LA GUÉRISON DE L'AMOUR (p. 218 à 254) dans "Un amour de Swann" de Proust
Publié le 14/09/2018
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Ni heureux, ni malheureux, corps soumis aux multiples vicissitudes du hasard (« il admirait que le corps humain fût si souple (...) qu'il pût)...] déjouer les périls qui l'environnent », p. 220), acharnés à la poursuite du plaisir (voir également p. 173), et surtout capables du pire comme du meilleur.
C'est ce qui ressort de l'étude des auteurs présumés de la lettre anonyme : le texte souligne le décalage entre les propos et les actes. Bréauté et Orsan critiquent en paroles les lettres anonymes. Leurs portraits sont construits sur des oppositions (nature « détraquée » mais « bonne et tendre », « sèche » mais « saine et droite », « geste discret » mais « rôle peu délicat », p. 222).
Ainsi l'expérience amoureuse peut-Elle être étendue à toute relation humaine. Nous sommes condamnés à douter de tout ou à tout croire : « Quel critérium adopter pour juger les hommes ? » Par son recours au paradoxe, par son étude de caractères et de types humains (l'artiste, le bourgeois, le grand seigneur), le texte paraît s'inspirer des moralistes du xvi» siècle et en particulier de La Rochefoucauld auquel est empruntée la maxime : « On n'est jamais si heureux ni si malheureux qu'on s'imagine » (maxime 49). Le texte s'en inspire aussi par sa tonalité pessimiste, signe d'une lucidité reconquise
On notera le détail du lorgnon de Swann, instrument de sa recherche, abandonné chaque fois qu'il renonce à poursuivre la vérité.
2. (p. 227 à 244)
En lisant dans le journal le titre d'une pièce de théâtre, Les Filles de marbre, Swann se souvient brusquement d'un mot ambigu de Mme Verdurin à Odette. Des rapprochements suc cessifs lui rappellent les dénonciations de la lettre anonyme et il décide de l'interroger.
Après s'être défendue, Odette finit par avouer qu'elle a eu « il y a longtemps » des relations avec des femmes. Cette révélation torture Swann au delà de ce qu'il avait imaginé. Il apprend qu'une de ces aventures est récente et date d'un soir où il était allé retrouver les Verdurin au Bois.
Peu à peu, avec toute l'inconscience de sa légèreté, Odette laisse passer d'autres révélations : elle avoue être poursui
Un jour, dans un omnibus, il rencontre par hasard Mme Cottard. Par gentillesse, celle ci lui cite des mots d'Odette qui prouvent son affection pour lui. Ces propos insignifiants font beaucoup de bien à Swann : ils lui rappellent l'image jusque là entrevue - d'une Odette auprès de laquelle il pourrait vivre. Cette image remplace maintenant pour lui l'image oubliée de la femme qu'il aimait et qui le faisait souffrir.
Pourtant, quelques semaines plus tard, Swann revoit une dernière fois la Zéphora du temps de son amour dans un rêve douloureux où Mme Verdurin porte moustaches, où Forche ville figure sous les traits de Napoléon Ill, et où lui même se reconnaît sous les traits d'un jeune homme coiffé d'un fez.
Il est tiré de son rêve par l'arrivée matinale de son coif feur. Il a décidé de partir pour Combray où l'attire le charme d'une femme nouvelle ; les joues pâles d'Odette ont si bien perdu pour lui leur séduction qu'il s'étonne, à son réveil, d'avoir tant souffert pour une femme « qui n'était pas son genre ».
COMMENTAIRE
Retour à la comédie
Ironiquement, le roman se clôt comme il avait commencé. L'amour semble n'avoir été qu' une parenthèse. Swann est redevenu l'homme ancien, grand amateur de femmes et voyageur : il quitte le paysage d'Odette (p. 2491 pour le charme de la jeune Mme de Cambremer. Il retrouve sa muflerie en même temps que son jugement initial sur Odette {« une femme qui n'était pas mon genre », p . 2541. Le lyrisme amoureux oublié est remplacé par le ton comique du début.
La rencontre avec Mme Cottard est d'ailleurs traitée comme un épisode comique. Son portrait se réduit à des détails vestimentaires cocasses qui rappellent comme des «« insignes » sa condition bourgeoise (ses gants portent encore le numéro du teinturier, p. 2461. Son discours caricature l'insignifiance des mondanités bourgeoises : on retrouve ses tics de langage (« une amie »1, son incompréhension de l'art (« ... la pre-
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