La structure narrative du roman d'apprentissage

« E X P 0 S É S F C H E S policier.

Avec le roman d'apprentissage, elle passe au second plan, au profit de l'évocation de la vie du héros.

C'est l'évolution intellectuelle, morale et senti­ mentale de celui-ci qui passe au premier plan et tient lieu d'intrigue.

Le roman déroule une série d'expériences ou d'épreuves qui modifient le personnage.

L'accomplissement de cette dissolution de l'intrigue se produit avec L'Éduca­ tion sentimentale, puisque ce qui aurait pu servir d'armature au récit -la passion pour Mme Arnoux et ses péripéties - n'est que la longue histoire d'un amour inabouti, d'un aveu toujours différé, et qu'au bout du compte il ne se passe rien.

Structure de l'a_e~~entiss~~~ Du coup, le roman d'éducation se présente comme une suite d'étapesjalonnées d'épreuves que l'on retrouve dans tous les romans du genre: le départ pour la grande ville, l'arrivée à Paris, la première réception, la rencontre de la future maî­ tresse, les amitiés ...

Ce schéma dramatique cumulatif juxtapose une série de scènes-types, qui permettent au personnage de découvrir des milieux différents et d'élargir sa connaissance du monde.

Ainsi Rastignac, en un laps de temps très court - trois mois -est reçu chez Mme de Restaud et Mme de Beauséant, se rend au théâtre, dans un salon de jeu et découvre les secrets de la pension Vauquer.

L'apprentissage est un dévoilement progressif de la réalité sociale au contact de laquelle le personnage se forme et se transforme.

Une série de visites chez les édi­ teurs parisiens suffisent à persuader Lucien de renoncer à ses ambitions littéraires.

Ne parvenant pas à faire publier ses Marguerites et son Archer de Charles IX, il se reconvertit dans le journalisme pour gagner sa vie.

À partir de là il rencontre un uni­ vers nouveau, celui du théâtre.

Ill -LES PROCÉDÉS DE LA NARRATION !:-~-~ri,ii~-~11~ -~u contraste Juxtaposant une série de séquences types, le roman d'apprentissage évite ce qu'une telle composition pourrait avoir de trop lâche par le procédé du contraste, qui met en valeur les oppositions du monde social.

Rastignac passe ainsi du monde sordide de la pension aux salons brillants du faubourg Saint-Germain, de la chambre misérable où agonise Goriot à celle, luxueuse, de Delphine de Nucingen, des repas à la pension à la réception chez Mme de Beauséant.

De même, Fabrice del Dongo bascule sans transition du château de son enfance au champ de bataille de Waterloo, du monde capitonné de la Sansévérina à la prison de Parme.

Le p~in~ip_e de la rép~-~it!~ll À cette juxtaposition de contrastes, le roman d'éducation superpose la duplica­ tion de séquences en miroir.

À la rencontre de Mme Arnoux dans L 'Éducation sen­ timentale répond l'ultime entrevue, décevante; l' «apparition » idéalisée du début s'est dégradée.

Même technique chez Barrès qui oppose la fascination initiale des lycéens de Nancy pour Bouteiller et la visite qu'ils lui rendent quatre ans plus tard, au cours de laquelle ils découvrent que celui-ci est devenu un politicien opportuniste.

Conclusion: Derrière la diversité du style et des univers imaginaires propres à chaque écrivain se dissimule une parenté profonde et des solu­ tions narratives communes, qui font bien du roman d'apprentissage une catégorie spécifique du genre romanesque.. »