L.A. n°1 : Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, « Les droits de la femme ; Préambule & les 7 premiers articles», Olympe de Gouges, 1791
Publié le 10/05/2023
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SQ3 1L1 Argumentation : Voix féminines et citoyennes de la Révolution à
aujourd’hui, ou la « force du Olympe de Gouges
L.A.
n°1 : Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, « Les droits de la
femme ; Préambule & les 7 premiers articles», Olympe de Gouges, 1791
DECLARATION DES DROITS DE LA FEMME ET DE LA CITOYENNE
Les droits de la femme
Homme, es-tu capable d'être juste ? C'est une femme qui t'en fait la question ; tu ne
lui ôteras pas moins ce droit.
Dis-moi ? Qui t'a donné le souverain empire d'opprimer
mon sexe ? Ta force ? Tes talents ? Observe le créateur dans sa sagesse ; parcours la
nature dans sa grandeur, dont tu sembles vouloir te rapprocher, et donne-moi, si tu
l'oses, l'exemple de cet empire tyrannique1.
Remonte aux animaux, consulte les
éléments,
5 étudie les végétaux, jette enfin un coup d'œil sur toutes les modifications de la matière
organisée ; et rends- toi à l'évidence quand je t'en offre les moyens.
Cherche, fouille
et distingue, si tu le peux, les sexes dans l'administration de la nature.
Partout, tu les
trouveras confondus, partout ils coopèrent avec un ensemble harmonieux à ce chef
d'œuvre immortel.
L'homme seul s'est fagoté un principe de cette exception.
Bizarre, aveugle,
boursouflé de sciences et
10 dégénéré, dans ce siècle de lumières et de sagacité, dans l'ignorance la plus crasse, il
veut commander en despote sur un sexe qui a reçu toutes les facultés intellectuelles ;
il prétend jouir de la Révolution, et réclamer ses droits à l'égalité, pour ne rien dire de
plus.
DECLARATION DES DROITS DE LA FEMME ET DE
LA CITOYENNE
A décréter par l'Assemblée nationale dans ses dernières séances ou dans celles de la
prochaine législature
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20
25
PREAMBULE
Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la Nation, demandent d'être
constituées en Assemblée nationale ; considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris
des droits de la femme, sont les seules causes des malheurs publics et de la
corruption des gouvernements, ont résolu d'exposer, dans une déclaration solennelle,
les droits naturels, inaliénables et sacrés de la femme, afin que cette déclaration,
constamment
présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et
leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes, et ceux du pouvoir des
hommes pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution
politique, en soient plus respectés, afin que les réclamations des Citoyennes, fondées
désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien
de la Constitution, des bonnes mœurs, et au bonheur de tous.
En conséquence le
sexe supérieur en beauté,
comme en courage dans les souffrances maternelles, reconnaît et déclare, en
présence et sous les auspices de l'Etre suprême, les Droits suivants de la Femme et
de la Citoyenne :
ARTICLE PREMIER
30
La Femme naît libre et demeure égale à l'homme en droits.
Les distinctions sociales ne
peuvent être fondées
que sur l'utilité commune.
II
Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et
imprescriptibles de la Femme et de l'Homme : ces droits sont la liberté, la propriété,
la sûreté et surtout la résistance à l'oppression.
III
35
Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation, qui n'est
que la réunion de la Femme et de l'Homme : nul corps, nul individu, ne peut exercer
d'autorité, qui n'en émane expressément.
IV
40
La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui ; ainsi
l'exercice des droits naturels de la femme n'a de bornes que la tyrannie perpétuelle
que l'homme lui oppose ; ces bornes doivent être
réformées par les lois de la nature et de la raison.
V
Les lois de la nature et de la raison défendent toutes actions nuisibles à la société :
tout ce qui n'est pas défendu par ces lois, sages et divines, ne peut être empêché, et
nul ne peut être contraint à faire ce qu'elles n'ordonnent pas.
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VI
50
La Loi doit être l'expression de la volonté générale ; toutes les Citoyennes et Citoyens
doivent concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation ; elle
doit être la même pour tous : toutes les Citoyennes et tous les Citoyens, étant égaux
à ses yeux, doivent être également admissibles à toutes dignités, places et emplois
publics, selon leurs capacités, et sans autres distinctions que celles de leurs vertus et
de
leurs talents.
VII
Nulle femme n'est exceptée ; elle est accusée, arrêtée et détenue dans les cas
déterminés par la Loi.
Les femmes obéissent comme les hommes à cette Loi
rigoureuse.
1.
Rédigée en septembre 1791, publiée dans Les Droits de la femme, adressée à la reine, s.n., p.
5-17.
* De Paris au Pérou, du Japon jusqu’à Rome, Le plus sot animal, à mon avis, c’est
l’homme.
[Boileau, Satire VIII, note de l’autrice]
SQ3 1L1 Argumentation : Voix féminines et citoyennes de la Révolution à
aujourd’hui, ou la « force du Olympe de Gouges
L.A.
n°2 : Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, « Postambule », du
début à « sur l’éducation des femmes », Olympe de Gouges, 1791
POSTAMBULE
5
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20
Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l'univers ;
reconnais tes droits.
Le puissant empire de la nature n'est plus environné de
préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges.
Le flambeau de la vérité a
dissipé tous les nuages de la sottise et de l'usurpation.
L'homme esclave a multiplié
ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers.
Devenu libre, il
est
devenu injuste envers sa compagne.
O femmes ! Femmes, quand cesserez-vous d'être
aveugles ? Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la révolution ? Un
mépris plus marqué, un dédain plus signalé.
Dans les siècles de corruption vous
n'avez régné que sur la faiblesse des hommes.
Votre empire est détruit ; que vous
reste-t-il donc ? La conviction des injustices de l'homme ; la réclamation de votre
patrimoine, fondée sur les sages décrets de la nature.
Qu'auriez-vous à redouter
pour une si belle entreprise ? Le bon
mot du législateur des noces de Cana ? Craignez-vous que nos Législateurs français,
correcteurs de cette morale longtemps accrochée aux branches de la politique, mais
qui n'est plus de saison, ne vous répètent :
« Femmes, qu'y a-t-il de commun entre vous et nous ? — Tout », auriez-vous à
répondre.
S'ils s'obstinaient, dans leur faiblesse, à mettre cette inconséquence en
contradiction avec leurs principes, opposez courageusement la force de la raison
aux vaines prétentions de supériorité ; réunissez-vous sous les
étendards de la philosophie ; déployez toute l'énergie de votre caractère, et vous verrez
bientôt ces orgueilleux, non serviles adorateurs rampant à vos pieds, mais fiers de
partager avec vous les trésors de l'Etre suprême.
Quelles que soient les barrières que
l'on vous oppose, il est en votre pouvoir de les affranchir
; vous n'avez qu'à le vouloir.
Passons maintenant à l'effroyable tableau de ce que
vous avez été dans la société ; et puisqu'il est question, en ce moment, d'une
éducation nationale, voyons si nos sages Législateurs
penseront sainement sur l'éducation des femmes.
SQ3 1L1 Argumentation : Voix féminines et citoyennes de la Révolution à
aujourd’hui, ou la « force du sexe faible »
L.A.
n°3 : Texte n°3 : Correspondances, George SAND, avril 1856, », « Aux
membres du Comité Central », Tome 13, « Classiques Garnier (extraits du
texte proposé sur le site http://www.deslettres.fr, )
Si George Sand est une des premières femmes de lettres, elle n’en est pas pour
autant féministe, ni une militante des droits des femmes.
En 1848, le suffrage
universel était instauré, mais demeurait réservé aux hommes : un comité central de
femmes révoltées décide de présenter George Sand à la députation, à son insu.
Furieuse, elle rédige cette longue lettre, qu’elle n’enverra pas, où elle s’explique sur la
condition
des
femmes.
(…)
(Extrait
de
la
présentation
du
site
http://www.deslettres.fr)).
En voici des extraits.
Aux membres du Comité Central,
(…) Les femmes doivent-elles participer un jour à la vie politique ? Oui, un jour, je le
crois avec vous, mais ce jour est-il proche ? Non, je ne le crois pas, et pour que la
condition des femmes soit ainsi transformée, il faut que la société soit transformée
radicalement.
Nous sommes peut-être déjà d’accord sur ces deux points.
Mais il s’en présente un
troisième.
Quelques
5 femmes ont soulevé cette question : Pour que la société soit transformée, ne faut-il pas
que la femme intervienne politiquement dès aujourd’hui dans les affaires publiques ?
J’ose répondre qu’il ne le faut pas, parce que les conditions sociales sont telles que les
femmes ne pourraient pas remplir honorablement et loyalement un mandat politique.
10
La femme étant sous la tutelle et dans la dépendance de l’homme par le mariage,
il est absolument
impossible qu’elle présente des garanties d’indépendance politique, à....
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