« La grasse matinée » de Jacques Prévert (commentaire)
Publié le 02/01/2012
Extrait du document
Tout d’abord, Prévert a recours au genre du poème pour susciter l’attention du lecteur. Le texte est écrit en vers et comporte deux strophes. Le titre laisse envisager un sujet plutôt agréable puisqu’il s’intitule « grasse matinée «. Mais le premier vers surprend parce qu’il s’oppose au titre. Puis, le poète va mettre en scène la réalité des gens ordinaires, en racontant l’histoire d‘un homme sans identité, d’un misérable.
Le texte fait donc le récit de la vie, des pensées de cet homme. Les premiers vers jouent le rôle de situation initiale et présente le personnage principal « l’homme qui a faim «. Ce qui frappe le lecteur, c’est que cet homme n’existe pas en tant qu’individu : ce sont les périphrases qui servent à le nommer « l’homme qui a faim « « l’homme « « le vagabond « « l’assassin «. Puis, le récit nous fait suivre son itinéraire, grâce à des indices de lieux « la vitrine chez Potin « « un peu plus loin le bistro « et en même temps, nous fait pénétrer ses pensées.
I.
1)
2)
3)
Transition
II. Un poème polémique
1)
2)
3)
«
suivre son itinéraire, grâce à des indices de lieux « la vitrine chez Potin » « un peu plus loin le
bistro » et en même temps, nous fait pénétrer ses pensées.
Le poème décrit une réalité familière par petites touches et crée ainsi un registre pathétique qui va
émouvoir : les notations simples et triviales sont nombreuses « petit bruit de l’œuf dur cassé sur le
comptoir » v.2 « café -crème et croissan t chauds » v 41 »sardines à manger » v 46 et permettent aux
lecteurs de visualiser le quotidien de l’ inconnu, qui est universel et parlant pour tous.
Ainsi, E lles
souligne nt la souffrance de celui qui voit et qui ne peut avoir.
D’ailleurs le banal « œuf dur » ou vre et
clôt le poème.
La forme circulaire du poème fait découvrir au lecteur comment la nourriture peut
devenir une obsession pour celui a faim.
Le jeu sur les mètres courts et les mètres longs met en
valeur les pensées de l’homme et ses fantasmes alimenta ires « il imagine une autre tête/une tête de
veau par exemple/ou une tête de n’importe quoi qui se mange » v.
15 -17.
Le champ lexical de la
nourriture amplifie ce phénomène « l’œuf dur » « veau » v.16 « sauce vinaigre » v.
17 « poissons
morts » v35.
Le lecteur partage les désirs et les frustrations du misérable et entre aussi dans sa
conscience d’être victime de l’injustice so ciale « le monde se paie sa tête v.22 « il ne peut rien contre
ce monde « v.23 et l’intrusion du langage familier avec le mot « flics » dit que la société
bourgeoise est protégée par l’état.
Le meurt de faim n’a donc aucun espoir de changement.
Certains
vers semblent mimer le malaise de celui a faim et qui à cause de cela, a la tête qui tourne et les idées
confuses.
L’anaphore de la métaphore « brouillard de mots » ou encore le jeu de mot « café crime
arrosé sang » montre que la faim conduit à une fol ie compréhensible.
Dans cette première partie, nous avons vu que la forme narrative du poème éveillait l’attention du
lecteur, nous allons voir maintenant que ce texte est aussi un véritable argumentaire contre la
misère sociale.
Ce poème ne se contente pas de raconter une histoire pathétique, il met en place un
argumentaire indirect et virulent contre l’injustice sociale.
Cette portée argumentative est rendue
sensible dès le premier vers qui exprime un jugement négatif « il est terrible » v.1, jugement qui est
répété à, plusieurs rep rises et précisés « ce bruit » v.
3 « la tête de l’homme » v.5.
On peut lire
l’adjectif « terrible » 5 fois au début et à la fin du poème.
De même, le jeu de mot « café crème »
café crime » exprime de façon cynique ce que pense le poète.
De plus, la portée argumentative est perceptib le dans les v.21 à 39, quand le poète nous fait épouser
le tourbillon des pensées du vagabond .
Celu i- ci a le sentiment d’être victime d’une cruelle injustice et
le poète fait ressortir cette impression par le jeu des mètres : on passe du décasyllabe« cela fait trois
jours qu’il n’a pas manger » v.26 et de l’alexandrin « et il a beau se le répéter depuis trois jours «
v.27 à des vers beaucoup plus courts qui insistent sur la durée : « trois jours » v.30 « trois nuits »
v.31 Le lecteur mesure alors la cruauté de la société qui étale des victuailles inaccessibles aux plus
pauvres.
Et La répétition du mot « protégés » montre tous les interdits accumulés devant les
misérables.
Et la répétition du mot familier « flics » en fin de vers puis en début de vers rappelle que
la loi cautionne cette injustice..
»
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