La Princesse de Clèves, commentaire de l'incipit de Mme de Lafayette
Publié le 13/06/2012
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Problématique : Dans quelle mesure le portrait de cette héroïne est-il idéalisé ?
I) Les qualités de l’héroïne
- Un portrait hyperbolique à la manière
- un portrait réalisé par un narrateur omniscient : terme « beauté «, désignant Mlle de Chartres, récurrent : il est même complété de l’adjectif « parfait «, hyperbolique, à la 2ème ligne ; les éléments descriptifs, hérités du roman courtois et précieux, comme « blancheur de teint « et « cheveux blonds « témoignent de l’approximation de ce portrait : autant d ‘éléments qui ne donnent que des informations que sur la classe sociale de l’héroïne
«
DEVOIR DE FRANCAIS
SujetCommentaire composé de l’incipit de La Princesse de Clèves de Madame de LAFAYETTE
La fin du 17ème siècle est marqué partout en Europe par le changement de l’idéal esthétique : les auteurs se réclament d’un art ordonné et sobre à l’image des jardinsde Versailles dessinés par le Nôtre.
Aux débordements du baroque s’oppose alors un art d’unité et de rigueur au service de la morale et de la vertu vers lequel tend l’« honnête homme » naissant.
Clarté et sobriété sont au gout du jour, c’est la naissance de Classicisme.
Le règne dispendieux et éclatant de Louis XIV est alors à saglorieuse apogée en France et en Europe entière, et de nombreux artistes, dont des auteurs célèbres ont su se rendre digne du rayonnement de cette cour.
Ainsi LaFontaine, Molière et Corneille, ainsi qu’une figure féminine : Marie-Madeleine de Lafayette, qui publia d’abord sous l’anonymat le chef d’œuvre des romansclassiques : La Princesse de Clèves Il ne s’agissait pas là du premier roman, mais d’un roman nouveau qui répondait à l’éclosion de l’esprit moderne, dans la mesureoù la modernité était en cette fin du XVIIe siècle l’expression d’une transformation des mœurs et des mentalités.
L’incipit de cette œuvre s’ouvre sur la présentationde la cour du roi Henri II en 1558 et sur le portrait détaillé d’un personnage majeur de l’histoire : le duc de Nemours.
L’axe fédérateur que nous allons suivre pourl’analyse de cet incipit est le suivant : Le duc de Nemours comme personnage représentatif de la société brillante au côté du roi Henri II.Ainsi nous étudierons dans un premier temps la magnificence de cette cour et de ses personnages pour enfin nous pencher sur un apparent éloge du duc, rayonnantparmi les autres.
Premièrement, cette illustre société semble rayonner en France.
Les personnages la composant sont nobles, ainsi leur famille les porte en haut de l’échelle sociale, etcela se ressent dans l’éducation qu’on leur a fournie.
Cette cour d’Henri II est donc noble et cultivée, et se démarque ainsi de la population française moyenne de1558.
Dans ce cour incipit se distingue ainsi un abondant champ lexical de la noblesse et des titres honorifiques, comme « duc »l.1, « cour»l.3, « prince»l.4, «maison»l.6, « vidame»l.7..
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Cette noble distinction des personnages de la cour nécessite également un registre des plus soutenu pour les évoquer, ainsi madame deLafayette semble user de mots d’un extrême raffinement tout en restant simples, comme le veut le classicisme de l’époque.
On peut aussi noter que l’imparfait est letemps le plus utilisé dans cet extrait, or l’imparfait est le temps de la description, de plus on remarque une abondance de verbes « être », on peut donc en interpréterque l’auteur avait un réel souci de détailler et de décrire ces gens aux esprits d’exception, comme le soulignent ces citations : « était»l.1, l.4, l.5, l.8, l.10, etc..
«faisait»l.2, « avait»l.3, « appelait»l.4, etc..En plus d’être nobles et cultivés, ces brillants hommes semblent aussi jouir d’une richesse inégalable.
Henri II rayonnant, dans toute la France, le faste dans lequel ilvivait se retrouve aussi dans sa cour et dans ses réceptions.
Ainsi cet incipit nous présentant sa cour nous offre également une admirable description de la richesse despersonnages entourant le monarque ainsi que l’abondance luxueuse dans laquelle ils baignent.
Ces marques de luxe infini se retrouvent par le champ lexical dunombre ( « trois»l.3, « les » »l.7, « toutes»l.9, « monde3, « tous»l.17 ; « tout le monde»l.18, « plusieurs»l.23, « tant»l.24) et la multiplication de pluriels tout au longde l’extrait (« grands»l.1, « emplois»l.2, « fils»l.3, « princes»l.7, « bonnes»l.9, « exercices»l.17, « celles»l.21, etc..).
Ainsi se traduit l’abondance luxueuse rythmantla vie de la société brillante du 16ème siècle.Enfin, la magnificence de cette cour se retrouve dans les hommes la composant.
L’auteur nous dessine ainsi un portrait physique et moral tout a fait flatteurs de ceshommes aux multiples qualités.
Le duc de Nevers, le vidame de Chartres, le prince de Clèves et le duc de Nemours sont donc ici présentés comme des hommesdistingués et magnifiques.
L’analyse de l’incipit a ainsi fait ressortir un lexique particulièrement mélioratif, usant de mots tels que « glorieuse»l.1, « grands»l.1, «délices»l.3, « parfaitement»l.3, « gloire»l.4, « vaillant » « hardi»l.9, « vives » « éclatantes»l.10, « valeur » »l.15, « douceur»l.24, etc..
cette cour d’une beautéexquise et d’un savoir vivre hors pair est ici détaillée avec un réel souci par madame de Lafayette, elle nous plonge dans ce superbe par un champ lexical très présentde la beauté et de la grandeur, comme « brave » « magnifique»l.5, « distingué » « guerre»l.8, « beau » « vaillant » « hardi»l.9, « digne»l., « valeur »l.14, «adresse»l.17.
Le vidame de Chartres bénéficie également d’une gradation de ses qualités l.9 « Il était beau, de bonne mine, vaillant, hardi, libéral ».La cour du monarque Henri II est présentée dans cet incipit sous son meilleur jour ; en effet, ses personnages y sont nobles et cultivés mais aussi riches et vivant dansl’abondance.
Ils sont également, pour compléter un beau portrait, magnifiques et élégants.
Si cette société particulièrement brillante est représentée dans sa plusgrande magnificence, madame de Lafayette nous brode aussi le portrait d’un homme particulier, le duc de Nemours.
Nous allons voir ce portrait élogieux etpourquoi, par certains aspects, il semble se démarquer des autres.Ainsi, ce duc de Nemours, personnage emblématique de la cour de Henri II, semble être doté de nombreuses qualités.
En effet, contrairement aux 3 précédentshommes décrits par madame de Lafayette, ce duc semble premièrement $être particulièrement heureux en amour.
Ceci contraste avec les autres hommes car bien que brillants et magnifiques, l’auteur n’a voulu mettre en évidence la vieamoureuse que de ce duc si particulier.
Ainsi cette impression nous est donnée par le champ lexical de l’amour qui ne se trouve qu’à la description du duc deNemours, avec des mots comme « plaisait»l.16, « attaché»l.21, « résisté»l.22, « passion»l.23, « galanterie»l.24, « maîtresses»l.26, et « aimait»l.27.
Une très bellemétaphore symbolisant l’éventuelle affection du Duc pour la reine dauphine vient également clore l’incipit à la ligne 30 « la beauté de cette princesse, sa douceur, lesoin qu’elle avait de plaire à tout le monde et l’estime particulière qu’elle témoignait à ce prince, avaient souvent donné lieu de croire qu’il levait les yeux jusqu’àelle.
»Madame de Lafayette semble également vouloir mettre en avant la supériorité de ce prince par rapports aux personnages énoncés auparavant.
Cet être superbe sedémarque dans la cour du monarque, il est doté de qualités inégalables et on peut difficilement le comparer, même à l’exquis vidame de Chartres.
On peut ainsi noterdès la première lecture que les 2/3 de ce court incipit sont consacrés à son éloge.
De plus, la structure même du texte est faite de façon à ce que les personnages de lacour sont énoncés les uns après les autres, dans un ordre croissant de qualités.
Cette structure montre que le Duc de Nemours est en quelques sortes le « pointculminant » des personnages magnifiques de cette brillante société.
Il est placé en avant par l’auteur.
Ainsi, le premier personnage énoncé, le duc de Nevers, estaffublé d’une petite nuance négative ligne 2 « quoique dans un âge un peu avancé », le personnage suivant, son fils, n’est décrit qu’avec des qualités « digne desoutenir la gloire de son nom » l.4 « brave et magnifique » l.5.
Le vidame de Chartres, quand à lui, est décrit élogieusement, et son éloge va jusqu’à affirmer qu’ilpourrait presque être comparable au duc de Nemours « enfin il était le seul digne d’être comparé au duc de Nemours, si quelqu’un lui eût pu être comparable.
» l.10-11.
Enfin, le duc se détache des autres de par son appellation : en effet, l’auteur appelle « Le Duc de Nevers » l.1 ; et « le vidame de Chartres » l.6 mais le duc estquant à lui appelé « ce prince » l.11, ce qui a une connotation beaucoup plus respectueuse et marquée d’admiration.Enfin, ce duc bénéficie d’un véritable éloge.
Madame de Lafayette nous le présente comme un homme parfait.
Il semble bénéficier de l’admiration de tout sonentourage grâce à ses nombreuses qualités.
Son style et sa grâce font des envieux et l’auteur use de nombreux procédés afin de montrer l’admiration qu’il suscite.Ainsi on peut noter une multiplication de il l.16, 22, 23, 24, 25, 26,27, et 30.
Ceci montre le souci de dresser un parfait éloge du prince, en multipliant ses qualités etbeaux actes.
A la ligne 16 commence également une énumération de choses positives, le présentant comme un homme parfait.
(« Il avait un enjouement qui plaisaitégalement aux hommes et aux femmes, une adresse extraordinaire dans tous ses exercices, [...] dans tous les lieux où il paraissait.
» l.
16 à 20).
On distingueégalement une hyperbole à la ligne 13, qui encense l’aspect physique admirable du prince « l’homme du monde le mieux fait et le plus beau ».
Le rythme ternaire «un agrément dans son esprit, dans son visage et dans ses actions » souligne aussi la perfection du duc, chez qui tout semble être magnifique.
Chef d’œuvre de l’époque classique, La Princesse de Clèves débute par un incipit court mais riche, qui semble poser déjà le cadre de l’œuvre : La société de la coursous Henri II y est décrit classiquement avec brio comme des gens superbes, distingués en tout et riche économiquement et en culture.
Dans cette cour se trouvent denombreux personnages tout aussi nobles et instruits les uns que les autres.
Cependant, parmi cette brillance et cette grandeur, un homme semble se distinguer : LeDuc de Nemours.
Admiré, aimé et possédant à lui seul toutes les qualités qu’un homme peut espérer, ce prince si encensé par madame de Lafayette semblecaractériser l’idéal de l’homme de cour en 1558.
Si cet idéal semble se dresser aux dessus des autres, peut-on envisager dans la suite du roman un idéal cette fois.
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