La Mort des Amants Tiré de Les Fleurs du Mal De Baudelaire
Publié le 17/01/2022
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Cependant, les fleurs, outre ce symbole de l’amour est également un symbole mortuaire.
En effet, dans ce sonnet, nous pouvons constater l’étroitesse du lien entre l’amour et la mort.
L’amour est icisublimé, et inspire la sérénité aux amants d’attendre la mort avec la conviction que celle-ci renforcera le lien quiles uni plutôt que de le détruire.En effet, la mort est en premier plan dans ce sonnet, et se découvre une fonction atypique : elle est synonyme derenaissance pour les deux amants.Tout d’abord, la mort est prégnante à travers l’emploi du registre tragique.
On a en effet à faire avec l’état deconscience d’un être face à des forces qui le dépassent : «Ange » (v.12).
On est ensuite confronté à unepremière partie de texte qui suscite l’émotion, née d’une conviction qu’il n’y a pas d’issue au destin mortel de cesdeux amants, notamment au vers 11 : « long sanglot », « tout chargé d’adieux ».Ensuite, la mort est présente dans ce texte grâce à la récurrence de son thème au fil des vers.
La comparaisond’ouverture : « Des divans profond comme des tombeaux » au vers 2, transporte le lecteur dans une scènemortuaire.
Cette comparaison rapproche, de plus, un objet du monde réel (« divans ») et un autre qui, bienqu’appartenant au monde réel constitue un intermédiaire symbolique entre ce monde et le monde des morts : letombeau.
Le cadre est donc semblable au monde réel mais un peu différent : l’adjectif qualificatif « étranges »au vers 3 le prouve.
On découvre aussi la symbolique concernant le « flambeau » (v.6), celui-ci représente la vieet fait donc contraste avec ce cadre.
Le flambeau retourné est également un objet symbolique présent, parexemple, à l’entrée de certains cimetières.De plus, on assiste en lisant ce sonnet à la progression de la mort des amants.
En effet, il y a tout d’abord lesflammes de l’amour qui les dévorent au point de ne plus former qu’une seule entité.
A ce moment ci, ils sontencore vivants car la temporalité existe encore : « soir » (v.9).
Les deux amoureux vont ensuite disparaitre en un« éclair unique », au cœur d’une nuit non pas sombre et lugubre mais « rose et bleu[e] », emporté par la mort.
Lamort survenue, c’est l’heure des « sanglots » et des « adieux ».
Mais cet état ne dure pas car cet ange, gardiendes « portes » de l’au-delà, amène la joie qui insuffle une vie d’une autre sorte, mystique, aux amants.Enfin, ce sonnet admet une fin surprenante.
En effet, il se clot sur une note euphorique, après la dimensiontragique du vers 12 : « sanglot », « adieux ».
C’est une résurrection qui prend un aspect mystique, grâce à sonchamp lexical : « Ange » (v.12), « porte » (v.12), « éclair unique » (v.10).
La résurrection des personnages estalors mise en scène grâce à l’ « Ange », qualifié de « fidèle et joyeux ».
Ces deux adjectifs formes un rythmebinaire, qui donne de la tonicité au passage et rappelle l’idée du couple, au-delà de la mort.
Pour conclure cetépisode, Baudelaire organise un parallélisme entre le dernier vers et deux vers de la seconde strophe.
Lapremière partie du vers (jusqu’à l’hémistiche) : « Les miroirs ternis » fait référence aux « miroirs » évoqués auvers 8, et la seconde partie : « les flammes mortes » renvoie aux « vastes flambeaux » du vers 6.Finalement le passage à la mort est paradoxalement un retour à la vie, qui est en plus meilleur et plus beau quecelle-ci même.
Ainsi nous avons vu que sous ses aspects classiques, ce sonnet est une rénovation de sa forme traditionnelle etplace donc l’auteur au juste titre de poète novateur et charnière de la poésie.
L’examen du texte a donc permisensuite de découvrir les différents procédés mis en œuvres pour évoquer l’amour, thème omniprésent dans cepoème.
On constate en fin d’analyse la façon originale qu’a le poète de transmettre la mort à ses personnages.
Audépart perçu comme une menace, elle devient enfin une délivrance.On pourra rapprocher ce texte à un autre sonnet de Baudelaire : « La Mort des Pauvres ».
Il imaginera ici la mortcomme, plus qu’une délivrance, une promesse d’une vie future meilleure.
Il ira donc, dans ce poème, plus loin quel’immortalité de l’amour et concevra carrément pour les « pauvres » une vie dévouée à l’espérance d’une mortsynonyme du commencement d’une autre vie, meilleure..
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