LA PROSE D'IDÉES AU XVIIe SIÈCLE
Publié le 27/06/2012
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Guez de Balzac (1597-1654) peut être considéré comme le créateur de la prose classique. Son influence fut grande, moins par ses leçons que par ses oeuvres; on ne saurait la comparer qu'à celle de Malherbe pour la poésie. Ses oeuvres se composent d'abord de Lettres, adressées de Rome à des amis, et dont le recueil, publié en 1624, lui donna un immense renom. De sa retraite près d'Angoulême, il ne cessera d'adresser à Paris une correspondance dont des copies circuleront dans tous les cercles littéraires avant d'être réunies en vingtsept livres. Il est enfin l'auteur de Dissertations et d'Entretiens, et de trois traités : Le Prince, le Socrate chrétien, Aristippe. La matière ne vaut ni par la profondeur, ni par la variété. L'auteur traite de questions morales, cherchant plutôt la clarté que la pénétration. Lettres, entretiens, traités, semblent surtout pour lui prétextes à exercices de style. Là encore, prenons garde aux divisions artificielles.
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DESCARTES 147
Nos grands classiques ne se dégageront de son influence
qu'après avoir assimilé ses leçons.
Il a donné au pro
sateur l'ambition
d'un art achevé, obtenu par le travail,
la culture, la réflexion, la sensibilité de l'oreille.
Il
n'est pas douteux que l'influence de Descartes (1596-1650) allait dans le même sens; celle du philo
sophe du moins, car, dans le domaine littéraire, le savant n'a eu que peu d'influence.
Son œuvre philoso
phique a été publiée de 1637 (Discours de la Méthode) à 1649 (Traité des Passions).
On apprit, à le lire, la
toute-puissance de la raison comme moyen de connais
sance, comme principe de
la vie intérieure aussi.
Son Traité des Passions, en particulier, est une psychologie où les ressorts de l'âme sont mis en lumière avec une
absolue clarté; comment n'en pas déduire qu'en effet
ce monde de l'âme est entièrement connaissable
et ressortit tout entier à.
la raison? On se doute bien - et Corneille lui-même- qu'il y a dans le jeu des senti
ments ce « je ne sais quoi » qui explique l'inexplicable;
mais on ne lui donne guère de place.
Jusqu'à la fin du x1xe siècle, nos romans et notre théâtre psychologi
que adopteront la croyanee cartésienne à la logique
essentielle de la vie de l'âme et du cœur; notre littéra ture y gagnera en clarté ce qu'elle perdra en profondeur et peut-être en vérité.
D'autre part, la philosophie cartésienne, qui laisse à Dieu sa part, concentre l'homme sur l'homme, en même
temps qu'elle égale son pouvoir à tout l'univers con
naissable.
Elle propose une morale close où l'homme
n'a rien à attendre que de soi, seul responsable de lui
même, seul maître de son destin.
C'est la morale de
Corneille.
Cette conception ne sera pas sans contribuer
à donner à notre littérature classique sa sévérité, par
fois sa dureté.
L'influence de Descartes sera complétée
sur ce
P.Oint par la connaissance des stoïciens de l'anti quité; Epictète et Sénèque pénétreront dans les meilleurs
esprits et influeront jusque sur les conceptions reli
gieuses.
L'effort de l'homme sur lui-même tendra chez
certains
à remplacer le secours qu'il devait attendre de la grâce divine.
D'autres philosophes, sous l'influence de Gassendi (1592-1635), tenteront d'unir les vérités du christianisme
avec l'attitude épicurienne proposée par Lucrèce, et dont l'essentiel est cette réhabilitation de la nature.
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