« La tragédie, dit J.-J, Rousseau, est si loin de nous, elle nous présente des êtres si gigantesques, si boursouflés, si chimériques que l’exemple de leurs vices n’est guère plus contagieux que celui de leurs vertus n’est utile. »
Publié le 08/02/2016
Extrait du document

I. La tragédie est-elle si loin de nous?
Oui, semble-t-il. Les sujets sont tirés de l’histoire ancienne ou de la fable : Phèdre, Iphigénie, Horace, Beaumarchais), les personnages sont des princes ou des rois... Mais les aventures sont souvent communes, les « grands intérêts d’Ëtat » nous sont présentés sous un jour qui nous les rend accessibles (Horace) ; les passions sont les mêmes que maintenant. Les rois sont des hommes comme nous.
II. Les personnages sont-ils « gigantesques, boursouflés, chimériques? »
1. Cela n’est évidemment pas vrai de Racine.
Il peint les hommes tels qu’ils sont... Toujours vrais, humains, près de nous, et non seulement ceux qui sont faibles,

«
RACINE
55
sur des infortunes feintes.
Mais elle est
kI1O,l5
mauvaise que
la comédie...
(Cf.
Fénelon se félicitant des imperfections des
spectacles, parce que « la faiblesse du poison diminue le mal.
)
I.
La tragédie est-elle si loin de nous?
Oui, semble-t-il.
Les sujets sont tirés de l'histoire ancienne
ou de la fable
Phèdre, Iphigénie, Horace ( f.
Beaumarchais),
les personnages sont des princes ou des rois...
Mais les aven-
tures sont souvent communes, les
u
grands intérêts d'État
nous sont présentés sous un jour qui nous les rend accessibles
(Horace);
les passions sont les mêmes que maintenant.
Les
rois sont des hommes comme nous.
II.
Les personnages sont-ils e gigantesques, bour-
souflés, chimériques?
»
1.
Cela n'est évidemment pas vrai de
Racine.
Il peint les hommes tels qu'ils sont...
Toujours vrais, humains,
près de nous, et non seulement ceux qui sont faibles, mais
même les vrais héros; non seulement Pyrrhus, mais Joad, Her-
mione, mais Andromaque.
Analyses.
2.
Et pas davantage de
Corneille.
Il suffit de nommer les chefs-d'oeuvre...
Il ne faut pas laisser
dire que cela n'est ni vrai, ni humain, ni vivant.
Les héros de
Corneille sont grands, non pas gigantesques, ils s'émeuvent, ils
souffrent, mais ils se domptent (Auguste, Pauline).
Ils sont
sublimes, non boursouflés (le Cid.
Polyeucte), vivants, non
chimériques; ils discutent avec eux-mêmes, ils luttent et si
la victoire est certaine, s'ils savent rester maîtres d'eux-
mêmes, c'est qu'ils en prennent les moyens (Pauline dans
Fol yeucte,
Acte I,
se.
4 et II, 2).
III.
L'exemple de leurs vices peut-il être contagieux?
Racine l'a cru et c'est pourquoi il s'est retiré du théâtre.
Et
il est bien certain que son art prestigieux nous rend sympa-
thiques des personnages dont nous aurions horreur dans la
réalité (Phèdre, Hermione).
Mais cela ne veut pas dire que
nous soyons tentés de les imiter.
Ce n'est pas lui qui divinise
la passion.
Il la donne pour ce qu'elle est, une faiblesse et quel-
quefois une folie et il nous en montre les funestes conséquences
(les tueries de ses dénouements).
OuvIoUg.
- Dssert.
franç.
au
baccal..
»
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