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La littérature française depuis 1850 : La poésie

Publié le 21/11/2011

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A la fin du XIXe siècle, certains poètes s'égaraient soit dans une brumeuse métaphysique soit dans un langage apprêté et factice, aussi peut-on voir une heureuse réaction contre une pseudo-poésie exsangue ou un romantisme de pure surface, dans la modestie volontaire et la gentillesse des poèmes qu'écrivirent les fantaisistes groupés autour de leur aîné P.-J. TouLET. Prenant pour maîtres : Verlaine, Laforgue, Corbière, Jammes parmi les modernes, se souvenant plus d'une fois avec plaisir des précieux et du xviie siècle, enfin reconnaissant pour lointain, admirable et fraternel ancêtre François Villon, les fantaisistes chantent, avec pudeur toujours, avec humour...

« Les poètes de l'évasion Les plus grands parmi les poètes du XIX' siècle avaient cherché la poésie dans les domaines longtemps ignorés ou interdits du rêve Olt de la voyance, leur passion suivait des itinéraires intérieurs : L'Invitation ciu ooyrrge de Baudelaire était évasion au pro­ fond de l'âme, et Le Bateau Ivre d'abord aventure de l'esprit.

Mais la frénésie méca­ nique du xx' siècle naissant s'étend aux voyages dont les rêts enserrent de plus en plus étroitement la terre cependant que la vitesse réduit de jour en jour l'espace.

Aussi voit-on alors de jeunes poètes, grisés par cette apparence de nouveauté que prend soudain la vieille terre avidement et hâti­ vement parcourue, troquer le goftt de l'aven- .

ture intérieure pour l'appétit de l'aventure tout court : le corps à corps avec les mille aspects de l'univers devant selon eux insuf­ fler un sang jeune à la poésie.

VALÉRY LARBAUD reconnaît dan~ ~ette poé­ sie le c sentiment géographique moderne :.

et prête à son personnage romanesque, le multimillionnaire A.

O.

Barnabooth, disciple du primitif Whitman, ses propres poèmes .

Dans ces poèmes, Valéry Larbaud chante avec une sorte d'enivrement mélancolique les inépuisables richesses de la terre.

Sous ces regards qui glissent si vite à travers nations et capitales, derrière les vitres des trains de luxe, l'Europe paratt familière, rendue plus émouvante, plus humaine par la rapidité et la multiplicité des voyages.

Le monde même, pour cet enfant gâté qu'est Barnabooth, ressemble à un vaste jardin.

Ce départ perpétuel qui donne à la poésie de Valéry Larbaud son rythme et sa cou­ leur s'accompagne de ferveur et de désen­ chantement, comme s'il était en même temps qu'une poursuite, une fuite.

L'élégance, la légèreté, la saveur de dilet­ tantisme qui voilaient dans la poésie de Valéry Larbaud c une angoisse sans bon­ heur sans cesse alimentée :.

font place dans les œuvres de BLAISE CENDRARS à une âpreté, une violence de la joie comme de la douleur, qui font de la poésie du livre Du monde entier, des Pdques à New-York, de la Prose du Transsibérien, une poésie de con­ quérant.

Une grande liberté de l'esprit et du langage anime les poèmes de Cendrars: une invention toujours renouvelée du rythme, des images, impose au lecteur le sentiment d'une vie qui se veut tout impré· visible et tout entière dans le présent, la poésie s'identifiant avec la jeunesse absolue du monde et de l'homme.

Cendrars est hanté par les c;apitales, les ports, les rou­ tes, les océans, les sierras qui lui sont au· tant de conquêtes amoureuses; il donne il ses vers un rythme nerveux, un rythme dl' course et de combat; en eux aucune conces­ sion à la grâce et bien peu de trace d'atten· drissement sur soi-m~me ou sur autrui.

mais au contraire la volonté de se durcir pour être digne d'un monde qui n'a pas lP temps d'être tendre.

Et cependant, sous la rigueur de ce boo· heur imposé finissent par percer les doutes, les regrets, les amours d'un homme que.

malgré lui, action et aventure ne parvien­ nent pas à combler.

Pour Valéry Larbaud et Cendrars poètes.

l'homme ne se cherchera pas en lui-même mais hors de lui, Il ne se défera pas du temps mais an contraire s'affirmera dans « son :.

temps, et la poésie, pour lui, se confonclra avec la musique tantôt secrète tantôt hrutale de ce monde tout à la fois moderne et barbare, beau, féroce et poi­ gnant.

Citations de : Francis Carco T:OMBRE.

"~'on ombre eet couleur de la pluie, T)e mes regrets, du temps qui pasae.

'~:Ile disparalt et s'•ft'ace ~ais envahit tout, à la nuit.

!'lous le métro de la Chan•ll~.

nans ce quartier pauvre P.t.

bn•vant.

~Ile m'attend, derrière les pillera no••• Qù d'autres ombres frat•men ..

, Fnnt aux pasaants.

qu'ell•• appellent, ne grands gestes de déseo1'10ir.

'dais les paBSants ne se retou•ncnt pa•.

AucUn n'a jamais su pourquoi Dana le vent qui fait clignoter lea réverhèrP•.

T)ana le vent froid, tant de myat~•4 Soudain oe ferme sur ses 'PlU\.

••. »

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