La nouvelle historique et galante - Histoire de la littérature
Publié le 25/01/2018
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mis en préface se présente comme une femme désireuse de rester dans l'anonymat parce qu'<< elle se défie toujours d'elle-mesme )), Si l'attribution est exacte, il faut conclure sans s'en étonner que chez un même écrivain la théorie peut être ingénieuse, judicieuse, logique, cohérente, et l'œuvre décevante et artificielle. Les Sentimens [ .. . ] de Du Plaisir reflétaient bien l'évolution du goût mais n'étaient pas d'un vrai créateur. A. Pizzorusso en cite un passage qui s'applique à La Duchesse d'Estramène 1: <
La nouvelle historique et galante
La plus grande partie des nombreux romans écrits dans les trente ou quarante dernières années du xv[e siècle appartiennent à la même catégorie que La Princesse de Clèves : ils sont courts; même quand leur intrigue est complexe, les divers éléments en sont toujours solidaires les uns des autres; leur action reste dans le domaine du possible, sinon du vraisemblable; le désir d'écrire l' <
On peut répartir tous ces romans en deux groupes selon que leur << classicisme >> est plus ou moins marqué; les auteurs ont certainement été sensibles aux différences qui séparaient ces deux groupes et qui résidaient dans la composition, dans le dénouement, dans la caractérisation des personnages, dans le style : mais le roman, genre non classé et même méprisé depuis l'échec de la tentative faite pour l'égaler au poème épique, offrait moins de prise que la tragédie ou que les genres poétiques aux débats qui opposaient classiques et modernes; Mme de Villedieu en écrivant Carmante (1668) et Les Désordres de l'amour (1675) faisait toujours du roman, bien qu'elle n'écrivît pas le même roman. Aussi la classification, évidente si on la fonde sur l'impression d'ensemble qui se dégage d'une œuvre, sur<< l'esprit>> qu'elle traduit, se brouille si l'on veut la justifier dans le détail.
Les romans du premier groupe sont plus dépouillés, plus pessimistes, leurs auteurs s'attachent à élucider tout ce qui se passe dans l'âme des personnages et à marquer les limites de leur lucidité, les pièges que la passion tend à leur conscience. Le Prince de Condé, roman historique (1675) par Boursault, Mademoiselle de Tournon ( 1 678), nouvelle qu'on a attribuée à tort à Mme de Villedieu 1, peuvent représenter cet aspect de la nouvelle historique et galante à l'époque de La Princesse de Clèves. Boursault n'a écrit que quelques romans 2, mais a voulu les varier selon les goûts de ses contemporains : Le Prince de Condé raconte la dégradation d'une passion généreuse, d'abord respectueuse de la gloire et de la vertu; les données de l'intrigue sont assez compliquées, la galanterie, la politique et les
méprisait : << votre vue m'est plus utile que votre absence >>. Si cette situation annonce en effet celle du prince et de la princesse de Clèves; la portée de l'aveu est beaucoup moindre : Mme de Villedieu ne peint pas un effort sublime de générosité à la hauteur duquel deux âmes ne peuvent pas se maintenir, mais un mouvement de bonne volonté entre deux ê\"tres que le sort n'avait pas faits l'un pour l'autre; Termes s'est marié sans amour, tort initial que n'efface pas la tendresse venue ensuite; la marquise aimait Bellegarde avant d'être promise à Termes et a fait tout ce qu'elle a pu pour oublier cet amour : elle n'est donc pas à blâmer, mais à plaindre et à admirer. Entre ces deux belles âmes, simples et confiantes l'une envers l'autre, l'accord devrait être plus facile qu'entre le prince de Clèves et la princesse et, si le divorce était impossible, l'amitié et l'estime réciproques devraient leur faire supporter la vie conjugale. Ces données excluaient l'invention géniale de Mme de Lafayette qui fera sortir le malheur de la tentative héroïque et placera la faute dans la générosité. Le mari meurt presque aussitôt à la bataille de Jarnac, mort bien plus arbitraire que celle du prince de Clèves et bien plus faite pour la commodité de l'auteur. Mais c'est ici que Mme de Villedieu devient grande romancière : l'amour entre Bellegarde et Mme de Termes va s'altérer et pourrir, et ces deux héros d'abord sympathiques et dont on souhaite le bonheur finissent par être abjects; malgré l'opposition de leurs familles et l'incertitude qui pèse sur la légitimité religieuse de leur union, ils consomment leur mariage. Catherine de Médicis, hostile à Bellegarde, obtient de Charles IX qu'il soit disgracié et exilé; / se réfugie à Turin auprès du duc de Savoie; sa femme pendant cette disgrâce lui fait tellement de reproches qu'il en vient à la haïr; rappelé en France et nommé maréchal grâce à de puissants appuis, mais sans retrouver la faveur du roi, il lie des négociations secrètes avec le duc de Savoie contre Catherine de Médicis; sa femme fait échouer le complot en le dénonçant à la reine-mère; la reine-mère menace de disgracier Bellegarde une seconde fois s'il ne se réconcilie pas avec sa femme; Bellegarde soudoie une vieille entremetteuse pour que sa femme s'engage dans une liaison galante avec Bussy d'Amboise et quand il apprend qu'elle résiste et qu'elle préférerait mourir plutôt que de ne pas se raccommoder avec lui, il pousse ce cri qu'eût envié Balzac : <

« querelles religieuses s'entremêlent; la paix entre catholiques et huguenots dépend du sentiment qui lie la maréchale de Saint-André au prince de Condé, mais la maréchale ne veut pas que le prince préfère l'amour à son ressentiment contre ses ennemis politiques et à son honneur :. »
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