La Fontaine a écrit : . Les longs ouvrages me font peur, Loin d’épuiser une matière n’en faut prendre que la fleur. Expliquez et discutez cette théorie.
Publié le 07/02/2016
Extrait du document
La paresse de La Fontaine est légendaire (Jean s’en alla..., Aussi n’a-t-il pas composé de longs ouvrages : « Les longs ouvrages me font peur, » dit-il. Mais il ajoute : « Loin d’épuiser... » et ces deux vers sont caractéristiques. Ils révèlent toute une conception de l’art et de la poésie. Voyons en quoi elle consiste et comment il l’a appliquée.
«
24
xvii' sîàcr,i
I.
Aux ouvrages de longue haleine, 1F préfère les
petits poèmes.
1.
La
fable
est bien le genre qui lui convenait
:
Diversité
est sa devise.
n
Ce genre lui permet d'adopter successivement
et sans s'y attarder, tous les tons : telle fable est un drame ou
une comédie, telle autre un fragment d'épopée ou une élégie, etc.
Toutes sont parfaites en leur genre, parce que toutes donnent
l'impression de quelque chose de fini, d'achevé, à quoi on ne
saurait rien souhaiter.
De plus, poète éminemment « personnel ,
il peut, dans la fable, plus que dans tout autre genre, se révéler
tout entier, nous faire des confidences, nous dire ses joies, ses
voeux, ses regrets.
2, Comme pour ses contemporains, la règle suprême,
la
règle de toutes les règles, C'est de plaire.
Or, comment plaire
quand on s'ennuie soi-même? Il se sentait peu fait pour le
genre sérieux.
Son poème sur la captivité de Saint-Maic est
un vrai pensum.
Ses comédies sont légères, spirituelles, gra-
cieuses, mais sans profondeur.
Il ne sait pas animer des person-
nages distincts de lui.
Son roman,
Psyché,
est plein de charmes,
mais, sans doute, il n'aurait eu ni le souffle ni le courage
nécessaires pour composer en vers une oeuvre aussi longue.
I.
C'est, d'ailleurs, chez lui, un principe.
c
Loin
d'épuiser une matière,...
à
Quelque matière qu'il traite, il n'en
prend que la fleur.
On trouve chez lui cette
élégante brièveté
qu'il loue dans
Phèdre
et
qui
consiste à dire tout ce qu'il faut
et rien que ce qu'il faut.
1.
Soit qu'il peigne l'extérieur des animaux, soit qu'il
décrive un paysage, quelques traits lui suffisent, quelquefris
un seul mot (Le moindre vent qui d'aventure fait rider la face
de l'eau...
L'onde était transparente, ainsi qu'aux plus beaux
jours...
Le héron au long bec emmanché d'un long cou...
Un saint
homme de chat, bien fourré, gros et gras).
Comparer avec Buffon.
2.
Même discrétion dans ses confidences.
Il sait les mots
qui évoquent tout un état d'âme et qui font rêver:
Solitude où
je trouve une douceur secrète.
(XI-4.) ...
Ai-je passé le temps
d'aimer? (XI-2.)
Comparer avec les effusions sans fin des
Romantiques.
3.
On trouve dans les fables la peinture complète de la société
du temps, mais au lieu de procéder par tableaux ou portraits.
»
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