La solitude dans les Fables de La Fontaine

« LES FABLES DE LA FONTAINE fables font apparaître le retrait du monde comme un danger (source d'égoïsme ou de folie); les deux autres le font apparaître comme béné­ fique et salutaire.

Ainsi se dessine une perspective précise, qui n'est pas le fruit du hasard.

C'est l'occasion de rappeler comment La Fontaine, de façon subtile, dessine à l'intérieur de l'apparent foisonnement désor­ donné des fables des trajets précis.

(voir Approche 4, p.

26) • Quelles sont les caractéristiques du paysage? C'est un lieu à l'écart («loin du monde et du bruit»), épargné par les vio­ lences (voir aussi la fable 15, livre XII, où La Fontaine évoque un lieu pro­ visoirement à l'abri de la fureur humaine).

Notez quelques mots importants sur lesquels vous ne devez par faire de contresens: «désert», «retraite», «asïks» (voir Textes 8 et 9, pp.

75 et 82).

Un espace de repli: enfermement ou recueillement? La Solitude nous est pré­ sentée comme un lieu fermé sur lui-même.

Mais il faut faire la distinction entre un espace d'enfouissement et un espace de recueillement.

Quand la solitude correspond à une attitude négative (repli sur soi, menace de folie), c'est un espace où l'on est englouti ou bien oppressé: c'est le fro­ mage du Rat, le jardin de !'Amateur, le bois solitaire où !'Ours se sent "séquestré"· À l'inverse, quand la solitude est valorisée, l'espace est certes fermé, mais il ménage aussi des ouvertures sur le ciel, les planètes, le cos­ mos (le spectacle de l'Univers) ou bien il est animé par la présence de l'eau rivière ou fontaine (voir Textes 8 et 9, pp.

75 et 82).

Le monde extérieur.

À l'opposé du paysage de Solitude, il y a les «riches palais» (le Cour, les lieux du pouvoir, de la gloire ou de la discorde, comme Ra topo lis assiégée).

Il y a aussi l'espace très ouvert du "vaste monde» (la mer, les grands espaces où l'on court à l'aventure et où l'on rencontre dangers, désillusions, parfois la mort -voir entre autres fables IX, 2; VIII, 9: pour cette dernière fable «Le Rat et !'Huître», il est inté­ ressant de la lire en contrepoint de la fable VII, 3 et de la fable VIII, 10 placée juste après).

• Quelle est la valeur morale de l'attitude de retrait? C'est une attitude dangereuse dans les deux premiers cas que nous avons cités (VII, 3 et VIII, 10).

C'est une attitude bienfaisante, source de félicité dans les deux autres cas (XI, 4; XII, 29) La solitude du Fou fait que l'on se perd en soi-même: La solitude du Rat est égoïste (voir Texte 2, p.

45); le Rat s'engloutit dans son fromage, se perd dans la gloutonnerie; il est retiré du monde mais il n'accède pas à la tran­ quillité.

Voyez combien il s'agite dans son fromage! La Solitude de !'Ours et de !'Amateur des jardins est une solitude douloureuse, subie.

L'absence. »