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La Mort des Amants Tiré de Les Fleurs du Mal De Baudelaire

Publié le 17/01/2022

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« La mort pour le poète est la victoire. « disait Cernuda, poète espagnol. Cette mort est mise en exergue et est idéalisée dans Les Fleurs du Mal de Baudelaire. Cette oeuvre représente le labeur de toute une vie. Celle-ci débute en 1832 à Paris mais sera rapidement assombrie par le décès de son père. Moins d'une année après le départ de la figure paternelle, sa mère se remarie avec le général Jacques Aupick. Pour Baudelaire, ce remariage est une trahison mais est surtout un obstacle à tout ce qu'il aime : la poésie, sa mère, la vie. Rapidement, cette vie que l'auteur déchu a chérie le décevra. Désillusionné de cette dernière et pour échapper à la réalité, le poète se plonge dans les paradis artificiels et goûte aux plaisirs charnels. Au travers de son oeuvre, l'auteur tente de construire des ponts entre des notions parfois antinomiques telles que le mal et la beauté ou encore le bonheur et l'idéal inaccessible. En tant que bon romantique, il fait sien le thème de la mort jusqu'à lui consacrer une section entière. « La Mort des Amants « est le premier poème de celle-ci qui en comporte en tout six. Cependant, ce sonnet écrit en décasyllabes ne reflète pas une image lugubre de la mort telle que l'on pourrait s'y attendre. Alors que les auteurs classiques en ont toujours fait un événement menaçant et funeste, Baudelaire en fait une renaissance. Ainsi, ce poème permet la découverte de l'espérance baudelairienne : il mêle les sensations mais place l'amour et la mort au premier plan, la seconde sublimant le premier. Ce poème peut être découpé en deux parties, à savoir une première, du vers 1 au vers 8 et une seconde, qui regroupe les deux tercets. Dans un premier temps, l'auteur évoque le rêve, les projets de liberté. Puis, il aborde la mort comme une union. La volonté de l'auteur est sans doute de présenter à travers ce poème la mort comme le seul espoir d'un amour éternel, éternel car affranchi du spleen. Lors de la première approche de ce poème de Baudelaire, le lecteur est frappé par la place que prend l'amour dans ce poème dédié à la thématique de la mort. En effet, l'auteur parvient à faire de cette mort l'annonciatrice d'une renaissance prochaine. Pour l'auteur, il ne faut pas oublier que la mort est synonyme de libération, permettant au poète de s'affranchir du spleen qui le ronge. La présence de ce voile d'amour sur un thème, communément si tragique, s'explique donc aisément. L'accomplissement de l'amour se fait par la mort. Il est intéressent de constater que les champs lexicaux de l'amour et de la mort sont intimement liés mais également très ambigus. Les « lits « du premier quatrain peuvent être compris comme le lieu où l'on aime mais également comme celui où l'on meure. De même, les « divans « sont comparés à des « tombeaux «, à nouveau amour et mort sont complémentaires. Les « fleurs « évoquées au vers 3 peuvent être vues comme des fleurs offertes par un amant, mais aussi comme des ornements déposés lors d'un enterrement. Enfin, le terme de « soir « au premier vers du premier tercet correspond au moment privilégié des soupirants mais peut être vu comme le soir d'une existence. Ce choix quant au vocabulaire n'est pas anodin, l'ambigüité qu'il en résulte plonge le lectorat dans un certain embarras. En effet, avec une telle manipulation des champs lexicaux, le lecteur ne sait plus qui est le plus fort de l'amour ou de la mort. En analysant le poème, on peut constater qu'une dualité régit l'ensemble du texte. Cette dernière est mise en exergue par le premier mot de l'écrit, le « nous « qui est annonciateur de cette thématique. Par la suite cette dualité se retrouve tout au long du texte par le vocabulaire : « nos deux coeurs «, « deux vastes flambeaux «, « leurs doubles lumières «, « ces miroirs jumeaux «. Cette dualité reflète donc la complémentarité ainsi que la similitude des deux amants. Mais elle est interrompue par l'union de ces deux êtres au troisième tercet : « un éclaire unique «. Cette rupture marque la fusion des deux amants qui désormais ne sont plus qu'un pour se donner à la mort. Car la mort est ici synonyme d'union éternelle. Au vu de ces éléments, il convient de dire que c'est bien la mort qui transcende sur l'amour étant donné que cette dernière est la finalité, l'union des amants. À ce stade de l'analyse, le lecteur a pu être interpelé par ces liens particulièrement ambigus qu'a tissés l'auteur. Amour et mort se côtoie avant de ne former plus qu'un en vue d'une renaissance, où «un ange […] viendra ranimer […] les flammes mortes «. Il s'agit donc d'une progression temporelle. Mais il est également étonnant de relever la progression des sentiments qui se déroule en parallèle. Alors que dans le premier quatrain, l'union est charnelle, elle devient spirituelle dans le second. Il faudra l'intervention de la mort pour que cette union soit totale dans le premier tercet avant d'assister à une renaissance à la fin du poème. La progression tend donc vers l'infini. En effet, tous les verbes - « aurons «, « seront «, « réfléchiront «, « échangerons «, « viendra « - sont conjugués au futur simple. L'utilisation de ce temps vient renforcer l'idée d'une accession à l'éternité pour le couple qui a traversé la mort. Ce temps verbal permet également à l'imaginaire de se déployer. Il s'agit d'un rêve. Les amants attendent la mort en espérant goûter à un amour absolue et éternel. Enfin, cette poésie fait appel aux sens du lecteur. De nombreux récepteurs sensoriels du lecteur sont sollicités. L'odorat, tout d'abord. L'auteur parle d'« odeurs légères «, de « fleurs «, faisant allusion à leurs effluves. La vue est également mise à contribution pour ?vivre le poème?. On y observe des « cieux plus beaux «, des « lumières «. À la lecture, on y entend « un long sanglot «. En utilisant un champ lexical propre au sens, l'auteur plonge son lectorat au coeur du poème, le faisant ainsi vivre son texte. Mais la mise en avant de ces divers sens confère également au texte une atmosphère féerique, propre au rêve. Réalité et monde onirique sont donc mis en parallèle. Les premiers quatrains imagent la réalité, les tercets le rêve. Le parallélisme mis en place par l'auteur est troublant. En effet, le poème est construit de manière symétrique, comme l'auraient fait des « miroirs jumeaux «. Aux « étranges fleurs « du vers 3 correspondent les « rose[s] « du vers 9. Les « flambeaux « sont repris par l' « éclair unique «. De même les « miroirs jumeaux « sont réutilisés avec le terme « miroirs ternis « du dernier vers. Ainsi, le monde réel des deux premières strophes sont mis en lien par ce parallélisme avec le monde onirique des deux tercets. Au vu de ces considérations, il est intéressant de ressortir l'élément phare de ce poème qui est sans doute la vision de la mort par l'auteur. Selon Baudelaire, la mort n'est pas à redouter, mais bien au contraire, elle est un but à atteindre. Cette dernière permettra au poète de s'affranchir du spleen qui le ronge. Il s'agit donc d'une vision terrible de l'amour. Pour l'auteur, l'amour ne peut pas s'épanouir sur terre, raison pour laquelle il faut se donner la mort afin de la vivre pleinement. Elle est donc le moyen à l'homme de sortir vainqueur de sa souffrance terrestre. Cette mort ouvre la perspective d'une nouvelle vie à travers une renaissance. Berçant le lecteur au rythme de ses décasyllabes, Baudelaire nous expose son espoir grandissant quant à la fin des maux de l'homme. La mort, il ne la craint pas, il l'idéalise, il la rêve.

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« Cependant, les fleurs, outre ce symbole de l’amour est également un symbole mortuaire.

En effet, dans ce sonnet, nous pouvons constater l’étroitesse du lien entre l’amour et la mort.

L’amour est icisublimé, et inspire la sérénité aux amants d’attendre la mort avec la conviction que celle-ci renforcera le lien quiles uni plutôt que de le détruire.En effet, la mort est en premier plan dans ce sonnet, et se découvre une fonction atypique : elle est synonyme derenaissance pour les deux amants.Tout d’abord, la mort est prégnante à travers l’emploi du registre tragique.

On a en effet à faire avec l’état deconscience d’un être face à des forces qui le dépassent : «Ange » (v.12).

On est ensuite confronté à unepremière partie de texte qui suscite l’émotion, née d’une conviction qu’il n’y a pas d’issue au destin mortel de cesdeux amants, notamment au vers 11 : « long sanglot », « tout chargé d’adieux ».Ensuite, la mort est présente dans ce texte grâce à la récurrence de son thème au fil des vers.

La comparaisond’ouverture : « Des divans profond comme des tombeaux » au vers 2, transporte le lecteur dans une scènemortuaire.

Cette comparaison rapproche, de plus, un objet du monde réel (« divans ») et un autre qui, bienqu’appartenant au monde réel constitue un intermédiaire symbolique entre ce monde et le monde des morts : letombeau.

Le cadre est donc semblable au monde réel mais un peu différent : l’adjectif qualificatif « étranges »au vers 3 le prouve.

On découvre aussi la symbolique concernant le « flambeau » (v.6), celui-ci représente la vieet fait donc contraste avec ce cadre.

Le flambeau retourné est également un objet symbolique présent, parexemple, à l’entrée de certains cimetières.De plus, on assiste en lisant ce sonnet à la progression de la mort des amants.

En effet, il y a tout d’abord lesflammes de l’amour qui les dévorent au point de ne plus former qu’une seule entité.

A ce moment ci, ils sontencore vivants car la temporalité existe encore : « soir » (v.9).

Les deux amoureux vont ensuite disparaitre en un« éclair unique », au cœur d’une nuit non pas sombre et lugubre mais « rose et bleu[e] », emporté par la mort.

Lamort survenue, c’est l’heure des « sanglots » et des « adieux ».

Mais cet état ne dure pas car cet ange, gardiendes « portes » de l’au-delà, amène la joie qui insuffle une vie d’une autre sorte, mystique, aux amants.Enfin, ce sonnet admet une fin surprenante.

En effet, il se clot sur une note euphorique, après la dimensiontragique du vers 12 : « sanglot », « adieux ».

C’est une résurrection qui prend un aspect mystique, grâce à sonchamp lexical : « Ange » (v.12), « porte » (v.12), « éclair unique » (v.10).

La résurrection des personnages estalors mise en scène grâce à l’ « Ange », qualifié de « fidèle et joyeux ».

Ces deux adjectifs formes un rythmebinaire, qui donne de la tonicité au passage et rappelle l’idée du couple, au-delà de la mort.

Pour conclure cetépisode, Baudelaire organise un parallélisme entre le dernier vers et deux vers de la seconde strophe.

Lapremière partie du vers (jusqu’à l’hémistiche) : « Les miroirs ternis » fait référence aux « miroirs » évoqués auvers 8, et la seconde partie : « les flammes mortes » renvoie aux « vastes flambeaux » du vers 6.Finalement le passage à la mort est paradoxalement un retour à la vie, qui est en plus meilleur et plus beau quecelle-ci même.

Ainsi nous avons vu que sous ses aspects classiques, ce sonnet est une rénovation de sa forme traditionnelle etplace donc l’auteur au juste titre de poète novateur et charnière de la poésie.

L’examen du texte a donc permisensuite de découvrir les différents procédés mis en œuvres pour évoquer l’amour, thème omniprésent dans cepoème.

On constate en fin d’analyse la façon originale qu’a le poète de transmettre la mort à ses personnages.

Audépart perçu comme une menace, elle devient enfin une délivrance.On pourra rapprocher ce texte à un autre sonnet de Baudelaire : « La Mort des Pauvres ».

Il imaginera ici la mortcomme, plus qu’une délivrance, une promesse d’une vie future meilleure.

Il ira donc, dans ce poème, plus loin quel’immortalité de l’amour et concevra carrément pour les « pauvres » une vie dévouée à l’espérance d’une mortsynonyme du commencement d’une autre vie, meilleure.. »

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