La représentation de la nature dans les Essais de Montaigne
Publié le 02/08/2014
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Au XVI' siècle, la nature est perçue comme une force qui régit l'univers et qui intègre chaque créature. L'homme du Nouveau Monde que nous pré¬sente Montaigne a su rester en harmonie avec cette nature tandis que l'homme des nations policées, devant cette immensité qu'il ne peut em¬brasser, a tenté vainement de l'altérer et de la plier à son profit, sans se rendre compte qu'il se mutilait lui-même.
«
«nous n'avons d'autre mire [repère] de la vérité et de la raison que l'exemple et
idée des opinions et usances du pays où nous sommes » (I, 31, p.
303 ; voir aussi
III,
6, p.
167: «Nous n'allons point, nous rôdons plutôt ...
»).
La méconnaissance de l'homme
L'homme, qui appartient lui-même à la nature, en arrive finalement à se mécon
naître lui-même, tant il est divers dans son essence même et dans son histoire :
« Quand tout ce qui est venu par rapport du passé jusques à nous serait vrai et serait
su par quelqu'un, ce serait moins que rien au prix de ce qui est ignoré.
Et de cette
même image du monde qui coule pendant que nous y sommes, combien chétive et
raccourcie est la connaissance des plus curieux
» (ibid., p.
168).
~a dépos~~ss~on de l'~utre
Tandis que le Nouveau Monde «était encore tout nu au giron, et ne vivait que
des moyens de sa mère nourrice
» (ibid., p.
169), l' Européen a voulu ignorer la réa
lité de l'autre à travers les indigènes ; il
les a pliés à son vouloir et à son pouvoir :
« nous nous sommes servis de leur ignorance et inexpérience à les plier plus facile
ment vers la trahison, luxure, avarice et vers toute sorte d'inhumanité et de cruauté,
à lexemple et patron de nos mœurs » (ibid., p.
171 ).
Ill -NATURE ET CULTURE
La greffe manquée
Les indigènes du Nouveau Monde, qui représentent l'homme à l'état de nature,
auraient eu tout
à gagner à rencontrer des hommes tels que « Lycurgue et Platon » «qui en eussent su mieux juger que nous», réalisant ainsi l'accord de la nature et de la culture (1, 31, p.
304 ; voir aussi III, 6, p.
171 : « des mains qui eussent dou
cement poli et défriché ce qu'il y avait de sauvage ...
»).
La chanson amoureuse
Toutefois, la chanson amoureuse des indigènes que rapporte Montaigne (I, 31, p.
313) est déclarée par lui « toute anacréontique » ; leur langue rappelle en outre
les
« terminaisons grecques » (ibid.).
Paradoxalement, cette « sauvagerie » est
comme pénétrée par la culture antique.
La chanson guerrière
Rapportée par Montaigne (I, 31, p.
312), elle révèle une vision humaniste des
forces qui se transforment et s'harmonisent ; ce que confirme le jugement de Mon
taigne :
« Invention qui ne sent aucunement la barbarie ».
Conclusion : Les Indiens du Nouveau Monde parviennent ainsi à réduire
l'antinomie occidentale qui existe entre nature et culture.
Pour eux, la na
ture apparaît comme linspiratrice directe de leur sens artistique..
»
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