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La faculté créatrice chez Balzac

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

J'allais observer les mœurs du faubourg, ses habitants et leurs caractères... Chez moi, l'observation était devenue intuitive, elle pénétrait l'âme sans négliger le corps ; ou plutôt elle saisissait si bien les détails extérieurs, qu'elle allait sur le champ au-delà ; elle me donnait la faculté de vivre de la vie de l'individu sur laquelle elle s'exerçait, en me permettant de me substituer à lui...
 
 (début de Facino cane)
  

« Inventer le vrai par l'analogie.

De cette citation, on retiendra ce court extrait, qui contient l'essentiel : «Ilsinventent le vrai par analogie».

Prenons par exemple deux grandes scènes du roman, qui figurent toutes deux dansnos textes commentés (Textes 9 et 10), celle de l'aveu mensonger de Rastignac à Victorine et celle de l'arrestationde Vautrin.

Ni l'une ni l'autre bien sûr ne pouvaient figurer dans la mémoire de l'auteur ; il les a donc recréées dansl'imaginaire à partir de ce qu'il savait déjà des personnages.

En se fondant sur tout l'acquis des pages antérieures, ila littéralement inventé le vrai par analogie.

Plus qu'observateur, il a été visionnaire.

Et la dernière page de l'œuvre,le convoi funèbre de Goriot, n'est-elle pas aussi un exemple probant d'invention du vrai ? Baudelaire a bien compriscette capacité particulière du créateur : J'ai maintes fois été étonné que la grande gloire de Balzac fût de passerpour un observateur ; il m'avait toujours semblé que son principal mérite était d'être visionnaire, et visionnairepassionné. Selon Théophile Gautier aussi, la part d'invention du personnage est bien supérieure chez Balzac à l'apport de lamémoire : Balzac possédait le don de s'incarner dans des corps différents.

Balzac fut un voyant...

[Ses personnages] il ne lescopiait pas, il les vivait idéalement. Conclusion On peut admirer l'efficacité simple et dynamique de ce processus créateur, qui s'accomplit en quatre phases : - il trouve d'abord son mobile dans l'ambition (se souvenir de la lettre à Laure, la sœur préférée) ; - puis son moyen dans la puissance de travail (voir la biographie, Repère 1) ; - il puise ensuite son aliment dans des observations pénétrantes et vraies, saisies sur le vif, emmagasinées dans lamémoire (c'est l'observation du vrai) ; - et enfin, tout cet acquis devient source d'autres développements, d'autres scènes, imaginaires mais vraies (c'estl'imagination du vrai). Et tout cela très vite, comme en témoigne cet extrait de la correspondance à propos du Père Goriot : Cette œuvre a été faite en quarante jours, je n'ai pas dormi en ces quarante jours quatre-vingts heures. (Lettre à Mme Hanska). »

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