La finalité de la littérature, pour le lecteur et pour l'écrivain, est-elle le bonheur ? Vous vous appuierez tout au long de votre devoir sur des exemples précis et variés d'extraits d'oeuvres littéraires.
Publié le 30/11/2018
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Dissertation. La finalité de la littérature, pour le lecteur et pour l'écrivain, est-elle le bonheur ? Vous vous appuierez tout au long de votre devoir sur des exemples précis et variés d'extraits d'oeuvres littéraires.
Pourquoi lire, pourquoi écrire ? Lorsqu'on considère les raisons d'être de la littérature, cette dernière nous semble dépourvue de finalité pratique : on ne lit pas dans un but quelconque ; lire n'est pas utile en soi ; la littérature, en tant qu'elle est un art, ne devrait pas servir un objectif. Pourtant, si une raison devait être donnée à la littérature, elle pourrait être le bonheur. Pourquoi lit-on, pourquoi écrit-on, si ce n'est parce que la littérature nous donne plaisir et joie ? Cependant, il serait réducteur de prétendre que la littérature ne procure que bien-être et contentement, puisqu'elle nous confronte aussi à la tristesse, la colère, l'impuissance. Doit-on pour autant renoncer à considérer le bonheur comme la raison d'être de la littérature ?
Si la littérature existe pour le bonheur des lecteurs et des écrivains, à quel bonheur donne-t-elle accès ?
Si la littérature apporte plaisir et joie, elle confronte également les auteurs comme les lecteurs à des émotions plus négatives. La finalité de la littérature est un bonheur profond, complexe.
En un sens, la raison d'être de la littérature est le bonheur, puisque le lecteur comme l'écrivain se passionnent pour la littérature en ce qu'elle leur procure joie et satisfaction. Ainsi, il existe un véritable bonheur de la lecture, comme il existe un bonheur de la culture, en général. Nous lisons, comme nous allons au cinéma, ou admirons une oeuvre au musée : car cette lecture nous procure un plaisir. En 1973, le critique littéraire Roland Barthes théorise cette notion dans son ouvrage le Plaisir du texte : il y a un plaisir du texte, en ce que le lecteur peut ressentir, au contact du texte, \"euphorie\" et \"confort\". Cependant, ce plaisir pourrait se dissocier du bonheur, dans le sens où il n'est pas un état durable, mais plutôt passager : \"Tout le monde peut témoigner que le plaisir du texte n'est pas sûr : rien ne me dit que ce même texte nous plaira une seconde fois ; c'est un plaisir friable, délité par l'humeur, l'habitude, la circonstance, c'est un plaisir précaire.\" Si la littérature rend heureux, elle donne donc accès à un bonheur temporaire, instable.
De même, il existe un plaisir de l'écriture : les auteurs n'écrivent pas seulement pour témoigner, ou parce qu'ils espèrent tirer de leur ouvrage célébrité, argent, etc. ; ils écrivent car cette activité leur procure un plaisir presque sensuel, similaire à celui ressenti par le lecteur. Ainsi, pour Roland Barthes, le plaisir de la lecture est intrinsèquement lié au plaisir de l'écriture : \"Si je lis avec plaisir cette phrase, cette histoire ou ce mot, c'est qu'ils ont été écrits dans le plaisir (ce plaisir n'est pas en contradiction avec les plaintes de l'écrivain)\" (Le Plaisir du texte). Ce plaisir de l'écriture, dont les grands auteurs, dans leur grande majorité, témoignent, devient palpable lorsque l'écriture se fait jeu : c'est le cas des auteurs de l'Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle), association cofondée par l'écrivain Raymond Queneau, où les écrivains appliquent à leur écriture des contraites, faisant de l'écriture un exercice ludique. Ainsi, dans la Disparition, Georges Perec applique au roman entier la figure du lipogramme : il écrit son texte sans la lettre \"e\". Lorsque l'écriture est jeu, le plaisir d'écrire est évident.
Enfin, si la finalité de l'écriture est un bonheur, en ce qu'il est une joie, un soulagement, nous devons également évoquer le bonheur des autres : une certaine littérature cherche le bonheur des autres, le bonheur de la société. Ainsi, des romanciers font de leurs textes des espaces de dénonciation de situations sociales qu'ils déplorent, et la littérature devient alors manifeste pour un monde meilleur, un monde plus heureux. C'est le cas d'Emile Zola, qui, dans sa série romanesque des Rougon-Macquart, décrie l'injustice sociale : dans Germinal, il évoque ainsi les mineurs, victimes de leurs conditions de travail ; dans l'Assommoir, il évoque la misère et son lien à l'alcoolisme... Derrière ces évocations romanesques réside l'espoir d'un monde meilleur, un monde où l'autre, qui n'est pas forcément l'auteur ni le lecteur, pourrait également accéder au bonheur.
Il y a un bonheur de la littérature, en ce qu'elle est joie, enthousiasme, espoir, pour le lecteur, l'écrivain, ou encore la société. Pourtant, cette joie de la littérature est indisociable d'émotions qui lui sont contradictoires.
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procure un plaisir presque sensuel, similaire à celui ressenti par le lecteur.
Ainsi, pour Roland Barthes,
le plaisir de la lecture est intrinsèquement lié au plaisir de l'écrit ure : "Si je lis avec plaisir cette phrase,
cette histoire ou ce mot, c'est qu'ils ont été écrits dans le plaisir (ce plaisir n'est pas en contradiction
avec les plaintes de l'écrivain)" ( Le Plaisir du texte ).
Ce plaisir de l'écriture, dont les grands aute urs,
dans leur grande majorité, témoignent, devient palpable lorsque l'écriture se fait jeu : c'est le cas des
auteurs de l'Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle), association cofondée par l'écrivain Raymond
Queneau, où les écrivains appliquent à leur écriture des contraites, faisant de l'écriture un exercice
ludique.
Ainsi, dans la Disparition , Georges Perec applique au roman entier la figure du lipogramme
: il écrit son texte sans la lettre "e".
Lorsque l'écriture est jeu, le plaisir d'écrire est évi dent.
Enfin, si la finalité de l'écriture est un bonheur, en ce qu'il est une joie, un soulagement, nous
devons également évoquer le bonheur des autres : une certaine littérature cherche le bonheur des
autres, le bonheur de la société .
Ainsi, des romancie rs font de leurs textes des espaces de dénonciation
de situations sociales qu'ils déplorent, et la littérature devient alors manifeste pour un monde meilleur,
un monde plus heureux.
C'est le cas d'Emile Zola, qui, dans sa série romanesque des Rougon -
Macqua rt, décrie l'injustice sociale : dans Germinal , il évoque ainsi les mineurs, victimes de leurs
conditions de travail ; dans l'Assommoir , il évoque la misère et son lien à l'alcoolisme...
Derrière ces
évocations romanesques réside l'espoir d'un monde meille ur, un monde où l'autre, qui n'est pas
forcément l'auteur ni le lecteur, pourrait également accéder au bonheur.
Il y a un bonheur de la littérature, en ce qu'elle est joie, enthousiasme, espoir, pour le lecteur,
l'écrivain, ou encore la société.
Pourtan t, cette joie de la littérature est indisociable d'émotions qui lui
sont contradictoires.
Il semble difficile de limiter la finalité de la littérature à la joie et au bien -être, étant
donné qu'elle confronte aussi le lecteur et l'auteur à des situations et à des émotions difficiles,
voire insupportables. Ainsi, si la lecture procure joie et bien -être au lecteur, elle lui fait ressentir
également le malaise, la tristesse, la détresse .
Si le lecteur s'attache aux personnages du roman qu'il
parcourt, il pre nd toujours le risque de les voir souffrir, de les voir mourir, et de partager, le temps de
quelques pages, leur souffrance ou leur détresse.
Que ressent le lecteur du Père Goriot de Balzac, au
moment de la mort du personnage principal, dans la misère et l 'indifférence ? Que ressent le lecteur
des Misérables de Victor Hugo, en regardant mourir le jeune Gavroche, avatar des gamins révoltés
des rues parisiennes ? L'émotion ressentie à la lecture ne se limite jamais à la joie, au "confort" dont
évoquée par Bar thes : la lecture est aussi le risque de la douleur.
En outre, l'écriture ne peut se limiter au plaisir ludique, sensuel, évoqué par certains auteurs :
elle est parfois douleur, voire exorcisme .
C'est par l'écriture que certains auteurs témoignent.
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