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La femme est-elle un homme comme un autre ?

Publié le 17/01/2022

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Les pères, désormais, aiment autant leurs enfants que les mères. Leurs fonctions deviennent-elles pour autant interchangeables ? Physiquement, les différences entre hommes et femmes paraissent s'atténuer ; mentalement, on ne voit guère ce qui sépare le garçonnet de la fillette ; ni la passivité, ni le goût de la domination, ni l'aptitude au maternage ne sont l'apanage de l'un ou de l'autre. Père et mère se confondent-ils donc ? Et si oui, qu'en seraient les conséquences pour l'enfant ? Pour les psychanalystes, cette confusion des rôles est très préjudi-ciable à celui-ci, qui, perdant tout repère et désormais incapable de s'identifier à un modèle stable, est ainsi entraîné vers de graves désordres psychiques. Au contraire, on peut y voir une marche vers une vie idéale, plus libre que l'ancienne.

« passées dans les moeurs et cela ne choque plus grand monde.

On a même découvert leurs compétences dansl'abstraction : les femmes briguent avec succès Polytechnique ; preuve, s'il en est, que leur domination massivedans les facultés de lettres n'était nullement liée à une prétendue différence de nature, mais à une conséquence del'éducation et à un certain type de culture.

Les femmes font donc aussi des mathématiques et Camille Claudel,aujourd'hui, pourrait — espérons-1e — sculpter des chefs-d'oeuvre comme son ami Rodin sans risquer l'enfermementen asile psychiatrique.

Quant aux hommes, on peut les voir exhiber leur musculature, faire admirer leur corpsreluisant et se déshabiller en cadence devant un public ébloui (et pas toujours féminin) avide de découvrir leurspectoraux.

Cas exceptionnel, néanmoins, que celui-ci, qui montre la conquête par les hommes d'un espace autrefoisapanage exclusif des dames.

Juste (?) retour des choses : les hommes accèdent au statut d'objet et se soumettentaux appétits concupiscents des dames. En effet, notre époque, après bien d'autres (séparées par des éclipses, des retours en arrière la notion de progrèsuniforme dans quelque domaine que ce soit est privée de sens) ne différencie guère l'homme et la femme par dessignes extérieurs : les vêtements, par exemple, virent à l'unisexe.

Pantalons pour tous (avec l'invasion du blue jean).Mais à quand les jupes pour les hommes ? Ici, la fusion opère dans une seule direction, la masculinisation.

Si l'on regardecertains phénomènes de près, on s'aperçoit bien vite que cet exemple n'est pas le seul et l'identification fonctionneplutôt de la femme vers l'homme qu'inversement.

Davantage de femmes postulent des métiers d'hommes quel'inverse (comptons les infirmiers dans les hôpitaux, et même les enseignants hommes dans le primaire, voire lesecondaire, et nous constaterons leur nombre réduit).

Signe (ou aveu) que le monde dit « masculin » est davantagecoté et est encore ressenti comme supérieur.

Les femmes, en se masculinisant, ont le sentiment de s'élever (fût-ceau grade de pompier ou de conducteur d'autobus).

Inversement, les hommes qui se « féminisent » sont malconsidérés, semblent déchoir et donner l'impression de se détourner de leur « origine » naturelle.

Pourtant, nombreuxsont ceux qui assument » leur nouvelle condition, de père par exemple.

Qu'en est-il donc, dans ces domaines, de lafin des différences ? Dans certains cas, la « fusion des sexes » peut avoir des conséquences néfastes.

Quand les pères (par exemple encas de divorce) se mettent à vouloir à toute force et par tous les moyens la garde de leurs enfants, on peutregretter l'époque où seules les femmes s'intéressaient à leur progéniture, ce qui évitait des conflits préjudiciables àl'enfant.

On peut aussi regretter que les femmes n'aient de cesse de copier les défauts des hommes en se mettant àfumer, à boire et à conduire aussi mal qu'eux ou à parler comme eux, comme des charretiers, en discutant footballautour d'une canette de bière.

Il y a des conquêtes qui n'ont rien de glorieux.

On voit mal où serait le bénéfice pourles femmes à vouloir imiter Napoléon ou Al Capone, à peupler les prisons comme les hommes, à se livrer auxagressions à main armée, à envahir le Koweït ou à bombarder Sarajevo, ou encore à mourir plus jeunes partabagisme ou alcoolisme Quant aux sentiments des psychanalystes évoqués par Élisabeth Badinter, ils sont peut-être en partie justifiés.

Onvoit pourtant mal en quoi le transfert d'autorité ou la participation du père au maternage peut être nuisible.

Sauf àconsidérer qu'une bonne éducation est celle où le petit mâle est élevé avec un fusil entre les mains, ou les poingsen avant, dans la position du cogneur sanguinaire, et la petite fille dans une douce accoutumance à son futurmétier de mère et d'épouse irréprochable (et de maîtresse accomplie), supportant sans faiblir et sans broncher lesbrutalités de son homme.

Il y a peut-être là une caricature excessive et l'on peut sûrement affirmer son identitémasculine sans frapper à tour de bras et sans idolâtrer Rambo.

De même, une femme peut être une vraie » femme, très féminine, sans pour autant sortir des pages d'un magazine de mode ou de cuisine avecpour seul centre d'intérêt le maquillage et les cures d'amaigrissement.

Il y a, enfin, une marge entre unesuppression progressive des inégalités et la fusion complète des deux sexes.

Cette fusion peut, en effet,conduire à une autonomie progressive (et sûrement dommageable) des deux sexes, les hommes d'un côtéhabitant Sodome et les femmes Gomorrhe, chaque clan apprenant à se passer de l'autre, y compris dans celuide la procréation puisque nos scientifiques travaillent d'arrache-pied à enlever à l'acte de fabriquer » un enfant tout contenu sentimental et amoureux pour en faire quelque chose de programmé, derigoureux, de froid et de clinique.

Terrifiant retour de la sexualité scientifique rêvée par le grand utopisteCampanella (au )(vile siècle) dans sa terrifiante et cauchemardesque Cité du Soleil. On peut aussi regretter certains comportements issus d'un féminisme mal compris qui fait de l'homme un ennemisystématique à qui il est désormais interdit de faire comprendre à une femme qu'elle est jolie sans risquer de finir sesjours dans une prison pour harcèlement sexuel (ou de se voir « défiguré » par un couteau de cuisine sous lesapplaudissements de la foule).

Paradoxalement, la guerre des sexes est une conséquence de leur rapprochement caron ne se bat vraiment bien qu'entre soi et entre membres de la même espèce, contrairement à une légende troprépandue.

Les plus meurtrières des guerres sont les guerres civiles, entre frères ou cousins (juifs et arabes,catholiques et protestants).

Pourquoi faire la guerre à celui qui est trop étranger ? Il ne vous gêne pas.

Enrevanche, on se bat avec lui quand il commence à vous ressembler et risque de devenir ainsi un rival.

Cerapprochement fut pourtant longtemps vécu comme un idéal par les poètes : le rêve de l'androgyne traverse toutela littérature du siècle dernier (chez Balzac dans Séraphita ou Baudelaire).

Jusqu'à Rilke, le poète allemand, qui écrit, dans ses Lettres à un jeune poète : « Les sexes sont peut-être plus parents qu'on ne le croit ; et le grand renouvellement du monde tiendra sans doute en ceci :. »

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