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La portée politique de la pièce (le mariage de figaro de Beaumarchais)

Publié le 30/06/2015

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mariage

4 L'utilisation des langages : dans cette comédie, Le discours les valets et les maîtres disposent d'une langue identique. Dans une comédie comme Le Jeu de l'amour et du hasard, par exemple, la stratifica¬tion maîtres-serviteurs se lit à travers la stratifi¬cation de leurs discours ; parvient à se construire une opposition entre l'expression spontanée du désir dévolue aux domestiques, et les ajourne¬ments auxquels se livrent les maîtres dans leurs propos, ajournements qui tendent à imposer le caractère plus raffiné, vrai ou illusoire, de leurs relations amoureuses. Dans Le Mariage de Figaro les joutes oratoires mettent Figaro et le comte sur le même pied d'égalité; et se construit même, dans le dernier acte, l'évidence du caractère inter¬changeable de Suzanne et de la comtesse qui peut se comprendre comme dénonciation du caractère dépassé des hiérarchies sociales.

·    dénonciation plus générale des prérogatives conférées par l'appartenance à l'aristocratie : « Souviens-toi qu'un homme sage ne se fait point d'affaire avec les grands... Qu'ils ont quinze et bisque sur nous par leur état « (ACTE V ; scène 2) ;

·    dénonciation des privilèges insupportables de l'aristocratie dans le monologue de Figaro : « Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! Qu'avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus... « (ACTE v, scène 2).

4 Mais on y retrouve aussi des attaques contre la société du xvme siècle en général.

·    Dénonciation du fonctionnement de la justice : Brid-Oison : « Est-ce que j'ai acheté ma charge pour autre chose ? « Marceline : « C'est un grand abus que de les vendre « (ACTE III, scène 12) ;

·    dénonciation de la condition féodale faite aux femmes : « Hommes plus qu'ingrats, qui flétris­sez par le mépris les jouets de vos passions, vos victimes ! c'est vous qu'il faut punir des erreurs de notre jeunesse ; vous et vos magistrats, si vains du droit de nous juger, et qui nous lais­sent enlever, par leur coupable négligence, tout honnête moyen de subsister « (ACTE Hl, scène 16).

Ces dénonciations portent sur le théâtre les griefs de la bourgeoisie, mais aussi du peuple, à l'encontre de la classe dominante.

n Un théâtre subversif

 

Au théâtre, la manière dont sont exploitées les structures théâtrales produit du sens et ces effets de sens s'ajoutent à la réalité plus explicitement signifiante du texte. Dans Le Mariage de Figaro, il y a un décor, des indications de mise en scène, un recours aux parties chantées et dansées qui construisent plus qu'un spectacle et renforcent la dimension politique de la pièce.

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« rien de plus, de ne plus entendre le nom de Figaro dans le titre, mais de comprendre plutôt Le Comte ou J'Amour puni.

Cependant, ce pro­ pos d'auteur, acculé par la censure à minimiser ses ambitions et ses audaces de penseur, de dra­ maturge, et peut-être de philosophe, nous inter­ dit de conclure aussi simplement que le résumé : «Voilà tout, rien de plus, la pièce est sous vos yeux.,, Beaumarchais l'a précisé lui-même:« Qui dit auteur, dit oseur »et Le Mariage de Figaro en commençant par la plus badine des intrigues prend vite les couleurs de la plus explosive des comédies.

• Les dénonciations explicites de la pièce ~ Beaumarchais est certes respectueux de la monarchie et de l'ordre établi, comme l'indique clairement sa préface.

Pourtant, aux contempo­ rains de la Révolution, elle parut explosive.

Ainsi Danton s'écrie : « Figaro a tué la noblesse» et Napoléon ajoute : « ...

Le Mariage de Figaro c'est déjà la révolution en action ».

Mais Beaumarchais n'a voulu, ni cru être un précurseur de la Révo­ lution.

Les lectures politiques de son théâtre sont nées de ce que la Révolution a propulsé sur le théâtre de l'histoire le peuple et les critiques que Figaro, porte-parole de la bourgeoisie, adresse en 1784 à l'aristocratie.

~ On peut poser le problème d'une manière plus précise, en distinguant à l'intérieur du texte : les intentions satiriques claires de Beaumarchais ; les effets de sens produits par le texte en tant que production autonome et, bien évidemment, sus­ ceptibles de dépasser les intentions proprement dites de l'auteur.

~ Dans sa préface, Beaumarchais exprime clai­ rement ses intentions satiriques : « ...

l'auteur a profité d'une composition légère, ou plutôt a formé son plan de façon a y faire entrer la criti• que d'une foule d'abus qui désolent la société l>.

Effectivement, on entend dans la pièce des atta­ ques virulentes contre l'aristocratie : • dénonciation ouverte du droit de cuissage : « Me feriez-vous un crime de refuser une vieille fille, quand votre Excellence se permet de nous souffler toutes les jeunes ? » (ACTE !II, scène 6) ; La portée révolutionnaire La remise en cause de l'ordre social ""' .....

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