La religion du coeur et Dieu chez Rousseau
Publié le 23/06/2015
Extrait du document


«
ironique de ces prêtres.
\\les condamne en des termes assez
vigoureux(« impudence»,« infâme»,« dégoût», L.\1, p.
106).
Le vocabulaire porte la marque de son indignation.
Une religion des apparences
Rousseau reproche à la religion-et surtout à la religion catho
lique- de se cantonner au respect des apparences.
Il critique
avec violence les conversions, qui semblent vides de sens.
Car
nul ne s'inquiète jamais des sentiments profonds des nouveaux
adeptes.
Pour rallier Jean-Jacques au catholicisme, M.
de
Pontverre se sert de son excellent vin de Frangy plutôt que d'argu
ments religieux.
Il cherche à séduire et non à convaincre.
À Turin,
ceux qui embrassent la foi catholique sont des aventuriers qui
font commerce de leur âme.
Pour deux d'entre eux, c'est devenu
une sorte de métier : ils demandent à être baptisés « partout
où le produit en va[u]t la peine » (ibid., p.
97).
Si le clergé ferme hypocritement les yeux sur ces abus, c'est
qu'il
n'a pas, en la matière, des intentions très pures.
Il cherche
avant tout à étendre son pouvoir.
Le jour de la conversion, il
réserve aux protestants un traitement qui « sert à persuader au
peuple que les protestants ne sont pas chrétiens » (1bid., p.
1 07).
La cérémonie est donc fondée sur un mensonge.
Sans doute
tous
les prêtres ne sont-ils pas aussi calculateurs que ceux de
Turin.
Mais l'aveuglement du curé de Confignon n'est pas plus
sympathique.
M.
de Pontverre se soucie peu de ce que devien
dra Jean-Jacques quand il l'aura rallié au catholicisme:
Il y avait tout à parier qu'il m'envoyait périr de misère ou devenir un vaurien.
Ce n'était point là ce qu'il yoyait: il voyait une âme ôtée à l'hérésie et rendue à l'Eglise (ibid., p.
81 ).
N'est-ce pas ce qui finira par arriver? Rejeté à la rue le jour de
sa conversion, le héros erre dans les rues de Turin.
Ce sont para
doxalement les prêtres qui l'ont condamné à« périr de misère
ou [à] devenir un vaurien».
Aveuglement et superstition
Bien avant Les Confessions, Fontenelle ou Diderot ont dénoncé
l'habileté de l'Église à confisquer à son profit des phénomènes
naturels.
À la fin du Livre Ill, Rousseau réfléchit sur la naïveté qui
produit ou entretient certaines illusions.
71.
»
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