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La symbolique du labyrinthe

Publié le 30/07/2014

Extrait du document

 
 
Vous vous souvenez que l'aveu indirect de Phèdre à Hippolyte est
construit autour du récit d'une aventure d'amour et de danger
que l'auteur a située dans le décor d'un labyrinthe.
C'est un lieu précis et mythique : le Labyrinthe était le
nom du palais de Crète au fond duquel se dissimulait le
Minotaure, monstre mi-homme mi-taureau qui tous les neuf ans
dévorait sept jeunes gens et sept jeunes filles d'Athènes. Ce palais
était si vaste et si complexe que nul n'en ressortait vivant, faute de
pouvoir retrouver son chemin. Grâce à Ariane, soeur de Phèdre,
qui déroula pour le guider une pelote de fil, Thésée réussit l'exploit
de tuer le Minotaure.

« Le labyrinthe est aussi un lieu obscur, conduisant au Minotaure, monstre dévoreur, donc à la mort ou à la perte de soi.

Le labyrinthe conduit vers la damnation.

Il est un lieu de fuite propice pour cacher sa faute, pour échapper à la lumière investigatrice, au soleil qui fait mal ; on s'y perd au physique comme au moral, on s'y enfonce vers les enfers.

Le mot est lourd d'une double menace: perdre la vie et perdre son âme.

n Cadre légendaire &il., ---------·· ---·--·--- --~----~------~ Racine ne s'est pas seulement attaché à la valeur symbolique du labyrinthe.

Il en a conservé l'image, forte et mythique.

L'image mythique.

Porteur de toute la richesse poétique de la légende, le lieu contient une imagerie du mythe qui contri­ bue à la création d'une atmosphère intensément visuelle.

En reli­ sant les vers, on se représente fort bien avec la narratrice les détours du labyrinthe, les deux personnages, le fil qui les réunit, le monstre pas loin.

À travers les noms et les légendes, quelle fantas­ magorie pour un metteur en scène du désir et de l'inconscient ! Racine écrit dans sa Préface : Ainsi j'ai tâché de conserver la vraisemblance de l'histoire, sans rien perdre des ornements de la fable, qui fournit extrêmement à la poésie.

Et il est vrai que ce labyrinthe est un ornement poétique.

n Espace intérieur "'------------------------ La critique moderne distingue l'espace réel (scène, salle, cou­ lisses), l'espace dramatique (celui qui est délimité sur scène par un décor, ou par son absence), et l'espace virtuel, qui est évoqué par les personnages.

L'espace virtuel de Phèdre est double, et il figure son déchirement intérieur: d'un côté la lumière, le dieu solaire, l'espace. »

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