessure d'Agamemnon.
(218-279).
Dites-moi maintenant, Muses qui habitez les demeures de l'Olympe, qui le premier vint au-devant d'Agamemnon,d'entre les Troyens même ou leurs glorieux alliés ! Ce fut Iphidamas, fils d'Anténor, brave et de haute taille, nourridans la Thrace à la glèbe féconde, mère des troupeaux ; Cisseus l'avait élevé en sa maison ; il l'avait reçu toutpetit, Cisseus, père de sa mère, qui avait engendré Théano aux belles joues.
Puis, quand il fut arrivé à l'âge heureuxde l'adolescence, Cisseus le garda chez lui, et il lui donna sa fille.
Quand Iphidamas eut épousé celle-ci, au sortir dela chambre nuptiale, il alla chercher la gloire en combattant les Achéens, avec une flotte de douze vaisseaux, douzevaisseaux recourbés qui l'accompagnaient.
Il avait laissé ses navires bien ajustés à Percote, et était arrivé à pied àIlion ; c'est lui qui, ce jour-là, vint au devant d'Agamemnon l'Atride.
Quand, dans leur marche l'un contre l'autre, ilsse trouvèrent tout près, l'Atride le manqua, et la lance passa à côté.
Iphidamas, à l'attache de la cuirasse, au bas,le frappa, et appuya fortement le coup, laissant sa main suivre la lance.
Mais il ne réussit pas à percer la ceintureétincelante ; bien auparavant la pointe s'émoussa comme du plomb, au contact de l'argent.
Messire Agamemnonsaisit la lance de sa main, et la tira à lui, avec l'ardeur d'un lion ; il l'arracha de la main d'Iphidamas ; il frappa sonadversaire au cou, et il lui rompit les membres.
Iphidamas tomba sur place et s'endormit du sommeil d'airain,l'infortuné î loin de la femme qu'il avait briguée, en défendant ses concitoyens ; loin de sa jeune épouse, sans avoirjoui d'elle, après l'avoir chèrement payée : il avait donné pour elle cent bœufs, et il en avait promis mille, avec celachèvres et brebis, qui paissaient pour lui en nombre infini.
Mais alors l'Atride Agamemnon l'égorgea, et s'en retournaporter au milieu des Achéens sa belle armure
Lors donc que Coon, guerrier illustre, fils aîné d'Anténor, eut vu la mort de son frère, une douleur violente assombritses yeux II se plaça de côté, à l'insu du divin Agamemnon, et le toucha au milieu de l'avant-bras, au-dessous ducoude ; la pointe de la lance brillante pénétra tout droit.
Le haut seigneur Agamemnon sentit alors un frisson ; maismalgré tout, il ne renonça pas au combat et à la lutte ; il s'élança contre Coon, tenant sa lance, au bois vigoureux,endurci par les vents.
Coon cependant, s'empressait de tirer par le pied Iphidamas son frère, né du même père, et ilappelait tous les vaillants.
Tandis qu'il le tirait ainsi du côté des siens, à l'abri de son bouclier à bossette,Agamemnon l'atteignit de sa pique garnie d'airain, et lui rompit les membres.
Puis, sur le cadavre d'Iphidamas, il luicoupa la tête.
Ainsi les fils d'Anténor, sous les coups du souverain, fils d'Atrée, accomplirent leur destin et entrèrenten la demeure d'Hadès.
Agamemnon cependant allait de rang en rang parmi les ennemis, la lance ou l'épée en main, ou leur jetant degrosses pierres, tant que le sang encore chaud apparaissait à fleur de peau, sur la blessure.
Mais voici que la plaiese sécha, et que le sang cessa de couler.
Une vive douleur pénétra le cœur de l'Atride; comme quand une femme encouches ressent les traits acérés, déchirants, que lancent, dans les enfantements pénibles, les Ilythies, fillesd'Héré, maîtresses des couches amères, ainsi une vive douleur pénétrait le cœur d'Agamemnon.
Il monta d'un bondsur son char, en commandant au cocher de pousser vers les vaisseaux creux, car il avait grande peine.
Et il cria auxDanaens, d'une voix éclatante : « Amis, chefs et capitaines des Argiens, défendez, à votre tour, les vaisseaux, bonscoureurs des mers, contre l'attaque menaçante, puisque Zeus, dans sa sagesse n'a pas voulu que je combattissetout le jour, contre les Troyens ».
Aussitôt qu'il a vu Agamemnon se retirer du combat, Hector exhorte ses troupes à l'offensive.
C'est à son tourmaintenant d'abattre Achéen sur Achéen.
Ému par ce massacre, Ulysse, appelant Diomède, se lance avec lui dans lamêlée, qu'il rend indécise.
Diomède atteint Hector au casque, d'un coup qui, sans le blesser, le fait chanceler et lemet momentanément hors de combat.
Mais Alexandre, d'une flèche, blesse à son tour au talon Diomède, qui lui jetteà la face une belle invective.
Ulysse continue à combattre vaillamment, jusqu'à ce qu'il soit atteint lui aussi.
Ulysse blessé et protégé par Ajax.
(414-497 et 544-574).
Comme lorsque de jeunes chiens, en pleine force, se pressent autour d'un sanglier, et que le fauve sort du taillisépais en aiguisant sur le pli de ses lèvres sa blanche défense, les chiens l'entourent en bondissant, et ne couvrentpas le bruit de ses défenses, cependant ils lui résistent de pied ferme, si redoutable qu'il soit, ainsi, autour d'Ulysse,cher à Zeus, se pressaient alors les Troyens.
Lui, en premier lieu, toucha, au haut de l'épaule, Déiopitès sansreproche, d'un bond ; puis il égorgea Thoon et Ennomos ; ensuite Chersidamos, qui sautait à bas de son char ; il letoucha au nombril, sous son bouclier à bossette, de sa lance ; le Troyen tomba dans la poussière, en s'agrippant ausol ; Ulysse les laissa là, et blessa de sa lance Charops, fils d'Hippasos, le propre frère du noble Sôcos.
Sôcos vint àl'aide de Charops ; ce héros pareil aux dieux s'approcha tout près d'Ulysse et lui dit : « Ulysse que tant on loue!insatiable de ruse ou de vaillance, aujourd'hui tu vas te vanter d'avoir vaincu deux fils d'Hippasos, et de leur avoirravi leurs armures, ou ma lance va t'atteindre et te fera rendre l'âme ».
Il dit et il frappa le bouclier parfaitement égal.
A travers le bouclier passa la lance furieuse ; elle se ficha dans la.
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