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LA FONTAINE ET ÉSOPE : LA MORT ET LE Bûcheron (I,16)

Publié le 15/05/2012

Extrait du document

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La Fontaine avait d'abord traité le même sujet dans la fable précédente en lui donnant une portée plus générale (La Mort et le Malheureux). Quelqu'un, Boileau sans doute, lui ayant conseillé de suivre son modèle de plus près, il se rangea à cet avis et refit sa fable, en la faisant précéder de cette réflexion qui ne manque pas de saveur, quand on voit comment il a transformé le pauvre et sec récit d'Esope...

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« 168 TEXTES COMMENTÉS ET COMPARÉS six longs vers réguliers et pesants, qui marquent bien la lassi­ tude et l'effort, 2.

Par les réflexions douloureuses qu'il prête au bftcheron et qui sont d'une vérité si poignante.

Phèdre dit simplement : il appelle la mort.

La Fontaine explique comment il peut en venir à cette extrémité de désespoir.

Commenter chaque mot, en s'aidant de ce qu'on peut savoir de la misère des paysans sous Louis XIV (famines, travail excessif, familles nombreuses, soldats à loger, impôts, corvée) ....

La Fontaine n'a pas modifié le dénouement.

Il n'ajoute qu'un mot : Tu ne tarderas guère : cela ne te fera guère perdre de temps.

La vue de la Mort a suffi pour faire oublier au pauvre homme tous ses maux et lui rendre le désir de vivre.

Tout déve­ loppement eût semblé, sans doute, devoir affaiblir l'impres­ sion produite par ce revirement brusque et inattendu.

2.

On voit comment La Fontaine imite, et ce qui fait son originalité, « toute dans la manière.

• Il est poète.

Il a rencontré dans ses tournées de Maitre des Eaux et Forêts ce pauvre bûcheron qu'il nous fait voir· en termes si évocateurs.

Il a été ému de compassion.

Il ne fait que traduire ici ses impressions; mais, artiste-né, il sait les mots et les rythmes qui peignent et 'qui touchent.

Une fable comme celle-ci fait honneur à la fois à son génie et à son cœur.

(Cf.

Les paysans dans La Bruyère.) Boileau qui trouvait cette fable •languissante • a eu la malen· contreuse idée de la refaire.

Tout ce qu'il ajoute à Esope semble uniquement voulu par la rime, sans amener aucune beauté nouvelle (et le corps tout en eau ...

dit-il alors prompt à secorriger).

On n'est pas plus abstrait ni plus prosaïque.

Il nous montre par un exemple saisissant ce qui sépare un versificateur régulier, mais froid, d'un vrai poète.. »

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