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LA LITTÉRATURE FRANÇAISE DE LA PÉRIODE ROMANTIQUE (1800-1850) : la poésie romantique

Publié le 20/11/2011

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Ouvrir dans une histoire de la littérature un chapitre sur la poésie romantique, c'est en même temps ouvrir le domaine de la poésie retrouvée. Le siècle des Philosophes est très pauvre en poésie, et le seul grand poète du XVIIIe siècle, André CHÉNIER, n'est pas un ferment assez vigoureux pour qu'à sa suite se lève une nouvelle école. Après lui, la poésie continue encore à faire des vers sur le tric-trac, les jeux de cartes ou la chimie ! Autant dire que la poésie est un exercice d'adresse, de mondanité, une occasion de briller dans le beau langage et ses artifices, mais qu'elle ignore sa vocation. Voici qu'au contraire elle renaît et prend conscience d'elle même avec le romantisme. Mme de Staël, déjà, lui fait découvrir qu'elle est une vie plus pleine, une participation au divin sous le feu de l'enthousiasme. Peut-être alors, pense Soumet, serait-elle le plus fidèle reflet de « cette langue primitive révélée à l'homme par Dieu lui-même «. La poésie reçoit une haute mission : elle est intime, « l'écho profond, réel, sincère, des plus hautes conceptions de l'intelligence, des plus mystérieuses impressions de l'âme «, pour Lamartine; Vigny voit en elle une « perle de la pensée « et Musset se souvient qu'elle est musique, qu'elle a pour première loi le rythme et la mesure.

« LAMARTINE (1790-1869) Etrange destinée que celle d'Alphonse de LAMARTINE : brillant initiateur de la poésie nouvelle, héros de la campagne des banquets qui prépare la chute de Louis-Philippe, person­ nage politique de tout premier plan en 1848, et candidat à la présidence de la République, il termine sa vie oublié et pauvre, contraint à des travaux littéraires pour assurer sa subsis­ tance.

Cette pénombre qui entoura sa vieillesse n'a jamais véritablement quitté la figure de Lamartine; aujourd'hui encore il souffre de notre indifférence : de lointains souvenirs en font l'auteur du Lac, lui reconnaissent sans doute un rôle important dans l'histoire littéraire, mais l'associent à la partie la plus désuète du Romantisme.

Jugement ingrat quand la portée et la signification de l'œuvre et de la vie de cet homme méritent d'être retrouvées.

Lamartine est d'abord le restaurateur de la poésie en France.

La publication des Méditations en 1820 est un événement littéraire si profond que Théophile Gautier plus tard tenait encore à lui rendre hommage : « On ne saurait s'ima­ giner aujourd'hui », écrivait-il, « après tant de révolutions, d'écroulements et de vicissitudes dan:s- les choses humaines, après tant de sys­ tèmes littéraires essayés et tombés dans 'l'oubli, tant d'excès de pensée et de langage, l'enivre­ ment universel produit par les Méditations.

Ce fut comme un souffle de fraîcheur et de rajeu­ nissement, comme une palpitation d'ailes qui passait sur les âmes ».

Une nouvelle vision de l'homme s'offrait : celle d'un être qui a le sentiment d'appartenir à deux mondes, exilé ici après la mort de celle qu'il aimait, idéalisée sous le nom d'Elvire, et qui ressent l'appel de l'infini.

L'homme est fait pour souffrir, mais la femme lui donne la certitude de l'amour qui peut le porter à Dieu.

Lamartine n'est donc pas seulement le poète de la fuite du temps, de la mélancolie et de l'amour, même sous la forme ardente de la fin du Lac, où le poète voudrait voir son ardeur personnelle partagée par toute la nature : « Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire Que les parfums légers de ton air embaumé, Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on [respire, Tout dise : ils ont aimé l » Il est aussi, et beaucoup plus, celui qui ouvre la poésie sur la métaphysique, sur Dieu, sur le mal et la mort.

Ainsi à la deuxième pièce des Méditations adressée à Lord Byron, le ré­ volté, le désespéré, répondra plus tard la pièce sombre des Novissima Verba dans les Harmonies Poétiques et Religieuses.

On a souvent relevé dans sa poésie, le négligé de Lamartine.

Gentilhomme, Lamartine n'accorde pas à sa poésie une attention exclusive et il reste dilettante.

On a aussi montré à juste titre combien, s'il innovait en rendant à la poésie sa véritable inspiration, il était tribu­ taire de la langue poétique du xvni• siècle qui entravait ses effets.

Si toutes ces observa­ tions sont fécondes, elles ne doivent pas mas­ quer la vraie nouveauté de Lamartine, celle qui éclate dès les Méditations et que l'admiration de Gautier met en honneur : la musique.

Voilà le vrai message des Méditations : la poésie est musique, et si elle n'a pas trouvé son langage, si les mots sont encore inadéquats, elle a son rythme et s'essaie à chanter.

Ces essais peuvent s'orienter dans le même sens que la première œuvre, avec les Nouvelles Méditations (1823) et les Harmonies Poétiques et Religie .uses (1830), ou sur d'autres chemins.

Jocelyn est un long poème de l'amour pur et de ses souffrances, celui de deux jeunes gens sous la Révolution, qui exalte une vie naturelle à la manière de Rousseau, régie par la simpli­ cité du cœur et sanctifiée par le travail et la piété.

La chute d'un Ange, fruit d'une plus grande ambition, est hélas ! une épopée man­ quée; elle raconte les épreuves de Cédar, ange déchu pour l'amour de Daidha.

Rien n'y rap­ pelle notre expérience d'hommes : l'épisode se situe au début du monde et l'imagination se développe tout entière extérieure au réel.

Mais surtout l'inspiration de Lamartine s'en­ gage dans un nouveau domaine.

Après un silence lyrique de presque dix ans, le poète se tourne avec les Recueillements vers des préoccupa­ tions sociales et politiques.

Il est attentif au frémissement de l'humanité, à cet esprit nou­ veau qui ne s'est pas éteint avec les Trois Glorieuses.

Dès 1831, le poème des Révolutions avait montré l'humanité en marche, avançant par delà les ruines et le poète avait encouragé son progrès.

Un peu plus tard, la Réponse à Sir Walter Scott lisait dans cette fermentation la naissance d'un second univers; Utopie, enfin, montre le poète accompagnant la marche de l'humanité, ni pour la hâter imprudemment, ni pour la freiner, mais pour la guider avec sagesse, fidèle à l'esprit nouveau.

Ecrit en 1837 le poème se termine par ces vers : « Il faut se séparer, pour penser, de la foule Et s'y confondre pour agir ! » C'est l'esquisse même de l'action politique de Lamartine qui se retire pour écrire l'Histoire des Girondins, où il analyse les forces en présence dans la Révolution, et qui en 1848 se jette à plein dans la bataille : élu triompha­ lement dans dix départements, il est membre du Comité Provisoire, mais sa candidature à la présidence de la République contre le Prince Louis-Napoléon et le général Cavaignac se solde par un misérable échec.

Les deux factions oppo­ sées se sont retournées contre lui.

Dans une remarquable étude sur la Politique de Lamar­ tine, publiée dans un numéro spécial de la revue Europe consacré à notre poète (n° 483- 484, juillet-aofit 1969), M.J.

Madaule a éclairé les raisons de ce retournement de faveur : les deux factions opposées ont abandonné le. »

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