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La Fontaine, Fables, La cigale et la fourmi : commentaire de texte

Publié le 19/04/2023

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« SOMMAIRE 1. 2. 3. 4. 5. Introduction I - Un apologue plaisant caractéristique du style des fables de La Fontaine II - La critique de l’insouciance et de l’oisiveté III - Une critique du matérialisme ? Conclusion Introduction « La Cigale et la Fourmi » est l’une des fables les plus connues de Jean de La Fontaine.

Elle est inspirée du fabuliste Esope.

Dans cet apologue, La Fontaine oppose deux conceptions du monde, incarnées chacune par l’un des insectes. Alors que la Cigale célèbre l’oisiveté et profite du moment présent, la Fourmi fait des réserves et anticipe l’avenir.

À travers ces personnages symboliques, le fabuliste confronte aussi deux morales, sans réellement trancher. Comment l’organisation de la fable contribue-t-elle à présenter au spectateur un message ambigü ? C’est ce que nous verrons en analysant les caractéristiques de la fable, puis en étudiant la critique de l’oisiveté.

Nous terminerons en nous penchant sur la question de la morale de cet apologue. I - Un apologue plaisant caractéristique du style des fables de La Fontaine « La Cigale et la Fourmi » se présente tout d’abord comme un texte emblématique des Fables de La Fontaine.

On y trouve en particulier la volonté de distraire par un récit plaisant, tout en faisant réfléchir.

Les fables n’imposent à aucun moment leur enseignement moral.

« La Cigale et la Fourmi » ne fait pas exception à cette règle. A - L’argumentation indirecte : un récit pour distraire Les fables appartiennent au genre de l’apologue.

En d’autres termes, elles défendent une thèse démontrée par le biais d’un récit, en employant l’argumentation indirecte.

C’est le cas de « La Cigale et la Fourmi ».

Cette fable s’inspire d’une œuvre du moraliste antique Esope, à qui La Fontaine aime à emprunter ses thématiques, tout en retravaillant la forme et parfois le message. Comme dans de nombreuses fables, « La Cigale et la Fourmi » met en scène des animaux, qui renvoient symboliquement aux qualités et surtout aux défauts des êtres humains.

Le fabuliste crée de la sorte un univers imaginaire, semblable à celui des contes.

Il distrait son lecteur et l’amuse, avant de l’engager à réfléchir. De plus, l’utilisation des « animaux pour instruire les hommes », comme le dit La Fontaine lui-même, contribue à l’universalité du propos.

Le bestiaire de cette fable met ainsi en valeur deux types humains radicalement opposés et l’anthropomorphisme permet de traquer de manière plaisante et humoristique différents défauts.

La Cigale symbolise l’insouciance, la légèreté, le goût pour l’art au détriment des préoccupations matérielles, tandis que la Fourmi illustre les préoccupations matérielles, le négoce et le travail. B - La fable comme saynète de théâtre « La Cigale et la Fourmi » révèle, comme d’autres fables du recueil, le goût de La Fontaine pour la mise en scène.

Les épisodes que dépeignent ses apologues pourraient, la plupart du temps, être joués au théâtre.

Ainsi, « La Cigale et la Fourmi » ressemble à bien des égards à une courte comédie, enjouée et vivante. La Fontaine utilise ici un style vif, rapide, qui se traduit dans les heptasyllabes. Au vers 2, le complément de temps est mis en valeur.

L’énoncé s’accélère à travers ce vers de trois syllabes, le seul de la fable.

Outre le récit à proprement parler, l’apologue propose plusieurs passages de dialogue, qui confirment la dimension théâtrale du texte.

Tous ces éléments sont caractéristiques des fables de La Fontaine, dont « La Cigale et la Fourmi » constitue un bon exemple. À son habitude, le fabuliste combine le discours indirect et le discours direct, pour un effet de variété.

La vivacité de la fable s’en trouve renforcée.

Ainsi, le discours indirect se retrouve dans la première moitié de l’apologue : « elle alla crier famine » ou encore « la priant de lui prêter ».

Le discours direct et le dialogue entre les deux personnages commencent à « je vous paierai ».

La scène s’anime alors, avec des répliques courtes, qui s’enchaînent rapidement et marquent le débat entre les deux positions opposées. C - Une morale implicite La place accordée par La Fontaine à la morale dans ses fables est assez variable. On note qu’ici, elle est implicite.

C’est au lecteur qu’il revient de la formuler. L’absence de morale explicite contribue à l’ambiguïté de la fable et de son enseignement.

Généralement, la morale se trouve à la fin de l’apologue. Certaines fables du recueil débutent par l’enseignement et l’illustrent par le récit. Dans « La Cigale et la Fourmi », la morale est remplacée par la chute : « Vous chantiez ? J’en suis fort aise.

// Eh bien, dansez maintenant.

» Le parallélisme des deux verbes “chantiez” et “dansez” semble sceller le destin de la Cigale.

Il formule de manière ferme et définitive le refus de la Fourmi de venir en aide à son prochain.

La Fontaine choisit une fin ouverte, comme l’avait d’ailleurs fait avant lui Esope. D - Transition Entre la Fourmi et la Cigale, le fabuliste ne tranche pas.

Si la critique de l’insouciance est évidente, on ne peut pas pour autant comprendre la fable comme une apologie de la dureté et de l’intransigeance.

La Fourmi, elle aussi, a de nombreux défauts ! II - La critique de l’insouciance et de l’oisiveté La fable semble tout d’abord développer un stéréotype moral : la critique de l’insouciance et de l’oisiveté, incarnées par la Cigale.

Lue de cette manière, la scène se présente comme une condamnation de la paresse et une apologie du travail. A- Les défauts de la Cigale La Cigale est insouciante et se livre aux plaisirs, sans penser à l’avenir et à la pénurie de nourriture qui ne manquera pas de venir avec les mois d’hiver. Elle vit dans le présent, comme si la saison froide ne devait jamais arriver.

On pourrait dire que la Cigale est une allégorie de l’oisiveté.

Sa seule activité est le chant.

L’idée est répétée deux fois dans la fable, une première fois au début, « ayant chanté tout l’été », puis la Cigale elle-même confirme son emploi du temps : « Nuit et jour à tout venant // Je chantais.

» Le symbolisme s’appuie évidemment sur une observation de la nature : les cigales passent la belle saison à faire du bruit.

Cette symbolisation correspond à un son puissant produit par l’abdomen du mâle.

Il s’agit d’un chant nuptial. Mais la vie des cigales est brève, puisqu’elles meurent à la fin de l’été. La fable s’appuie donc sur une réalité du règne animal pour en tirer une représentation symbolique.

La Cigale de l’apologue, comme toutes les cigales, passe sa courte vie à cultiver les plaisirs.

Lorsqu’arrive l’hiver, elle se retrouve dans le plus total dénuement et est « fort dépourvue quand la bise fut venue ». Le premier enseignement de la fable semble donc être le suivant : l’oisiveté et la paresse conduisent à la pauvreté et à la mendicité. B - Les qualités de la Fourmi La.... »

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