« La Poésie, qu'est-ce que cela prouve ? » (d'Alembert). Essayez de déterminer le sens, le portée, la valeur de cette question.
Publié le 17/02/2012
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D’après une autre version, d’Alembert aurait dit, en sortant d’une représentation : « Athalie, qu’est-ce que cela prouve? « Cette divergence éveille aussitôt nos doutes. L’anecdote est-elle authentique ? Contentons-nous de nous le demander, n’ayant aucun moyen de contrôle. Mais peut-être le même propos, rapporté de façon différente, est-il exact en son fond ? Il est du moins aise d’opérer un rapprochement entre les deux variantes : si le chef-d’oeuvre de Racine ne représente pas le summum de la poésie, ni ce que l’on a nommé la «poésie pure«, il reste l’une des plus splendides créations du génie poétique....

«
que d'Alembert ait profere ces paroles, et meme sous les deux formes
mentionnees plus haut.
Geornetre, beaucoup plus qu'ecrivain, en &pit de ses pretentions; epris
de science positive et utilitaire, il a souvent manqué de cet esprit de
finesse, sans lequel on ne saurait apprecier la poesie a sa juste valeur.
Son « goat » a quelque chose de raide et de mathematique, d'etroit et de
conventionnel.
Il place au premier rang des maitres de la poesie Voltaire;
it accorde le second au Tasse - avant Homere et Virgile, ennuyeux meme
pour leurs admirateurs; - puis vient, aussitot apres l'Italien, Despreaux,
qui d'Alembert demande pardon de le releguer si loin.
Ce palmares en
dit assez long sur l'ideal poetique du c Chancelier du Parnasse ».
Philosophe, ou croyant l'etre, entend bien que la raison ait sa place
dans la poesie.
Plaire seulement a l'oreille - et il insiste beaucoup sur
ce t cote - a l'imagination,.
a la sensibilite lui semble insuffisant.
« C'est
avec verite, ecrit-il, que le philosophe examine et juge les ouvrages de
poesie; pour lui le premier merite et le plus indispensable dans tout eon--
vain est celui des pensees...
La vraie poesie...
dedaigne non seulement les
idees populaires et basses, mais meme les idees riantes et agreables, si
elles sont triviales et rebattues...
» Il se demande pourquoi les gens de gout enthousiastes de la Poesie en leur jeunesse, s'en degoillent en vieillissant.
Et il en donne cette raison : trop peu de poetes savent exprimer « avec
noblesse des verites utiles ».
Le pate qui n'est que peintre traite ses lec-
teurs comme des enfants...
le poete philosophe traite les siens comme des
hommes »...
Philosophe ) au sens particulier oil on l'entend au xvine siecle, it pou-
vait, tout en admirant Racine, « poete du cceur », qui joignit a une ele- gance et a une verite continue, quelques traits de sublime », ne pas
eprouver a l'egard d'Athalie, piece theocratique, une particuliere sym-
pathie.
Et s'il conseillait aux Genevois d'etablir chez eux un theatre, pour
affiner leurs moeurs, ce n'etait pas, on peut le supposer, dans le dessein de
leur faire applaudir exciusivement Polyeucte, Esther et Athalie, ni mettle
Fattendrissante Zaire.
Tartuffe et Mahomet eussent figure certainement au
programme : voila des pieces, au moins, qui prouvent!...
Si Athalie n'est pas en jeu, la boutade de d'Alembert se peut en partie
expliquer par le prosaisme du siècle -le moins poetique, affirment les
historiens, qui fut en France.
Il se plaint lui-meme de cette platitude, de cette mediocrite, de la tendance generale a rimer de la prose.
« Le peuple
des versificateurs voit avec chagrin le progres sensible du discredit oil il tombe; pour soulager l'humeur qu'il en a, il s'en prend...
au facheux esprit
philosophique.
»...
« La plupart des genres de Poesie semblent successive-
ment passer de mode.
2, Et il nomme le sonnet, l'elegie, l'eglogue, l'ode, la
satire, les « petits vers ».
Si d'Alembert entendait ne viser que la poesie
de son temps, nous partageons son avis : elle ne prouve rien, elle est par-
f aitexnent insignifiante...
D'autres .que d'Alembert ont, pour diverses raisons, professe a l'egard
de la Poem un meme dedain.
Le plus ancien de tous semble etre Platon.
Apres avoir declare les ,poetes chose sacree et ailee, il les chasse de sa
« Republique », couronnes de lauriers.
Malherbe estime qu'un bon poete
n'est pas plus utile a 1'Etat qu'un bon joueur de quilles.
Sans doute,
cultive la poesie avec une sorte d'acharnement : it sculpte, it cisele, it
polit et repolit...
mais it juge de la bonte de ses vers a l'argent qui lui en
revient.
Pascal, geometre, physicien et philosophe, ecrit : « Les gens uni-
versels ne mettent guere de difference entre le métier de poete et celui de
brodeur.
» Et encore : e On sait quel est l'objet de la geometrie, et qu'il
consiste en preuves...
on ne sait en quoi consiste l'agrement, qui est l'objet
de in poesie.
» Montesquieu, le juriste et le sociologue, fait echo a Newton,
le savant complet : celui-ci n'a vu dans la poesie qu' « une niaiserie inge-
nieuse ), celui-la qu'une « harmonieuse extravagance » et l'art de « mettre
des entraves au bon sens ».
Tous ces jugements paraissent s'appuyer sur un principe errone, a savoir,
comme l'insinue Pascal, que la Poem .ne possede qu'une beaute formelle,
consistant dans « l'artifice des mots » et reposant sur de fragiles conven- G \b &\b\b &\b , 0 \b
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