La première rencontre entre Hugo et Hoederer : Troisième tableau ; Scène 4 ; p. 107-109 ; « Il y a beaucoup trop » … « c’est un ordre » (Les mains sales de SARTRE)

« vouvoiement et le tutoiement).

Il y a une supériorité hiérarchique Hoederer (« tu dois »). II.

B.

Dès que les photos sont découvertes, on remarque un adoucissement dans la discussion.

Hoederer resteironique avec Hugo, il le dénigre « quel petit monsieur » ; « c'est pas tous les jours drôle d'être un gosse de riche».Hugo reste très proche de l'enfant qu'il était sur les photos (« tu n'as pas changé ») sous-entendu : tu es encoreun enfant.

Hoederer est lui calme, comme un homme qui se dispute avec un enfant « Chut » « il le repousse ». II.

C.

A la fin de la scène, on remarque un début de sympathie entre les deux personnages.

Hoederer rend lesphotos à Hugo, il devient poli, il témoigne de marque de politesse.

Hoederer appelle Hugo par son prénom commepour lui signifier qu'il existe en tant que personne.

Hoederer a un désir de protection envers Hugo, il lui donne unconseil « cache les bien » et le conseille pour que les hommes ne violent pas sa femme (« fermes la porte et lesvolets »).Dans cette scène de défi, les relations entre l'homme mûr et le jeune évoluent : de la suspicion initiale, on passe àun début de confiance, qui ne cessera de s'installer tout au long de la pièce.

Mais plus que dans la relation entre lesdeux héros, l'intérêt de cette scène réside dans la découverte des photos, qui permet de comprendre plus enprofondeur le personnage d'Hugo. III.

C.

Hugo est un intellectuel qui réfléchit trop, qui se noie dans ses réflexions « il y a beaucoup trop de penséesdans sa tête » (beaucoup trop exprime l'outrance).

Il est dans un dilemme : tuer ou ne pas tuer Hoederer ? Hugo a-t-il la force de tuer quelqu'un ? La forme interrogative, toutes les questions traduisent le doute du personnage. III.

B.

Hugo ne veut plus réfléchir mais agir : « J'ai besoin d'obéir ».

Il veut se comporter comme un homme pourqu'on le respecte, qu'on le prenne au sérieux.

Mais il est incapable d'agir.

C'est un intellectuel, pas un criminel.Symboliquement dans cette scène, Hoederer agit et Hugo subit.

Hugo n'est même pas maître de l'objet qui symbolisel'action : le pistolet. III.

C.

Paul Ricœur a théorisé la notion d'identité.

Un homme est caractérisé par son idem (ce qui fait que nousressemblons tous aux autres) et son ipsé (ce qui nous distingue des autres).

Hugo est un personnage qui n'arrivepas à concilier son idem et son ipsé, qui n'arrive pas encore à assumer don identité.

Au fond de lui, et c'est ce querévèle les photos, c'est un enfant, un bourgeois et un intellectuel mais ce qu'il veut devenir, c'est un homme, unprolétaire et un homme d'action.

Son malheur vient du fait qu'il ne peut concilier les deux.

Il n'y a qu'à la fin, lors duchoix finale, qu'il sera en accord avec lui-même.

Mais cet accord signifiera aussi sa mort. Conclusion : D'un point de vue dramatique, cette scène est une scène très tendue qui joue avec les nerfs duspectateur comme avec ceux d'Hugo.

D'un point de vue narratif, ce passage est extrêmement important car ilconditionne et laisse envisager l'évolution des relations entre Hugo et celui qui deviendra en quelque sorte son pèrespirituel : Hoederer.

Enfin, d'un point psychologique, cet extrait permet au spectateur de rentrer un peu plus dans lavie d'Hugo, et de mieux comprendre ses actes.Ce qu'il sera intéressant de souligner, c'est la différence entre cet Hugo immature, symbolisé par la photo de l'enfantaux jambes maigres et le Hugo de la fin de la pièce, enfin adulte et décidé.. »