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La mauvaise littérature selon Gide

Publié le 02/03/2020

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b- Comme on le voit, Gide ne se contente pas de reprendre le débat sur les rapports de l’art et de la morale dont on peut suivre la trace tout au long du XIXe siècle. Il resserre le champ sur le roman psychologique et pousse l’analyse plus loin. Après la guerre, Sartre reposera le problème avec vigueur, mais en se situant sur un plan plus politique.

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André Gide évoque donc le problème des rapports de l'art et de la morale avant le 2 septembre 1940 et il y reviendra à plusieurs reprises par la suite.

S'il éprouve le besoin de s'y arrêter longuement à cette date, ce n'est pourtant pas par hasard.

On avait beau-.

coup tendance à cette époque à tenir les écrivains pour responsables des défaillances de l'armée.

Si l'armée avait fait piètre figure, il fallait s'en prendre à cette littérature «amollissante», pas assez virile, dont André Gide était l'un des plus beaux fleurons.

Gide, dans cette formule célèbre, parle-t-il des «beaux sentiments» de l'auteur ou des sentiments_ qui animent ses personnages? Sans doute des deux,· car si l'auteur est animé par de bonnes intentions, il aura tendance à mettre en scène des personnages exemplaires.

Ces.der­ niers, bien sûr, peuv~nt être confrontés à des « mé­ chants», mais les méchants comme les bons ont toutes les chances d'avoir une psychologie trop tranchée.

Giqe, par exempté, dans son Journal (20 juin 1931), précise ce qu'il entend par« beaux sentiments» (et non «bons» sentiments, comme on .le lui fait trop souvent dire): «Les beaux sentiments sont les trois quarts du temps des sentiments "tout faits".

Le véritable artiste, con8cien­ cieusement, n'habille que sur mesure.» Esthétique et morale sont donc étroitement liées.

Si l'écrivain veut présenter des «héros positifs», il risque de s'écarter de la vérité dans la mesure où il ne prend pas en compte la complexité des êtres.

Il passera trop vite sur les contradictions, les ambiguïtés, les ambiva­ lences de l'âme humaine.

André Gide, grand admira­ teur _de Dostoïevski et lecteur de Freud, sait que lors­ que l'analyse atteint les profondeurs, il n'y a plus de beaux sentiments.

Une vérité qu:mustre, par exemple, son roman intitulé La Symphonie pastoràle (1919).. »

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