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LA FONTAINE

Publié le 20/03/2016

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LA FONTAINE, LA MORT ET LE BUCHERON (Fables, I, 16) Lagarde et Michard, livre du professeur, Bordas. Voir aussi Hatier, Itinéraires littéraires ; Nathan, Littérature, Textes et documents). Notes pouvant servir à la mise en forme de paragraphes rédigés. I ° partie- L'habileté du narrateur. 1°IPP (Idée-prise de position) La Fontaine attire tout de suite l'attention du lecteur et la maintient en éveil. 1°IA (idée-argument) Portrait en mouvement qui attire l'attention. IEX (idée-explicitation) Le bûcheron "marche" et semble arriver dans le lointain. Sa silhouette se précise peu à peu : La "ramée" (amas de branchages) devient "fagot" (fait de sa main) au v.2. Il est enfin là tout près de nous. Passage de l'imparfait lointain "marchait" (v.3), "tâchait" (v.4) au présent "il met bas", "il songe" (v.6). Poussant plus avant le procédé (cf. dans une certaine mesure le "travelling" avant cinématographique), La Fontaine pénètre dans les pensées de l'homme (v.7 à 12) : emploi du style indirect libre pour ne pas déflorer le mystère de la rêverie. Le v.4 donne une impression de mouvement long et lent, pénible. "tâchait" de : valeur dramatique. On sent l'effort, la tension de l'effort. 2°IA De plus, on assiste à une personnification de la Mort (majuscule) Procédé qui maintient l'attention ; elle marche, elle aussi, "elle vient sans tarder". 2°IPP La Fontaine éveille aussi, dès les cinq premiers vers, notre sympathie et notre pitié à l'égard du bûcheron. Déjà le 1er hémistiche nous présente un "pauvre" homme, adjectif antéposé. Mais à la fin du 1er vers, c'est l'apparition monstrueuse de cet être "tout couvert de ramée" dont l'humanité semble écrasée sous les branchages. L'adverbe "tout" insiste sur le fait que l'homme disparaît entièrement sous l'amas des branchages. v.1 allitération en [R] : rudesse. N'est-ce pas là un travail aussi pénible que celui des bêtes de somme ? Ce bûcheron qui "marche à pas pesants" et "n'en peut plus d'effort et de douleur" ressemble fort aux "six forts chevaux" du "coche", à cet "attelage" qui "suait, soufflait, était rendu" (Le Coche et la mouche VII, 7). Il attire notre respect car on le voit lutter :"tâchait de", "effort". Mais c'est un vieil homme écrasé par les ans. Le poids des ans s'ajoute à celui du fagot. On en est que plus sensible à ses "gémissements". A la pauvreté et à la souffrance physique s'ajoute le sombre accueil d'une "chaumine enfumée", c'est-à-dire une chaumière bâtie de bois et de boue, ayant un trou pour cheminée, toute noire de fumée aveuglante. Valeur du choix de ce mot "chaumine" : "il n'y a que ce vieux mot tout rustique qui puisse peindre une pareille hutte" (Taine). Voilà le but vers lequel tendent tous ses efforts ! 3°IPP La Fontaine est habile également à ménager la progression du récit IA Tout va tendre à rendre vraisemblable l'appel à la mort. Passage de la tension...
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« IA Tout va tendre à rendre vraisemblable l'appel à la mort.

Passage de la tension de l'effort "tâchait de …" à "n'en pouvant plus".

Sa volonté est vaincue, il cède. - Chemin faisant sa souffrance physique (effort) s'est grossie de son découragement (douleur) v.5. - Au v.6, il en vient tout naturellement, après avoir posé son fardeau, à méditer sur son infortune :"son malheur", le mot des grands désespoirs est lâché. Les réflexions qui vont suivre seront une prise de conscience de son malheur. - Aux vers 7 et 8, la véhémence des deux questions est à la mesure de son désespoir.

Et par une démarche naturelle, le bûcheron va passer en revue les maux qui l'accablent.

(deux longs alexandrins). - V.9, les deux adverbes (chiasme de "quelquefois" et "jamais") marquent une progression tragique. 1° réflexion : tant travailler pour n'avoir même pas de quoi manger à sa faim! L'absence de verbe rend plus sensible encore cette impression de dénuement. - V.10 et 11 : il n'y a plus ici de pittoresque : chaque mot suffit pour éveiller l'image d'une souffrance.

C'est l'effet d'accumulation qui traduit la montée du désespoir. Et le v.

10, avec ses 4 mots de 2 syllabes, suggère par leurs 4 accents autant de coups assenés sur le pauvre homme. L'octosyllabe du vers 11 couronne cette énumération impitoyable par des évocations plus appuyées (4 + 4) parce que plus odieuses encore. - V.12 :"lui font d'un malheureux" : retour du thème du malheur cf.

v.6.

La Fontaine sait que par cette récapitulation, le malheureux accroît le sentiment de son infortune, ce qui rend vraisemblable le mouvement impulsif qui le porte à "appeler la Mort" (v.13). Dans la fable d'Esope, ce coup de folie est à peine justifié ; et Boileau semble moins vrai lorsqu'il nous présente un bûcheron qui "souhaite la mort"… pour n'avoir pas à recharger son fardeau. II ° partie - L'habileté du narrateur se double de la vérité du récit. I° IPP Le pittoresque. IA La Fontaine rend son personnage d'autant plus vivant et pittoresque qu'il nous fait suivre le détail de sa respiration pendant toute cette scène. - Dès le vers 2, il nous met en présence d'un homme qui halète sous le fardeau.

Cf.

le grand nombre de monosyllabes et l'allitération en [f] "faix - fagot". - Le rythme des alexandrins nous permet aussi de suivre le souffle du bûcheron. v.3 : inversion et rejet : rupture dans l'énoncé : essoufflement (?) v.5 "Enfin", vers coupé après deux syllabes alors que l'on vient d'avoir un long quatrième vers. Dernier halètement avant de déposer le fagot ; fin du vers : longue expiration : il abandonne. v.6 coupé en deux de façon très nette.

Une longue détente respiratoire sépare les deux hémistiches.

Même structure grammaticale : il + verbe + complément.

Détente qui suit l'extrême tension physique… Mais au v.7 long soupir d'épuisement.

Question posée en un seul souffle. v.8 idem : unique soupir pour tout le vers. Au v.9 et surtout aux vers 10 et 11, l'effroi que lui inspire la vision de chacune de ses souffrances secoue à nouveau sa respiration.

ici l'effort physique qui le fait haleter. v.12 il reprend son souffle , long vers. B.

Théry page 2 / 5. »

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