La Fontaine a évoqué son apport personnel dans le domaine de la fable en décla¬rant qu'il y avait introduit la gaieté. Il précise ainsi cette notion : « Je n'appelle pas gaieté ce qui excite le rire ; mais un certain charme, un air agréable qu'on peut donner à toutes sortes de sujets, même les plus sérieux » (Préface du pre¬mier recueil, 1668). Votre lecture des Fables (livres VII à XII) vous permet-elle de souscrire à ce jugement ?
Publié le 27/03/2015
Extrait du document
Les Fables véhiculent une sagesse immémoriale et c'est peut-être la raison pour laquelle le mot fable désigne aussi l'histoire des dieux et se confond avec les mythes fondateurs. «L'apologue est un don qui vient des immortels « (À Madame de Montespan). Cette origine fabuleuse participe de la gaieté des fables dans le sens où elles se présentent comme des histoires qui charment et enchantent ; à leur propos, le poète parle de « jeux où mon esprit s'amuse « (ibid). En somme il prend plaisir à conter des histoires, des « mensonges « qui révèlent une profonde sagesse.
«
DISSERTATIONS LITTÉRAIRES
Le sentiment de tristesse
Un sentiment de tristesse apparaît dans la confidence lyrique, par exemple dans
la fin des « deux pigeons » (IX, 2) : « Hélas ! quand reviendront de semblables
moments
».
La Fontaine traite aussi de façon très différente le thème de la mort selon qu'il s'agit des fables du premier recueil, où domine une tonalité ironique (La
jeune veuve, VI, 21) ou des fables plus tardives comme
« Le vieillard et les trois
jeunes hommes » (XI, 9) où le vieillard enterre ses propres enfants.
La fable P1Iilosophi9ue
La Fontaine aborde la fable philosophique dans le Discours à Madame de La
Sablière (livre IX) avec un sujet qui opposait les penseurs de l'époque: les animaux
étaient-ils doués
d'une âme (selon Gassendi) ou étaient-ils des animaux-machines
(selon Descartes)
? La Fontaine, très au fait de ces discussions, affiche une opinion
nuancée où
il tente de concilier le gassendisme avec le dogme religieux, tout en
s'opposant à Descartes.
Le sérieux semble ici l'emporter sur la gaieté.
Ill.
UNE SAGESSE ENJOUÉE
La fable : un menson~e q~i ~.it to~j_urs la vérité
Les Fables véhiculent une sagesse immémoriale et c'est peut-être la raison pour
laquelle le mot fable désigne aussi l'histoire des dieux et se confond avec les mythes
fondateurs.« L'apologue est un don qui vient des immortels» (À Madame de Mon
tespan).
Cette origine fabuleuse participe de la gaieté des fables dans le sens où elles
se présentent comme des histoires
qui charment et enchantent ;
à leur propos, le poète
parle de «jeux où mon esprit s'amuse » (ibid).
En somme il prend plaisir à conter des
histoires, des
« mensonges » qui révèlent une profonde sagesse.
L'univers com.ique des Fables
La gaieté n'est point le rire, La Fontaine le rappelle dans sa citation, car le rire
est pure dépense et demeure en principe incompatible avec des sujets sérieux.
Néan
moins les Fables utilisent les
nombreux registres du comique qui donnent à pen ser: la satire, l'épigramme, l'ironie ...
Ainsi combattent-elles avec une allégresse
satirique la tyrannie des puissants : dans plusieurs fables (VII, 1 ; VII, 6 ; VIII, 3 ;
VIII, 14), on se rend compte que le pouvoir de la parole neutralise la violence et la
tyrannie.
Les Fables enseignent le danger et la folie des passions qui règnent dans
le monde (et dont la cour
n'est que la représentation exacerbée), mais la critique des
rapports de pouvoir et le dévoilement de la cruauté s'accommodent alors
d'un bur
lesque où les grands sont rabaissés au rang des animaux.
Le public des Fables
Les dédicaces des différents recueils montrent que les Fables s'adressent aussi
bien aux enfants (Dauphin, duc de Bourgogne) qu'aux érudits et aux grands per
sonnages (Discours à Madame de La Sablière, à M.
le duc de La Rochefoucauld).
Ce qui rapproche ces deux publics,
c'est précisément cette poétique qui parvient à
mettre à distance les horreurs du monde pour les réintégrer dans l'ordre de la
culture et de la conversation.
Les Fables permettent de parler de tout, même des
choses les plus sérieuses en effet, avec une urbanité souriante.
Conclusion: Cette gaieté qui permet d'aborder tous les sujets, et de dire
tout à tous, semble bien
l'un des aspects essentiels de la poétique des
Fables.
Pour La Fontaine, elle se trouve inscrite dans le projet didactique
lui-même, car
il s'agit de faire goûter la sagesse de l'intérieur.
LES FABLES DE LA FONTAINE~.
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- « Les propriétés des animaux et leurs divers caractères y sont exprimés ; par conséquent les nôtres aussi, puisque nous sommes l'abrégé de ce qu'il y a de bon et de mauvais dans les créatures irraisonnables », écrit La Fontaine dans sa Préface au premier recueil de ses Fables (1668). Trouve-t-on encore dans les Livres VII à XII de quoi justifier cette affirmation du fabuliste ?
- SYNTHESE FABLES DE LA FONTAINE - LIVRES VII-XII
- « La fable pour La Fontaine n'a été le plus souvent qu'un prétexte au récit, au conte, à la rêverie; la moralité s'y ajuste à la fin comme elle peut,», écrit le critique Sainte-Beuve (Lundis, VII). A la lumière des fables que vous avez étudiées, vous direz si vous partagez ce jugement. ?
- Dans le salon de Madame de La Sablière qu'il a fréquenté de 1672 à 1678, La Fontaine s'est mêlé aux discussions des philosophes et des savants. Les fables des Livres VII à XII contiennent des échos de leurs débats. ?