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La littérature française depuis 1850 : Le félibrige

Publié le 21/11/2011

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Comment ne pas parler du félibrige dans un ouvrage consacré à la littérature française? Si l'on voulait reléguer les ouvrages écrits en provençal parmi la littérature étrangère, on priverait l'histoire de notre poésie de l'oeuvre si abondante et si magnifique des troubadours du XIIe et du XIIIe siècle, et, au XIXe, de créations aussi importantes que celle de MISTRAL, que Lamartine saluait, on s'en souvient, après la publication de Mireille, comme un nouvel Homère.

« catalogue.

Ce que je veux simplement sou­ liguer, c'est que, à côté de la grande valeur proprement littéraire de leurs œuvres, celles­ ci possèdent l'immense mérite de s'enra­ ciner profondément dans le génie du peuple dont elles sont l'émanation directe, et que, en Provence, il n'y a jamais eu divorce entre les formes d'art les plus raffinées et la compréhension populaire qui y recon­ naissait aussi sa voix et son Ame.

A l'op­ posé du reste ·de la France où ce divorce devenait plus grave à mesure · que la lit­ térature s'éloignait du peuple, durant le cours du x1x• et du xr siècles, par le choix cie ses sujets et la manière de les exprimer, la Provence a adopté les œuvres de ses poètes, d'un consentement unanime, et les a associées à sa vie quotidienne.

Cela est particulièrement frappant, dans Je cas de CHARLOUN RIEU, dont j'ai parlé plus haut, et des poètes gardians, comme FOLCO DE ÜARONCELLI, JEAN GRAND, ALPHONSE ARNAUD, et surtout JOSEPH D'ARBAUD.

Et cela parce que ces poètes empruntent leurs thè­ mes à la vie de tous les jours, et, en parti­ culier au taureau, qui joue un rôle si considérable dans la vie provençale.

On a fait de certains de leurs poèmes des chan..: sons qui sont devenues immédiatement et amplement populaires, parce qu'ici le poète ne se distingue point de l'ensemble de la race, et que son c message ~.

adressé à tous, dans une langue et sous ·une forme que tous comprennent, est véritablement général.

Presque unique par son caractère, soit épique, soit lyrique, sans équivalent dans le reste de la France, en tout cas, la poésie provençale, tout autant que l'art du conte populaire, - il y a fort peu de romans -, constituent un phénomène littéraire très remarquable.

On sent que cette poésie ré­ pond vraiment aux goftts et aux aspirations d'une population qui la reçoit alors comme une chose toute naturelle, qui l'incorpore à sa vie.

Rien d'artificiel, donc, ni d'arbi­ traire ou d'intellectuel dans un mouvement qui, en plein xx• siècle, représente encore les grands courants de la littérature popu­ laire, très vivaces encore dans les pays scandinaves ct en Europe orientale surtout.

A cet égard, la littérature du félibrige, et les successeurs des félibres, constitue, dans l'histoire de la littérature française, un phénomène singulier et très important qui méritait d'être mentionné ici, en même temps que nous donnerons, dans la tra- duction française, afin qu'ils soient intel­ ligibles à tous, quelques morceaux carac­ téristiques des écrivains que nous avons nommés.

Citations de : Frédéric Mistral A LA PROVENCE.

Ame de mon pa11, toi qui rayonnee, manifeste, dane eon hlatoire et dana aa langue; quand lee barona pl· card8, allemanda, bourguiguona, preeaaient Toulouoe et Beaucaire, toi qui enftammu de partout contre les noire cbevaucheun lee hommes de Maraeille et lee fils d'A vi· gnon; Par la grandeur dea souvenin, toi qui noua aauvea l'espérance; toi qui, dana la jeuneeae, et plus choud et plue beau, malgré la mort et le f011oyeur, fals re· verdir le aang dea pères ; toi qui, inspirant lee douz troubadours, telle que le mletral fals enauite gronder la voiz de Mirabeau ; Oar lee boulee dea aièclea, et leura tempêtes et leun horreurs en vain mêlent lee peuplee, elfacent lee fron· tlèree : la terre maternelle, la Na ture, nourrit tou· jours aee 1111 du même lait; aa dure mamelle toujoun à l'olivier donnera l'huile fine; Ame éternellement renat.ante, Ame joyeuae et IIère et vive, qui bennia dana le bruit du Rhône et de son vent 1 Ame dea boia pleine d'harmonie, et dea calanques pleines de aoleil, de la patrie Ame pieuse , je t'appelle 1 incarne-toi clans mea vera provencauz 1 (011lend4l, Olw.pllre 1, Lemerre.) Théodore Aubanel LE MIROIR.

Ah 1 voill la chambrette où vivait la jeune lille 1 mala, maintenant, comment la retrouver, dana les lleuz qu'elle a tant hantée f 0 mee yeuz, mee gran da yeuz buveurs, dans aon miroir reprdez · bien : miroir, miroir 1 montre·la moi, toi qui l'u vue al souvent.

Le matin , dana l'eau claire, quand elle trempait son beau visage, quand elle trempait &ee bellea mains, qu'elle faisait toilette en chantant, et qu'à traver• aon air rieur aea blanchea den ta brillaient en perlee; miroir, miroir, montre-la moi, toi qui l'as vue ai aou· vent.

Qu'elle était innocente et qu'elle était heureuae 1 WM&Dt tomber, toute cralnti'•e aur eee épaules, au moindre bruit, aee lonp cheveux comme un long ft· chu.

Pula dan• le livre d'heurea de son aleul, longtempe elle parlait l Dieu.

Miroir, miroir, montre-la moi, toi qui l'u vue Il lOUvet.. »

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