?La Fontaine, « Les Animaux malades de la Peste », Fables, Livre
Publié le 09/06/2021
Extrait du document
«
Les conséquences :
En huit vers (7à 14) sont évoquées les conséquences de la peste.
Ce tableau est à la fois dramatique et mis à
distance par les allusions à d'autres fables.
Le chiasme du vers 7 : « Ils ne mouraient pas tous, / mais tous étaient frappés » met en valeur le pronom
« tous » et ce faisant, souligne l'universalité du mal.
La symétrie entre "mourir" et "être frappés" souligne la
morbidité de la peste : ceux qui lui survivent la subissent quand même.
Les négations soulignent la privation : « Ils ne mouraient pas tous » (7), « on n'en voyait point » (8), « nul
mets n'excitait leur envie » (10), « Ni Loups ni Renards » (11).
Et c'est une privation vitale puisque les
animaux ne mangent plus (l'observation est judicieuse, car un animal qui ne s'alimente plus est gravement
malade ou se laisse mourir).
L'instinct de reproduction est atteint : « Les Tourterelles se fuyaient » (v.13).
Bien évidemment ces interprétations triviales sont sublimées par l'allusion à au moins deux autres fables :
"Le loup et l'Agneau", pour « La douce et l'innocente proie » (v.12) et "Les deux pigeons" pour la mention des
« Tourterelles ».
La peste atteint aussi les élans les plus sublimes : « Plus d'amour, partant plus de joie » (v.
14).
L'amour est un élan vers l'autre et la joie est aussi divine.
Ainsi, c'est le tableau d'une mort universelle, physique et spirituelle, qui est évoqué.
I- Des personnages typés
1) Le Lion :
Par tradition, c’est le roi des animaux : voyez les interpellations du renard (« sire », « seigneur ») :
*V.15 : paraît noble & généreux, mais la suite l’infirme car il ne consulte pas, il décrète.
*Brillant locuteur : 3 octosyllabes + 1 alexandrin censuré.
*Début : cherche à donner une image modeste «je crois ».
Puis 3 alex.
V.19-21 qui posent sa prise de parole, sa puissance et sa fausse modestie (« peut-être »).
C’est un manipulateur ; il feint de plaider coupable :
*en évoquant sa gourmandise en un alexandrin (V.
25)
*moutons, assimilés à une simple alimentation en un octosyllabe qui minimise la gravité, malgré l’adverbe
« force ».
*question rhétorique au V.
27 qui montre le crime, mais la rime féminine atténue, adoucit, étouffe le vers.
* l’alexandrin retarde l’annonce du mot « berger », en un vers très court, trisyllabique : cela peut sous-
entendre qu’il ne vaut pas la peine (ou qu’il vaut mieux ne pas) de s'appesantir.
Ce procédé minimise & met aussi en évidence, car le « berger », c’est l’ennemi.
Au fond, il compose l'aveu de ses victoires
*V.30 : annonce très noble puis 2 restrictions (« s’il le faut » et « V.
suivant], accentuées par l’enjambement
* « que chacun s’accuse » donc se désigne coupable : de quelle justice s’agit-il ?
Finalement, le lion atténue ses crimes tt en s'accusant.
Le discours du Lion :
Le discours du Lion (v.
15 à 33) est présenté au style direct et témoigne d’une maîtrise certaine de la
rhétorique.
Il commence par faire l'état de la situation (15-17), en tire la conséquence et prend une décision,
édicte une "règle" (18-20), justifie cette décision par l'histoire (21-24), et donne l'exemple en s'appliquant en
premier la règle (25-29).
Il conclut en demandant que l'on suive son exemple de contrition (30-33).
Toutefois il parle en majesté et se disculpe en semblant s'accuser.
La parole de majesté :
Tout d'abord c'est le Lion qui réunit le conseil : Le Lion tint conseil (v.15).
D'un point de vue historique, le
Conseil se réunissait régulièrement deux fois par semaine sous Louis XIV.
Ici, il est convoqué pour un ordre du
jour exceptionnel, que le Lion / Roi va énoncer (cela existait pour des situations graves, comme une
déclaration de guerre).
Mais il était de tradition que le roi intervînt en dernier, après avoir écouté les avis
émis selon l'ordre inverse des préséances (le premier à parler est le moins titré).
Le Lion énonce l'ordre du jour du conseil (v.
16 à 20).
S'il commence son discours par l'apostrophe « Mes
chers amis », mise en valeur à la fin de l'alexandrin, cela témoigne à la fois de la gravité de la situation et
d'une clausule rhétorique : les amis n'en sont pas, mais soumis aux royales décisions.
L’ordre du jour est impératif : « Que le plus coupable de nous / Se sacrifie aux traits du céleste courroux ».
C’est la pratique du bouc émissaire, mais il doit se désigner comme tel ! Pour un résultat aléatoire : « Peut-
être il obtiendra la guérison commune.
» Pour justifier cet ordre du jour, le Lion argue de l’histoire, mais sans
précisions, ni références.
Et le sacrifice est valorisé par le terme de dévouements, au pluriel, et à la rime avec
accidents, ce qui en minore la portée, l’importance.
En effet, les « accidents » sont des événements
imprévisibles, qui ne dépendent pas de la responsabilité humaine..
»
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