La littérature d’évasion chez Cocteau
Publié le 13/09/2015
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Mais cette évasion est aussi bien souvent le résultat d’un pur désir de voyage, de dépaysement, d’un besoin d’exotisme que partagent lecteur et auteur et pour l’assouvissement duquel ils se font complices. La poésie de Charles Baudelaire et son pouvoir de fascination reposent en grande partie sur ce thème, c’est une « Invitation au voyage » :
« Songe à la douceur,
D’aller vivre là-bas ensemble ! »
ou encore dans « Moesta et errabunda » :
« Emporte-moi, wagon ! enlève-moi, frégate ! »
On pourrait encore citer le succès au XVIIIe siècle des récits de voyages comme ceux de Bougainville ou de Cook ou des romans qui les imitent comme le Robinson Crusoé de Daniel Defoe. Dans ce dernier ouvrage, le désir d’évasion est bien au cœur de la création littéraire : héros et lecteur communient dans une même soif d’évasion qui les mène d’Angleterre jusque dans cette île déserte qui va cristalliser le thème et l’élever au rang de mythe.

«
CORRIGÉ RÉDIGÉ
Introduction
Au mépris parfois de la part de vérité qu'elles contien
nent,
les idées reçues sont souvent mal perçues par les
intellectuels.
Ainsi, Jean Cocteau déclarait-il dans
Entretiens autour du cinématographe:« Je ne crois pas
à ce terme à la mode: l'évasion.
Je crois à l'invasion.
Je
crois qu'au lieu de s'évader par une œuvre, on est envahi
par elle.
[ ...
]Ce qui est beau, c'est d'être envahi, habité,
inquiété, obsédé, dérangé par une œuvre.
»
L'art, pourtant, est une forme d'expression faite
d'impressions: l'artiste y recrée
le monde tel qu'il le
sent.
De même, en lui réservant tel ou tel accueil, le
public va exprimer les impressions que l'œuvre aura su
lui faire ressentir.
La voie qui
lie l'homme à l'art, pour
être unique, n'est-elle pas
à double sens? Peut-on, sans
risquer une interprétation réductrice,
en privilégier un
au détriment de l'autre?
Ou au contraire voir dans cette
opposition entre évasion et invasion une même expé
rience partagée par
le créateur et son public?
Première partie: l'art comme évasion
Qu'elles soient liées à l'idée de fête, de cérémonie reli
gieuse ou politique, ou plus simplement
de loisir, les
manifestations artistiques marquent toujours une rup
ture avec la réalité quotidienne.
Elles sont un moyen
avoué d'en oublier
les soucis et les contraintes.
C'était
vrai des représentations théâtrales dans la Grèce antique
ou sous Louis XIV, c'est encore vrai de nos salles
de
spectacles où se pressent des foules en quête de divertis
sement.
L'œuvre d'art, en effet, nous transporte ailleurs et
quelle que soit la réalité qu'elle nous propose, nous n'y
pouvons adhérer qu'en oubliant
le fauteuil où nous nous
sommes installés pour la voir ou pour la lire.
L'acte.
»
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