La poésie avant la guerre de 1914 (Littérature)
Publié le 22/02/2012
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On note une certaine permanence de l'inspiration symboliste : Albert Samain, Henri de Régnier, Émile Verhaeren publient encore et l'on peut rattacher à ce courant les œuvres de Mme de Noailles et de Paul Fort (1872-1960). De son côté Francis Jammes (1868-1938), sur un mode plus familier, écrit des poésies d'inspiration rustique et chrétienne. L'Unanimisme. Les recherches de Jules Romains (1885-1972). Jules Romains doit sa notoriété au théâtre et surtout au roman. Fondateur de l'Unanimisme, il a voulu instituer un lyrisme des émotions collectives. Animateur d'un noyau de jeunes écrivains réunis à Y Abbaye vers 1904, il eut l'idée d'abandonner le sentiment du Moi (« je me suis tout vidé de vie intérieure «) pour exalter une poésie de l'âme collective et de la vie des foules : « Nous, pauvres hommes, nous apprendrons aux groupes à devenir des dieux. « Il voulait élever en dehors et au-dessus des individus une sorte de conscience supérieure qui aurait eu ses mythes, ses espérances et ses réflexes et dans laquelle se seraient fondues toutes les âmes particulières. L'ambition de Romains ne manquait pas d'envergure et d'audace : Le rêve de la Ville est plus beau que le mien.
«
suivrons-nous d'ahan Ton cours vers d'autres nébuleuses.
Le lyrisme de Claudel, s'élevant dans le drame à des proportions inouïes, s'efforce d'englober dans une synthèsepoétique et religieuse les forces de l'univers.
Paul Claudel (1868-1955), ambassadeur de France et poète catholique, a entrepris le plus ambitieux effort degénéralisation poétique qui ait été tenté de nos jours.
Fortement influencé par Rimbaud, un « mystique à l'étatsauvage », qui lui a appris à réunir sous une vision unique les objets les plus incompatibles, il veut entraîner dansl'élan d'un hymne à la Divinité, non seulement les hommes de tous les temps et de toutes les races, mais encore lesforces de la nature : les éléments, les arbres, l'eau, le vent, les astres.
Hardiment, il se mêle au chœur despuissances surnaturelles, des saints et des anges.
Il annexe à son inspiration l'univers et le Ciel.
Aucun obstacle ne résiste à la violence poétique de Claudel ; tous les matériaux lui sont bons, les plus vulgairescomme les plus élevés ; tous les rapprochements sont possibles et toutes les métaphores valables, même au prixd'un artifice verbal (connaissance : co-naissance).
une poésie « sans rime ni mètre ».
Ce lyrisme qui déconcerte souvent par ses inégalités et sa familiarité produitcependant dans les Odes un effet de grandeur, de pression envahissante, une sorte de majesté processionnelle ouimpétueuse.
Dans le Cantique du Rhône, nous nous représentons, au cœur de l'Europe « exfoliée » qui semble « selever et s'ouvrir comme une rose immense », les massifs de montagnes et de glaciers environnant le fleuve à sanaissance :
...
Vingt cimes recueillant les souffles des quatre coins du monde,
Vingt visages recueillant la bénédiction des Cieux illimités et la déversant de tous côtés vers la terre en un flottorrentiel et solide,
En un pan de verre, en une seule masse d'or, en une cataracte immatérielle, en une chute aussi fixe que l'Extase!
Comme on le voit, Claudel a renoncé au vers alexandrin classique pour adopter un modèle plus libre de versetrythmique, intermédiaire entre le vers et la strophe, et à peu près équivalent à la durée du souffle respiratoire.Vous ne trouverez point de rimes dans mes vers ni aucun sortilège ; ce sont vos phrases mêmes.
Pas aucune de vosphrases, que je ne sache reprendre! Ces fleurs sont vos fleurs et vous dites que vous ne les reconnaissez pas.
Et ces pieds sont vos pieds, mais voici que je marche sur la mer et que je foule les eaux de la mer en triomphe!
C'est que Claudel, devenu catholique après une conversion pathétique qui eut pour cadre Notre-Dame de Paris lejour de Noël 1886, assigne à la poésie la tâche de représenter le monde « total », «l'immense octave de la création», une nature qui ne soit pas amputée du surnaturel et où, bannissant les médiocres servitudes de la métriquetraditionnelle, « la Muse qui est la Grâce » unit dans un même mouvement exaltant l'inspiration du poète etl'inspiration de Dieu.
un théâtre d'affrontements.
Mais une imagination aussi débordante ne pouvait se satisfaire dans le lyrisme ; elle aamené Claudel à viser dans le drame à des perspectives plus vastes que celles auxquelles avait jamais pensé VictorHugo dans la Préface de Cromwell, par des œuvres symboliques qu'on ne saurait guère comparer qu'au Second Faustde Goethe.
Non seulement les unités, la suite de l'action et les conditions de vraisemblance les plus élémentaires,requises dans une œuvre normale, n'arrêtent pas Claudel, mais la distance, les impossibilités historiques et, pourainsi dire, l'absurde, ne peuvent freiner son élan inventif.
Il admet et recherche les anachronismes, l'apparition desabsents et des morts, le mélange des genres (la bouffonnerie et le recueillement) ; le contraste des passions(l'égoïsme ou la haine en lutte avec la mysticité), le contraste des personnages : des empereurs, des pèlerins, desmendiants, « la vieille femme qui se nourrit d'un peu de lait et d'un petit morceau de gâteau — et le vieux auxoreilles pleines de poil blanc comme un cœur d'artichaut ».
Presque tous ses drames sont consacrés à l'illustration d'une loi théologique : il exalte la soumission à la Providence,l'humilité, l'abnégation, la souffrance.
Une force irrésistible englobe tous nos actes : de là, cette atmosphère defatalisme optimiste et surnaturel qui règne même sur Le Partage de Midi (1906), drame de la tentation charnelle,écho stylisé d'une aventure vécue quelques années plus tôt, sur L'Otage (1911) et Le Pain dur, synthèse du conflitdes castes et des âmes pendant et depuis la Révolution, auréolée par la silhouette généreuse de Sygne, tandis queTurlure incarne la vulgarité.
Dans L'Annonce faite à Marie (1912), sorte de mystère médiéval, La jeune fille Violaine,indignement calomniée, s'immole par pitié pour un lépreux et, par un miracle de charité, ressuscite l'enfant de sasœur ingrate, Mara la noire.
Plus compliquées encore sont les tragédies conçues dans un cadre espagnol : Christophe Colomb (représenté en1930), pour lequel il a fallu recourir à l'aide de tous les arts s'adressant à l'oreille et aux yeux et à une machineriesavante, de manière à étendre au même moment l'attention des spectateurs sur des plans variés du temps et del'espace.
Même complication et même somptuosité dans Le Soulier de Satin, pièce « en quatre journées » (écrite en1929, joué en 1942) où s'affrontent des caractères altiers, dont la tension héroïque dépasse celle des personnagescornéliens..
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