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La remise en cause du destin dans les mythes

Publié le 18/09/2018

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mythes

Dans Électre, la foi d'Égisthe laisse une très grande place à la liberté humaine. Pour lui, les dieux sont «inconscients au sommet de l'échelle de toutes les créatures» (É, 1, 3, p. 28). Il serait absurde de les imaginer «occupés sans relâche de cette moisissure suprême et mobile de la terre qu'est l'humanité» (ibid.). «Rien n'est plus opposé à la notion de destin, de fatalité, de tragique, que cette conception des dieux», commente Michel Raimond1. L'humanité, livrée à elle-même, n'est le jouet d'aucune force aveugle.

 

La vision de Sartre, dans Les Mouches, est proche de l'athéisme2. Certes, Jupiter est présent sur scène. Mais ce Jupiter est privé de pouvoir. « Quand une fois la liberté a explosé dans une âme d'homme», avoue-t-il en songeant à Oreste, « les Dieux ne peuvent plus rien contre cet homme-là » (LM, Il, Deuxième tableau, 5, p. 203). Dieu n'existe, en somme, que si l'on croit en lui. La liberté que peut s'accorder tout homme fait échec au destin.

 

Le destin : un terme trop vague

 

Dans l es cinq pièces, le terme de destin recouvre une réalité très vague. Le mot revient souvent dans La guerre de Troie n'aura pas lieu. Mais si Hector ne parvient pas à imposer la paix, la faute n'en revient nullement au destin. Elle tient à l'indolence de Pâris, à la sotte fascination des vieillards pour Hélène, au fanatisme du poète Demokos. C'est la somme des volontés humaines qui décide de la guerre. Celle-ci a d'ailleurs des causes très matérielles, qui n'ont rien à voir avec le destin. Ulysse l'explique très franchement à Hector : « l'or de vos temples, celui de vos blés et de votre colza, ont fait à chacun de nos navires, de vos promontoires, un signe qu'il n'oublie pas» (GT. Il, 13, p. 157).

mythes

« annonce Cassandre (GT, 1, 1, p.

58).

Les événements se jouent apparemment dans un monde où la liberté humaine n'a plus cours.

De man ière compar able, Ëlectre obéit à des sentiments dont elle n'est pas la maître sse.

Quand Oreste lui demande pourquoi elle déteste Ëgisthe et Clytemn estre, elle répond : «J e ne le sais pas encore.

[ ...

] Je les hais d'une haine qui n'est pas à moi )) (�.

1, 8, p.

57).

L'héroïne avoue que sa condu ite ne lui appar tient pas.

L'Œdipe de Coct eau est moins lucide.

Il se vante d'agir librement.

Mais Tirésias lui fait remarquer qu'il manque de modestie : Prétendez-vous résoudre en une mi nute le pouvoir du libre arbitre ? Hélas ! Hélas ! Le pouvoir vous grise (M /, Ill, p.

101) .

To us semblent guidés par une puissance supérieure et invisi ble, à laquelle Anubis et le Sph inx sont également soumis.

«Obéissons )), reco mmande Anubis.

«Le mystère a ses mystères.

Les dieux possèdent leurs dieux.

Nous avons les nôtres.

Ils ont les leurs)) (M /, Il, p.

68) .

Les dieux eu x-m êm es sont en effet sou mis au des tin.

Les héros d'An tigone semblent également jouer à contrecoeur un rôle qui leur est imposé.

«C'est com me cela que ç'a été distribué », explique Antigone à Ismène.

«Q u'e st-ce que tu veux que nous y fassions ?)) (A, p.

24).

Face à Créon, elle justifie sa décision d'ensevel ir Polynice en affirmant : «J e le dev ais)) (A, p.

65).

Créon lui répond : «j e serai obligé de te faire mourir>) (A, p.

71 ).

Ni l'un ni l'au tre, apparemment, ne sont libres de leur choix.

La représenta tion du des tin Certa ines images frappantes font sentir au lecteur cette présence du des tin.

La mythologie antique comparait la vie humaine à un fil.

Celu i-ci était choisi, filé, puis coupé par trois déesses des Enfers.

Ces sœurs terribles s'app elaient les Moires (en Grèce) ou les Parques (à Rome).

Cocteau se souvient de cette image dans La Machine infe rnale.

Le Sphinx parle en effet comme le ferait un tisserand : Je dévide, je déroule, [ ..

.

) je tresse, [ ..

.

) je tricote, je natte, je croise, je passe, je repasse, je noue et dénoue (M/, ll,p.

84).. »

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