LA NOUVELLE - Histoire de la littérature
Publié le 30/01/2018
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Mais certains écrivains s'aventurent sur d'autres voies et exploitent la brèche de la nouvelle-instant ouverte par Maupassant et aussi par des écrivains étrangers largement traduits et largement lus comme la Néo-Zélandaise Katherine Mansfield ( 1 888- 1 923 ), ou comme Je Russe Tchékhov ( 1 8601904). C'est le cas de Paul Morand (Fermé la nuit, 1 923), d'Alain RobbeGrillet (Instantanés, 1 969) et surtout de Marcel Arland ( 1899- 1 986) qui a théorisé et mis en pratique dans son œuvre cette notion d'instant qu'il privilégie au détriment de celle d'histoire. Selon lui, c'est «le triomphe de la nouvelle que de sembler n'être faite de rien - sinon d'un instant, d'un geste, d'une lueur qu'elle isole, dégage et révèle, qu'elle emplit de sens et de pathétique». Les nouvellistes affectionnent aussi la finale ouverte qui laisse l'histoire en suspens, contraignant ainsi le lecteur à poursuivre en lui la lecture.
Enfin, la nouvelle est illustrée également et avec plus de succès par des auteurs indifférents aux problèmes théoriques comme Jean-Paul Sartre (Le Mur, 1 939) et Albert Camus (L'Exil et le Royaume, 1 957). Ceux-ci ont trouvé dans le récit court une forme littéraire appropriée au message philosophique qu'ils voulaient transmettre.
Aujourd'hui, en France, la situation de la nouvelle reste paradoxale. On lit avec intérêt les traductions des nouvelles étrangères des Argentins Borgès et Cortazar, de l'Italien Moravia et de bien d'autres. En revanche, on boude les nouvelles françaises. Pourquoi ? Parce que le public est indifférent ? Parce que les éditeurs sont réticents ? Ne serait-ce pas plutôt parce que la nouvelle française n'est pas vraiment parvenue à se dégager du trop lourd héritage du x:xe siècle ?

«
existant.
L'auteur ne le construit pas devant lui, il ne lui livre que les élé
ments strictement nécessaires à la compréhension de l'hist oire ; les descrip
tions (portraits et paysages) sont des croquis réduits à l'essentiel ; l' auteur ne
développe que le moment décisif de l'action, celui qui sera le temps fort de la
nouvelle, et souvent celui sur lequel elle s'achève.
- Une conclusion sur une'ou deux phrases dont l'effe t est intense.
Selon
Ba udela ire, c'est même à partir de cet «effet à produire» que l'auteur doit
concevoir son sujet, inventer les incidents, combiner les événements.
«Toutes
ses idées, comme des f èches obéissantes, volent au même but.»
On en arrive maintenant à des critères qui tantôt rapprochent tantôt dis
tinguent la nouvelle du conte :
- la nouvelle est le plus souvent un récit conté.
C'est ce qui explique qu'elle
ait été souvent confondue avec le conte dont elle reprend le style oral.
Ou
bien c'est un récit à la première personne, le narrateur racontant une situation
qu' il a vécue ou dont il a été témoin, ou bien c'est un récit à la troisième per
sonne dans lequel l'auteur manifeste sans cesse sa présence au lecteur pour
commenter une action, pour justif er une description ou une ellipse;
- la nouvelle est le plus souvent un récit vrai, c'est ce qui la distingue du
cont e cha rgé d'élém ents merveilleux, fantast iques, allégoriques ou
philosophiques.
2.
HISTO IRE DE LA NOUVE LLE
xv e-xvl e SIÈCLE : LA NAISSANCE D'UN GENRE
La nouvelle, en tant que genre littéraire, a été véritablement reconnue en
14 62, lors de la parution d'un ouvrage anonyme, Cent Nouvelles nouvelles :
il s'a git d'un ensemble de récits en prose, courts et divertissants relatant des
faits inédits, comme le souligne, dans le titre, la répétition du terme «nou
velle».
La nouvelle s'oppose ici à 1' hist oire qui, en ancien français
( «estoire» ), suggérait l'idée de longueur et de faits anciens.
Les auteurs des
Cent Nouvelles nouvelles se sont inspirés du célèbre recueil de «novelle» ita
liennes, le Décaméron (entre 1350 et 1355) de Boccace, ils se sont inspirés
aussi de la tradition médiévale française du fabliau (court récit burlesque en
vers).
Leurs sujets portent sur les mésaventures de maris balourds et trompés
par des femmes rusées, ou encore, par exemple, sur les aventures de moines
pailla rds abusant de la naïveté de jeunes f lles innocentes.
Ils adoptent volon
tiers un langage truculent..
»
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