La littérature hongroise

« portance et affirma son génie à partir du xv1• siècle, pendant la longue et tragique période au cours de laquelle se succédèrent la Réforme, la Contre-Réforme, l'implanta­ tion des Musulmans au cœur du pays et les dernières guerres contre l'Islam.

Revers, triomphes, passions civiques et foi religieuse furent autant de sources d'inspiration.

En­ fln, lorsque l'époque de ces guerres inter­ minables fut close, à la fln du xviu• et au x1x• siècle, la littérature hongroise prit un essor considérable et fut illustrée par des auteurs de premier rang.

Avant la libération du territoire, les figu­ res les plus marquantes sont, au xv1• siècle, celles de Balassa, Karàdy et Bornemisza; et, au xvu• siècle, celles de Cseri, Pàzmàny, Zrinyi et Gyoengyoesi.

XVI 8 siècle.

BALINT DE BALASSA (1551-1591) était un poète soldat.

La vigueur de ses poésies guer­ rières ne saurait faire oublier ses émou­ vants poèmes d'amour, non plus que ses œuvres d'inspiration religieuse où il se re­ pent de ses erreurs de jeunesse.

Son langage est exquis; son style, imagé et fleuri.

Il écrivit aussi des drames, malheureusement perdus, sauf un fragment de Credulus et Julia.

KARADY cultivait surtout le dialogue dramatique sur des questions religieuses, genre qui florissait sur les scènes de col­ lèges; et de BoRNEMISZA, dont la renommée survécut à ses œuvres, on a récemment re­ trouvé une réplique de l'Electre de Sophocle.

Le xvne siècle.

APATZAI CSERI (1625-1660), esprit ouvert aux idées de Descartes attacha son nom à une Encyclopédie hongroise et écrivit une Logique magyare.

Le meilleur prosa­ teur du siècle est le cardinal PAzMANY (1570-1637).

Il donna un grand essor à la langue littéraire.

Le naturel se mêle au sublime dans son langage puissant et imagé.

Son talent oratoire lui valut le sur­ nom de «Cicéron hongrois :t.

ZRINYI (1616- 1664) a laissé, parmi d'autres ouvrages, un recueil de poésies : la Sirène de la mer Adriatique, et un chef-d'œuvre épique : la Zrinyiade où il recourt avec bonheur au surnaturel chrétien en même temps qu'à la mythologie classique pour chanter les ex­ ploits de son aïeul.

GYŒNGYŒSI doit être cité au moins pour ses récits, qui restent les meilleurs témoins du genre romanesque au xvu• siècle.

Mentionnons encore les deux meilleurs écrivains protestants, GELEI KATONA et SzENCI MoLNAR.

Ce dernier, au style ferme et expressif, traduisit les Psaumes et l'Ins­ titution chrétienne de Calvin.

Le XVIII 8 siècle.

Le sud du pays fut évacué par les mu sulmans en 1718, mais une grande misère s'était abattue sur la Hongrie, dévastée et dépeuplée par les guerres successives.

Bien des obstacles s'opposaient au développe­ ment de la vie intellectuelle.

Les premiers auteurs de talent apparaîtront dans la se­ conde moitié du siècle et ce seront des poè­ tes lyriques, unissant une gravité mélan­ colique orientale à un souci de la forme et du rythme, où l'on discerne plutôt une influence latine.

Le plus célèbre d'entre eux est P.

ANYOS.

Vers 1770, un mouvement littéraire nou­ veau prit naissance dans le milieu des offi­ ciers de la Garde Hongroise à la Cour de Vienne.

G.

DE BESSENYEI (174 7-1811) en fut le promoteur.

Il fait figure de chef d'école, de cette école qu'on appela française, en raison de l'admiration de Bessenyei pour Voltaire et pour Destouches.

Il composa des tragédies et des comédies (Agis, Ladis­ las Hunyadi, Attila et Bude, le Philosophe), une épopée (Mat'hias Hunyadi), des poèmes philosophiques (L'épreuve de l'homme, le Monde et la nature), des essais (Bagatelle, Sur la fonction d'une académie), des ro­ mans philosophiques (Voyage de Tari­ mène), etc ...

Son contemporain, F.

DE KAZINCZY (1759- 1831), occupe une place peut-être plus im­ portante encore en tant que réformateur de la langue.

Poète au style châtié, il fut aussi l'arbitre du goût, car sa culture était fort étendue et il avait traduit excellem­ ment quelques-uns des plus grands auteurs français et allemands.

Sa correspondance donne une idée du rôle éminent qu'il joua dans le monde intellectuel de son temps.

Le poète le plus foncièrement hongrois de cette époque est D.

de BERZSENYI (1776- 1836).

Ses odes révèlent un talent peu com­ mun, aussi bien les Odes philosophiques et religieuses que les Odes de jeunesse, dont les mâles accents sont nourris d'un ardent patriotisme.

A la même époque, un jeune poète lyri-. »