La Poésie en France au XVI (16)e siècle
Publié le 01/09/2011
Extrait du document
Le cercle de poètes le plus illustre au XVIe siècle a pour nom la Pléiade. Il rassemble, vers 1550 à Paris, autour de Dorat, quelques jeunes poètes, élèves de ce professeur érudit qui les initie à la beauté des chefs-d'oeuvre grecs et latins. Pierre Ronsard est chef de fil e. Derrière lui, Baïf, Belleau, Jodelle, Pontus de Tyard.
«
i Le Bain de Diane , tableau A de François Clouet (1520-1572).
Diane est une déesse antique mais c'est aussi le prénom de la maîtresse du roi de France Henri Il (1547-1559) , la belle Diane de Poitiers : l'imitation de l'Antiquité se confond avec l'hommage du peintre courtisan .
ver le to n just e po ur exprim er sa stup eur amu sée
et contenir sa révo lte:
«Trois grands p endards vin rent à l'étourdi e
En ce Palais m e dire en désarroi:
"Nous vous fa isons prisonni er par le roi."
I
ncontinent , qui fut b ie n éto nné?
Ce fut Maro t , plus que s' il eût tonné ."
Les femmes
La cour du ro i n'e st pas le seul li e u où les lettrés
exe rcent leurs t a le nts .
Entr e 1530 et 1550, la ville
de Lyon acc u e ill e l es influ en ces de l'Itali e et abri
te un cercle sava nt autour du poèt e Maurice
Scève (150 1-v.1560).
L'amour est le sujet d e prédi
lectio n.
Ave c pour mod èle l'œ uvre de l'It alie n Pétrarqu e (1304-1 374), on mu lti plie l es ra ffin e
m e nts d'expressio n pour exa lter l es sentiments
amo ur e ux.
Dan s son recueil Délie (1544 ) , M a uri
ce Scève peint avec virtu osit é le s mouv em e nts
variés que Dé lie, femme idéali sée à laqu e lle l es
poèmes son t adressés , fait naître dans son âm e.
Dans ce cercle lyonnai s, des femm es, d 'o rigi
ne bourgeoise , occ upent une place imp o rtante.
Aux textes de Ma urice Scève ré pondent ceux de
sa jeune él ève et maîtress e, Pernette du Guill et
(1520-1545 ).
M ais la p lus célè br e des femm es
poè tes est L o ui e Lab é (1524 -1566).
B elle , c ulti
vée, mu sic ie nne, maîtrisant l'ita lie n au ssi bien qu e le fran çais , elle est l'aut eur d' un e œ uvre
ré duit e mai s frappante .
Fid èle à ses modè les,
P étrarqu e ou Scève, elle s 'ex prim e avec une int e l
ligence mo ins ab s traite.
À des thè m es qui risque
ra ie nt d e to urn e r au j eu de l' esp rit, elle apporte
un e sens ualit é qui fait du langage poé tiqu e
comm e le prolongement natur el d e ce qu e la
f e
mm e a mour euse a pu éprou ver dans sa ch air:
«le vis, je m e urs: je m e brû le e t me no i e,
J'a i c h a ud extrêm e e n e ndur ant froidur e:
La vie m 'est e t trop m o lle e t trop dur e:
J'a i g rand s ennuis entrem êl és de joie ."
La Pléiade
Le cercle de poètes le plus illu s tre a u XVI'" siècle a
pour
nom la Pléiade .
Il rassemb le, vers 1550 à
P aris, a utour de Dorat , quelqu es jeunes poètes,
é lèves de ce prof esse ur érudit qui les initi e à la
beaut é des ch efs -d'œu vre gr ecs et l atins.
Pierre
Ron sard est ch ef de fil e.
Derrière lui , Baïf , Bel
leau, Jo d ell e, Pontus d e T yard.
Joac him du Bell ay est le ur théoric ie n: en 1 549 , il pub lie la Défe n se et
illu strati on d e la lang ue fran çaise.
L 'ouv rage fixe
les ambition s du groupe.
Il m a rqu e une ryptur e
par ce que , re je ta nt l'hérit age du Mo yen Age, il
r
eve ndiqu e un renou vellemen t en prof ondeur d e
la p
oés ie française.
Le but est d ' éga le r l es génies antiqu es, de parvenir à la p e rfection litt éra ire e n
""' 0
~ 0 ci
PETIT LEXIQUE
Pour mieux savourer les extraits cités (dont l'orth ograph e a été modernisée )
• À l'étourdie: sans réfléch ir.
o Chef: tête.
• En désarroi: en grand désordr e.
• Ennui: tourment ; ennuyer: tourment er (sens beaucoup plus fort au xv1' siècle qu'aujourd'hui) .
• Étonné: frappé de stupeur (sens beaucoup
plus fort au xv1 ' siècle qu' aujourd'hui) .
• Fondements: bases, fondations.
• Fortune : le hasard (ic i personnifié par une
majuscule).
o Honnête : digne d'un homme civilisé.
o Incontinent: aussitôt.
• Las: hélas.
• Muses: divinités grecques , symbole de l'inspiration créatrice.
o Plonge: plongeon.
o Soulait: avait l'habitude de ...
• Tapis : étendue plate.
fran çais comm e e ux y sont parve nus dans leurs lang ues a n cie nnes.
Il faut d o nc se no urrir à leur
lectur e, emprunt er et imit er le urs genres , leurs
thèm es et l eurs procé d és.
Po ur les Grecs , le s
m od èl
es sont H om ère , Pind a re , les auteurs d e tra
gédies, Plat o n (co nnu à trave rs la Ren aissanc e
it a lie nne).
Pour les Latins , les modè les son t Hora
ce, Virgi le, Catull e ...
Ces ambiti ons s ' ins crivent dans un la rg e mou
vem e nt de r eva lorisa tion de la l ang ue frança ise.
Jusqu'a u xvr s iècle, le ttr és et sava nts pratiqu a ient
surt o ut le la tin et le grec.
Déso rma is , on veut que
l e
frança is, lang ue ré put ée pauvre et vulgair e, s'e nri c hiss e, se perfectionne dans son vocabu
la ir e, ses tournures, pour mieu x affirmer son
exce lle n ce et son efficac ité.
Ainsi , par l'ordon
nan ce d e Vill ers-Co tterê ts (aoû t 1539 ), il est déci
dé que les actes de justi ce seront "pronon cés,
e nr egistrés e t déli vrés en langage ma tern el fran
çais e t n o n autrem e nt"···
Ronsard, ((prince des poète s ))
Issu d' une f am ille noble , Pierre Ronsa rd ( 1524-
1585) se destin e à une car riè re m ili taire ou diplo
matique quand la ma ladie le frappe à dix-huit
a ns, le l
aissa nt presque sourd .
Il se consacr e aux
étud es et à la poésie .
Sa vie de cr éa teur e st longu e; son œ uvre , abo ndante, diverse , toujours
très érudit e - ce qui , po ur no us, la re nd un p eu
dist ante.
Ronsard d ébut e par des pièces brève s et
l
égè res: les Od es ( 1552- 1555) , les Amo urs de Cas
sandr e (1552) et l es Amours de Marie (1555 ) so nt d e sava ntes imit a tions de modèles grecs, latins ou
it a lie
ns.
Il y ch a nte l'amour et l es femm es, affi c h e
un espr it épic uri en soucieux de jouir du mom ent
qui pass e, exp rim e son attachement à la natur e e t
à la beau té.
Il o bti e nt la g lo ire avec les Hymn es
(1555- 1556) pui s les Dis cours (1560. 1563 ), qui fo r-
......
Nymphe sur un coquillage et génie chevauchant un griffon .
Relief en pierr e de la Fontaine des Innocents , à Paris , sculpté par Jean Goujon .
Les hommes de la Renaissance prennent pour modèle l 'Antiquité : dieux , déesses , nymphes , créatures de la mythologie grecque (ou latin e) entrent massivement dans les textes poétiques ainsi que dans les œuvres peinte s ci ou sculptées ..
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