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LA LITTÉRATURE ALLEMANDE

Publié le 27/01/2019

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Les Allemands en exil

 

Certains écrivains, parce que nés dans les frontières de l'ancien empire austro-hongrois, sont de tous les pays; ils continuent cependant à s'exprimer en allemand tel Elias Canetti (1905-1996), prix Nobel de littérature en 1981, né en Bulgarie, qui publie des récits de voyage comme Les voix de Marrakech (1968) où composent l'autobiographie et les réflexions socio-philosophiques. En 1974 paraît Le témoin auriculaire, texte fondamental où Canetti exprime son éthique et sa foi dans l'autre.

La femme de lettres Ingeborg Bachmann, née en Carinthie (Autriche), passe elle aussi toute sa carrière à fuir son pays, cherchant en Suisse ou en Italie un refuge à sa dépression, restant en correspondance avec le philosophe Martin Heidegger qui semble avoir choisi le silence. Elle écrit trois romans inoubliables de lyrisme, Ma/ina (1971), Franza (1979) et Requiem pour Fanny Goldmann (1979).

 

Günter Grass, quant à lui, est né à Dantzig (aujourd'hui Gdansk, en Pologne). Il connait une jeunesse difficile, passe la fin de la guerre sous les drapeaux, est fait prisonnier, puis devient mineur. Lui aussi se sent déraciné, inaccompli et c'est à Paris qu'il écrit son premier roman, Le tambour (1960), qui fut porté à l'écran avec succès par Volker Schlôndorf en 1979. Membre actif de la gauche allemande, il milite inlassablement contre les excès du libéralisme, surtout depuis la réunification. L'un de ses derniers ouvrages, Toute une histoire (1995), dénonce sans appel le comportement arrogant des Allemands de l'Ouest à l'égard de leurs compatriotes de l'Est.

 

Les écrivains de l'Est

 

La division de l'Allemagne, dont le symbole fut longtemps le mur qui partageait Berlin en deux villes depuis 1961, donna naissance à deux littératures de sensibilités légèrement différentes et aux préoccupations propres.

 

A l'est, la littérature, et plus particulièrement le théâtre, sont dominés par Bertolt Brecht (1898-1956). Communiste, il est contraint à l'exil dès 1933. Il s'installe alors au Danemark, en Finlande, aux États-Unis puis en Suisse, avant de s'établir à Berlin-Est un an avant la partition de l'Allemagne. Dans toutes ses pièces, il mène une réflexion qu'il tente de faire partager à son public et à ses acteurs, en faisant appel à leur raison et à leur conscience, notamment dans Homme pour homme (1926) ou dans Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny (1930). Dans Maître Puntila et son valet Matti (1948), il aborde le thème de la révolte d'un point de vue plus historique. Bien qu'il adhère largement aux conceptions du gouvernement d'Allemagne de l'Est, il n'abandonne pas pour autant son esprit critique. C'est ainsi que le gouvernement exige en 1951 qu'il modifie le dénouement de sa pièce, Le procès de Lucullus. Pourtant le 17 juin 1953 - lors du soulèvement populaire de Berlin-Est -, il prend parti pour le pouvoir en place. Sa vie comme son théâtre sont constamment placés sous le signe de la contradiction.

 

Le dramaturge Heiner Müller (1929-1996) semble bien être son digne héritier. Vivant en Allemagne de l'Est, il est certainement le plus grand poète de l'après-guerre de l'ex-RDA. Ses pièces qui s'inspirent des grands mythes antiques et des Lumières, sont jouées dans le monde

AKG Paris

entier: Ham/et-Machine (1979), Quartett (1982) remportent de grands succès et leur modernité renouvelle le genre.

 

Egalement inspiré par Brecht, l'œuvre de Peter Weiss (1916-1982) connaît un démarrage foudroyant avec la pièce Marat/Sade (1964), que Peter Brook adapte sur scène et à l'écran. S'y expriment toutes les formes de théâtre, du documentaire à ]'agit-prop. Autres enfants terribles du théâtre allemand, Botho Strauss (né en 1944), dont les textes sont comme un miroir violent pour le spectateur, et Rainer Werner Fassbinder (1946-1982), qui écrivit la plupart des scénarios de ses quarante films dont le texte bouleversant L'amour est plus fort que la mort (1972).

 

D'autres écrivains, nés à l'Est ont choisi, après la chute du mur, de continuer à y vivre pour y défendre leurs convictions. Christa Wolf (née en 1929) s'exprime sans retenue, sur le mur de Berlin, dès son premier texte, Le ciel partagé (1963) mais demeure au sein du Parti. Elle prend ses distances en 1976 lorsque Wolf Biermann, chanteur engagé, est expulsé. Dans Médée Voix

(1996) elle exprime son dépit par rapport à l'unité retrouvée de son pays.

 

Arno Schmidt

 

Mais l'écrivain germanophone le plus novateur de toute cette génération d'auteurs est peut-être Arno Schmidt (1914-1979). Né à Hambourg, de formation scientifique, il élabore à la manière d'un Faulkner ou d'un Joyce, une langue, une géographie et une chronologie d'où il extrait des histoires complexes, écrites à plusieurs voix. Léviathan (1949) fut son premier et seul succès à l'étranger. Un livre comme 

« La littérature allemande des individus souvent désespérés.

Le joueur d'échecs (1943) paraît peu après sa mort chez un éditeur suédois et marque Je sommet de son art, dans un récit où le personnage central vit "q uelques tours d'avance sur le reste du monde"· Influencé par Freud auquel il consacra un essai, La guérison par l'esprit (1931), il fut désespéré face à la montée du nazisme, alors qu'il semblait placer tous ses espoirs en J'hom­ me et en sa volonté d'affronterle mal, et s'enfuit au Brésil où il se suicida avec sa deuxième épouse.

Il laissa de nombreux inédits dont des nouvelles et des essais sur Nietzsche, Kleist, Hol­ derlin et des biographies romancées de Fouché, Marie-Antoinette et Marie Stuart.

Ernst Jünger Mais J'écrivain allemand dont l'œuvre est la plus marquée par la guerre est certainement Ernst Jünger (1895-1997).

Celui-ci traverse les deux conflits mondiaux en y prenant une part très ac­ tive.

Blessé sept fois entre 1914 et 1918, il relate ce qu'il a vécu sur les champs de bataille dans ses premiers ouvrages: Le boqueteau 125 en 1922, Le feu et le sang en 1923 et surtout Orages d'acier dès 1920, qui connaît un succès immédiat.

Ap rès la guerre à Berlin, il rédige des articles défendant un nationalisme révolutionnaire issu de la mouvance national-bolchevik.

En 1933, il refuse donc que le nouveau régime totalitaire reprenne la gloire de ses faits d'armes à son propre compte.

Il préfère s'éloigner de sa patrie et parcourir Je monde.

En 1939, il publie Sur les falaises de marbre, livre où il dénonce d'une manière symbolique le régime en place.

Pour­ tant, il est épargné par Hitler,_ sans que l'on en connaisse la véritable raison.

A partir de 1940, il est appelé sous les drapeaux.

Il consigne ses expériences dans son Journal.

Jünger, témoin engagé des conflits qui ont ensanglanté l'Euro­ pe, se pose en défenseur de la paix.

Dans ses Né à Dantzig, Günter Grass est � l'un des écrivains de langue allemande les plus connus.

Engagé politiquement à gauche, il a récemment dénoncé dans l'un de ses derniers romans, Toute une histoire, paru en 1995, l'attitude des Allemands de l'ex-RF A à l'égard de leurs compatriotes de l'Est.

'- Le film A Les ailes du désir, de Wim Wenders (1987), est tout à la fois un poème allégorique et un hymne à la vie, où les anges et les hommes se mêlent harmonieusement.

Négligeant les � faits quotidiens au seul profit des émotions ressenties, Peter Handke rédige des histoires simples et intimes où filtrent souvent détresse et sensualité.

écrits d'après-guerre, en particulier dans J'Essai sur le monde et le temps (1950-1959), il s'inquiè­ te de J'influence néfaste exercée par Je monde moderne sur les valeurs spirituelles et retourne peu à peu vers un anarchisme aristocratique.

Le poids de la culpabilité En 1945, dans J'Allemagne ruinée et vaincue, les écrivains, face aux crimes nazis, gardent d'abord le silence.

La seule littérature ayant droit de cité est celle des résistants au régime national-socia­ liste et celle des exilés comme Thomas Mann.

Les problèmes qui se posent à un peuple à la recherche de lui-même ne sont plus d'ordre poli­ tique ou social, comme après la Grande Guerre, mais de nature morale.

La voix des écrivains qui ont quitté le pays dans les années 1930 trouve moins d'écho que celle des auteurs qui ont connu les camps de concentration, qui ont lutté sur le front russe ou qui se sont engagés dans la résistance, comme Al brecht Haushofer , Hermann Kasack ou Hans Erich Nossack.

Toutefois, la vie littéraire se réorganise selon une double exigence de liberté et de simplicité.

Cette époque est surtout marquée par un cercle littéraire appelé Groupe 47 qui n'a ni membres inscrits ni président élu, mais qul réunit trois jours par an des écrivains allemands, autrichiens et suisses d'expression allemande.

On lui doit notamment la découverte d'Ingeborg Bachmann (1926-1973), de Günter Grass (né en 1927) et d'Heinrich Boil (1917-1 985).

Le Groupe 47 Ce dernier jeta un regard très aigu sur J'Alle­ magne d'après-guerre, estimant que Je pays - c'est-à-dire la République fédérale-ne se préoc­ cupait que de sa récente prospérité et de ses biens matériels.

Il exprima ces idées dans Le train ét ait à l'heure (1949), Les enfants des morts (1954) ou L'honneur perdu de Katharina Blum (1975) qui parut un mois avant le procès Baader.

Il lutta également sans répit pour la liberté d'ex­ pression.

En 1972, il obtint le prix Nobel de littéra­ ture.

Boil soutient les Verts (les écologistes) pour lesquels il appela à voter.

Il est présent sur le front de tous les engagements afin de préserver les libertés individuelles.

Les autres membres du Groupe 47 se sentent tout aussi avilis et meurtris par Je comportement de J'Allemagne entre 1933 et 1945 .

Alfred Andersch (1914-1980) fonde la revue Der Ruff qui est vite interdite par J'occupant américain.

l" En 1952, paraît son premier roman Les cerises de � � la lid·b �rté qui racC?nte s1 o _ n ex pér hie �c_ e de so�dat det :: sa esert JOn.

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Fuyant l'atmosphère. »

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