« La simplicité de Félicité n’exclut pas une évolution notable, une vraie histoire humaine marquée comme il se doit par des crises et des renaissances. » Michel Tournier, Un Cœur simple, Préface, éd. Folio, p.7
Publié le 07/05/2012
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«
Un C œur simple dissertation littéraire
Mars 2012 Page 2
ses qualités de ménagère.
Quant à l’évolution psychologique, elle est très minime.
D'abord simple,
naïve et prude, elle devient aimante et dévouée à ses maîtres.
Malgré le fait que ce ne sont pas ces
deux évolutions qui sont les plus flagrantes dans la nouvelle, il était toutefois convenable de relever
certains points.
En revanche, c’est dans son rapport avec les autres que nous pouvons souligner une véritable
évolution.
Félicité va passer sa vie à aimer.
Mais cet amour sera très paradoxal car au fur et à mesure
que l’histoire n’avance on remarque que plus son amour pour ceux qu’elle aime ne s’intensifie, plus
les gens ou choses qu’elle aime se déshumanisent.
Pour souligner cet argument, il est important de
montrer les deux extrêmes.
Au début de la nouvelle, Félicité aime, déjà d’une manière très intense,
Virginie 1.
C’est également grâce à cette dernière que Félicité va commencer à montrer une dévotion
pour l’Église.
Cet amour pour Virginie atteint son paroxysme lors de la mort de cette dernière, on le
remarque aux pages 53-54 : « Pendant deux nuits, Félicité ne quitta pas la morte (…) Elle fît sa
toilette, l’enveloppa dans son linceul (…) étala ses cheveux.
Ils étaient blonds (…) Félicité en coupa
une grosse mèche, dont elle glissa la moitié dans sa poitrine, résolue à n’en jamais s’en dessaisir ».
Cet amour pour Virginie peut paraître exagéré, mais l’exagération va apparaître au moment où
Félicité va faire l’acquisition de Loulou, un perroquet.
L’héroïne va considérer ce perroquet presque
comme un fils, voir même comme un amoureux.
Elle va finalement élever ce dernier au rang de
Saint-Esprit, nous observons cela à la page 70 de la nouvelle : « Ils s’associèrent dans sa pensée, le
perroquet se trouvant sanctifié par ce rapport avec le Saint-Esprit, qui devenait plus vivant à ses yeux
et intelligible ».
Nous remarquons donc que Félicité connaît un effet de transcendance vers les cieux,
et donc vers le paradis, via son rapport avec autrui.
Ce qui est paradoxal, c’est que c’est son rapport
avec un perroquet empaillé, qui est la figure la plus déshumanisée de l’histoire, qui représente le
point culminant de cette transcendance vers le Saint-Esprit.
Par surcroît, au moment de la mort de
Félicité, Flaubert termine sa nouvelle de cette façon : « (…) elle crut voir, dans les cieux entrouverts,
un perroquet gigantesque, planant au-dessus de sa tête ».
Nous remarquons donc bien que le
perroquet est, pour Félicité, assimilé à la figure du Saint-Esprit.
De plus, nous pouvons montrer cette évolution via son rapport avec les autres, par le fait que, durant
toute sa vie, Félicité est triste.
Effectivement, Flaubert nous dresse le portrait d’un personnage
monotone, qui ne sourit jamais et dont la vie ressemble à un long chemin dépourvus de tous les
plaisirs.
Ce n’est qu’au moment de sa mort, qu’elle ressent un véritable moment de bonheur.
Ce
dernier est surtout dû au fait qu’étant donné l’attachement que l’héroïne a eu envers son perroquet,
cette mort est synonyme de retrouvaille entre elle et son oiseau.
Lorsqu’elle meurt, elle le rejoint
pour l’éternité.
D’ailleurs, nous remarquons bien que Flaubert nous montre une mort qui peut être
qualifiée de « belle ».
En effet, cela s’observe aux pages 77 et 78 de la nouvelle : « Une vapeur d’azur
monta dans la chambre de Félicité.
Elle avança les narines, en la humant avec une sensualité
mystique ; puis ferma les paupières.
Ses lèvres souriaient.
Les mouvements de son c œur se
ralentirent un à un, plus vagues chaque fois, plus doux, comme une fontaine s’épuise, comme un
écho disparaît (…) ».
Il y a donc une évolution du personnage qui passe de l’état de malheur à celui
de bonheur qui lui a toujours échappé durant toute sa vie.
Sa mort représente donc le passage vers
1Fille de madame Aubain.
»
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