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LA LITTÉRATURE DE GRANDE DIFFUSION

Publié le 30/03/2012

Extrait du document

Roman colonial, roman de guerre, roman d'espionnage : l'idéologie de l'hégémonie avait engendré, dès la fin du XIXe siècle, le roman colonial et d'aventures exotiques. De la littérature pour la jeunesse, l'exotisme envahit le roman pour adultes. F. de Croisset. P. Morand, H. de Monfreid rapportent à leurs lecteurs des images sur « l'autre « et sur « l'ailleurs «. En même temps le roman patriotique découvre une inspiration nouvelle dans la chasse à l'espion. Cependant, malgré les nombreux romans de Pierre Nord, ce nouveau type de roman ne deviendra un genre autonome qu'avec les premières séries spécialisées (« Espionnage « du Fleuve noir). Actuellement en régression après avoir été en tête des ventes pendant vingt ans, le roman d'espionnage manifeste un certain nombre de traits remarquables : altération de l'opposition fiction / réalité, rigueur de l'information, dépouillement de l'intrigue...

« .-----------------------· -- - 742 HISTOIRE LITTËRAIRE DE LA FRANCE spécificité nationale.

Les textes étrangers se mêlent désormais aux français dans le cadre des collections, fournissent une part importante des best-sellers, participent en un mot au phénomène littéraire français.

Dans un champ élargi de textes, l'éditeur puise ceux qu'il croit susceptibles de répondre à l'attente du public et qui seront tantôt fidèlement traduits, tantôt adaptés, voire abrégés en « digests ».

Les textes français eux-mêmes sont de plus en plus souvent soumis au rewriting.

Il y a, de fait, affaiblissement du rôle de l'écrivain et renforcement de celui de l'éditeur ou du directeur de collection qui remodèle et réorganise les textes dans un ensemble plus vaste.

Les auteurs cumulent parfois la double identité d'auteur littéraire et d'auteur de grande diffusion (Agnès Chabrier/ Daniel Gray ou Roger Blondei/B.R.

Bruss).

Dans certaines maisons d'édition comme le Fleuve noir, l'auteur entre dans un système proche du salariat en percevant mensuellement des avances sur droits qui le contraignent à une production régulière.

Sur le plan du contenu, on constate une tendance à la subdivision de plus en plus fine en genres distincts (souvent liés à une collection).

Parallèlement, c'est la montée progressive de la violence et de l'érotisme.

Les tentatives légales (loi de 194 7 sur les publications destinées à la jeunesse), si elles ont permis de frapper tel ou tel éditeur ou publication, n'ont eu qu'une incidence minime sur un mou­ vement affectant l'ensemble du système culturel.

Dès les années vingt, au romanesque merveilleux de Delly s'opposait un roman sentimental cru se réclamant du vérisme.

Guy de Téramond fonda ainsi son succès sur la révélation supposée de mystères honteux (voir sa série Crimes des danseurs mondains).

Le vrai, réel ou supposé, devient argument de vente.

Aujourd'hui, Guy des Cars promet à ses lecteurs la relation sans fard de cas dont nul n'avait osé parler avant lui.

Mieux, on assiste à une véritable infiltration de la fiction par le vécu.

Souvenirs, témoignages, documents sont édités en nombre croissant, tandis que baisse globalement le tirage de la fiction.

Une forte proportion des best-sellers se rattachent au vécu ainsi que certaines formes nouvelles de fiction au contenu référentiel alourdi (roman d'espionnage, roman médical, politique-fiction).

L'opposition fiction 1 réalité s'estompe.

Le public, après un élargissement considérable à la fin. »

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