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LA LITTÉRATURE FRANÇAISE DE LA PÉRIODE ROMANTIQUE 1800-1850 (dossier)

Publié le 20/11/2011

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Les deux grands auteurs qui dominent la prose de l'époque romantique : BALZAC et STENDHAL, se situent en marge du Romantisme. Romanciers, ils créent une oeuvre puissante et originale. Elle quitte les sentiers familiers du Romantisme, et s'éloigne par exemple de l'héritage de René. Ils laissent à George SAND le soin de peindre autour de la figure romantique de Lélia et de ses charmes qui sont à la fois ceux du rêve de Corinne, du sourire sombre de Dante et de l'amour de Roméo et Juliette, le bouillonnement des passions et la fatalité qui s'attache à elle. Ou encore ils laissent à Volupté « cette sorte de langeur rêveuse, attendrie, énervée « d'une âme qui trouve le calme dans la religion. Ni pure histoire de l'âme, ni roman social du rachat comme le seront Les Misérables, leur oeuvre prend aussi ses distances avec le roman historique venu d'Angleterre par Walter ScoTT. Ce n'est pas vers le Moyen Age qu'ils se tournent, tels le Victor Hugo rle Notre-Dame de Paris. Témoins de leur siècle, ils ont compris les changements apportés par la Révolution et se tournent vers le présent. Mais leur observation, leur désir d'être vrai qui les attache au réel n'exclut nullement la part de l'imagination, du fantastique.

« Balzac nous livre une peinture prodigieuse de l'homme et de la société du XIX• •l•cle - Le P••• Gorlot (Photo Glraudon).

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souffrance est aussi le lot du Colonel Chabert passé pour mort sur le champ de bataille et que la société élimine maintenant en lui re­ fusant sa véritable identité; elle est la com­ pagne du Père Goriot dont les filles s'arrachent impunément l'argent et la vie.

Le monde de Balzac est une création prodigieuse qui nous livre une peinture immense de l'homme et de la société au x1x • siècle.

Et voici que devant nous apparaît sa cohérence, comme elle s'est progressivement élaborée dans la conscience créatrice de l'auteur.

Avec Le Père Goriot jus­ tement, Balzac découvre le principe du retour des personnages assurant ainsi le lien entre les romans que pendant vingt ans, de 1830 à sa mort, il publie à un rythme inlassable.

Ses romans publiés, quelque impressionnante qu'en soit la somme (Balzac en prévoyait 137 et on en compte 85 d'achevés), Balzac leur donne une direction unique, il les groupe sous le titre de : La Comédie humaine.

Tentative grandiose dans laquelle Balzac aura jeté toute son ambition et sa puissance créatrice.

Il s'est rêvé une vie immense, comparable à celle de Napoléon ou à celle de Cuv ier qui a reconstitué l'histoire de l'humanité.

« Moi » écrit-il, « j'aurai porté une société tout entière dans ma tête ».

Et effectivement le plan de la Comédie Humaine dressé dès 1845 englobe toute la vie.

Les Etudes de Mœurs qui groupent les scènes de la Vie Privée, de la Vie de Province, Parisienne, Poli­ tique, de la Vie Militaire et de la Vie de Campa­ gne forment la première partie de l'œuvre, sui­ vies par les Etudes Philosophiques et les Etu­ des Analutiques.

Toute la société est ainsi passée en revue.

Mais Balzac ne se contente pas de la décrire.

Il en cherche le moteur : « La passion est toute l'humanité », nous dit l'Avant-Propos de la Comédie Humaine .

Balzac la montre condui­ sant Raphaël, dans la Peau de Chagrin, .

à sa perte, et Louis Lambert qui veut surprendre le côté obscur du monde, le secret, la loi des choses, à la folie.

Cette passion est aussi à l'œuvre dans le monde et Balzac lève les mys­ t ères cachés de la société : celui du manoir de Clochegourde où Mme de Mortsauf se dévoue à son mari (Le Lus dans la Vallée), celui de la pension Vauquer où un vieillard alimente les folies mondaines de deux brillantes figures de la vie parisienne (Le Père Goriot).

Peintre pessimiste il voit la toute puissance de l'argent, le triomphe d'une ambition sans scrupules.

Chabert est misérablement relégué dans un hospice par sa femme qui refuse de le reconnaître; La Rabouilleuse est l'histoire d'une riche héritière victime de sa fortune : « Ce noble cœur, qui ne battait que pour les senti­ ments les plus tendres, devait donc être sou­ mis aux calculs de l'intérêt humain.

L'argent devait communiquer ses teintes froides à cette vie céleste, et donner de la défiance pour les sentiments à une femme qui était tout senti­ ment ».

En regard se trouvent les ambitieux, Eugène de Rastignac, Lucien de Rubempré, et surtout cette figure grandiose et comme fascinante de Vautrin.

L'ampleur de sa corruption suscite une admiration mêlée d'horreur.

Refusant la pruderie, l'hypocrisie de l'époque, Balzac révèle l'envers d'une société.

Créateur universel, il se plonge dans chaque situation sans avoir nécessair .ement besoin de l'avoir vé­ cue.

Doué d'une sorte de seconde vue qui lui « permet de deviner la vérité dans toutes les situations possibles », il convoque pour ainsi dire l'univers dans son cerveau.

N'y a-t-il pas là une magnifique force de création ? citations Préface d'une fille d'Eve - Vision du roman.

Le seul roman possible dans le passé, Walter Scott l'a épuisé.

C'est la lutte du serf ou de la bourgeoisie contre la noblesse, de la noblesse. »

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