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La littérature à Rome

Publié le 19/04/2012

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Si l'on met à part quelques brèves périodes comme la guerre civile qui suivit la disparition de Néron, et le règne de Domitien, Rome connaît sous les Flaviens et les premiers Antonins, Nerva et Trajan, un temps de renouveau à quoi répond, dans la littérature, un retour au classicisme. Une nouvelle société, de bonne souche provinciale, débarrassée de la double tutelle des vieux aristocr4tes et des affranchis, fonde son attitude morale sur l'observance des vertus républicaines, à la faveur d'un libéralisme qui n'est dans l'esprit des empereurs qu'une habileté politique mais qui n'enfavorise pas moins une résurrection de la conscience nationale. C'est dans cet esprit que s'opère la réaction classique. Quintilien, continuateur de Cicéron,fait figure de chef de file, et donne le ton aux prosateurs, en particulier à Pline le Jeune que sa spontanéité naturelle ne sauve qu'à moitié de l'emprise rhétorique....

« tenu de quelques essais postérieurs, aucune œuvre de qualité, ni serzeuse ni comique, n'apparut plus sur la scène latine.

Peut-être chez ce peuple essentiellement acteur qu'était le peuple romain, passionné de mouvement et de spectacle, le drame faisait-il trop partie de la vie et de la pensée quotidiennes pour avoir besoin de se fixer dans les limites d'un genre particulier.

Il n'en faut pas moins regretter que les formes extérieures du spectacle l'aient emporté très tôt sur l'esprit dramatique, et que le théâtre romain ait fini par se réduire aux parades, plus ou moins vulgaires, du mime, du ballet et des Jeux de l'amphithéâtre.

CETTE tendance au drame, ainsi faussée dans son évolution par le goût de la pompe et des grands ejfets, n'était qu'un des aspects du tempérament romain.

Il en est un autre, tout aussi vivace, qui va continuer de se manifester dans l'histoire des lettres latines, à partir surtout de ce qu'il est convenu d'appeler « l'époque cicéronienne » - une période de soixante années environ qui coïncide à peu près avec la vie de Cicéron -; nous voulons parler de la propension des Latins à cerner la réalite humaine dans ses manifestations les plus concrètes, individuelles et sociales.

Si l'on s'accorde, en effet, à reconnaître que les Grecs triomphent par l'ampleur de l' zmagination métaphysique et la richesse des « révélations » touchant l'universelle condition de l'homme, il est non moins certain que l'humanisme romain, tout pénétré de bon sens et d'intelligence pratique, attentif aux aspects les plus quotidiens de l'existence, en perpétuelle défiance envers tout ce qui offusque la saine raison, lui apporte un complément précieux.

Ce goût de l'humain, saisi directement dans sa réalité, marque profondément une œuvre comme celle de Lucrèce.

Résolument non-conformiste, dédaigneux, au milieu même des bouleversements nationaux, de tout ce qui n'est pas la pensée d'Epicure de qui ils 'institue l'évangéliste, Lucrèce, dans son De Rerum Natura, en même temps qu'il inaugure à Rome la poésie de la connaissance, offre à l'admiration d'une longue postérité une œuvre magistrale orchestrée sur le thème pathétique de la nature et du destin de l'Homme dont il montre, avant Pascal, avant Vigny, avant les pessimistes modernes, la misère originelle et la grandeur de victime lucide au sein d'un Univers qui l'écrase.

A côté de ces « illuminations de génie » - le mot est de Cicéron - l'œuvre de Catulle, son contemporain, peut paraître légère, mais, outre que Catulle complète l'apport lucrétien par une conception plus savante et plus souple de la forme poétique, observant Jusque dans l'irljure et le cynisme l'élégance de ses maîtres alexandrins, il se place à l'origine d'une autre tradition, celle de la poésie amoureuse dont il approfondit les thèmes avec une passion et une clairvoyance dont Horace et les élégiaques feront largement leur profit.

De ces deux écrivains date le véritable avènement de la poésie latine.

On a signalé avec raison que Catulle est déjà un classique par l'aisance avec laquelle il associe l'imitation étrangère à des qualités toutes romaines.

De ce même équilibre, comme aussi de la permanence des caractères de l'intelligence nationale et de la souple résistance qu'elle oppose d'abord aux nouveautés pour les mieux saisir ensuite et en faùe son bien, Cicéron demeure l'exemple le plus illustre.

Nourri de lettres grecques, admirateur des Grecs dans tous les domaines de la pensée, il achève à lui seul avec une étonnante puissance de travail -il fut tout ensemble orateur, philosophe, rhéteur, épistolier, homme politique et poète -d'assimiler et de renouveler le meilleur de la pensée grecque, sans Jamais abdiquer ses vertus natives de bourgeois italien.

Car il représente à merveille le type du roman us homo, à la fois raisonneur et pratique, souple et tenace, vif à saisir toutes les formes de pensée, mieux fait pour adapter et vulgariser que pour créer, moins apte à vraiment philo­ sopher qu'à manier des idées, et sans Jamais perdre de vue la réalité prochaine, attaché à l'idéal humaniste et à ses valeurs universelles, mais d'abord citoyen et mainteneur obstiné des valeurs ances­ trales.

Ainsi doué, il domine son époque et il incarne paifaitement, sur le plan historique, la réaction d'une société qui, parmi la débâcle de ses impératifs traditionnels, s' e.fforce de sauvegarder les données. »

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