La «danse macabre» - La Règle du jeu
Publié le 10/08/2014
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Dans la deuxième moitié de La Règle du jeu, se trouve l'un des passages emblématiques du génie de Renoir. Cette partie de séquence d'une durée de 3 minutes 35, appelée généralement la «danse macabre«, est composée de 11 plans et se situe à une heure après le début du film. Placée sous le signe de la mort, elle provoque un sentiment de grand désordre dû à l'accélération de l'intrigue et à la mise en scène. Le désordre apparent à l'image reflète la confusion de l'action. Alors que les relations se nouent et se dénouent, la «danse macabre« résonne dans la salle où le public s'amuse à se faire peur. Le spectacle de la mort déborde du simple cadre de la scène pour descendre dans la salle et effrayer les spectateurs.

«
consent enfin a 1ui retirer son déguisement.
Pendant la
quête d'Octave, des relations se nouent.
Christine, en
effet, s'apprête à tromper
son mari avec Saint-Aubin, sous
l'œil jaloux de Jurieu.
Marceau séduit Lisette, elle-même
observée
par Schumacher.
Christine, excédée par l'attitude de son mari avec
Geneviève, s'abandonne à Saint-Aubin.
«Je ne sais plus ce
que je fais», dit-elle à Saint-Aubin qui, réjoui, lui répond :
«Tant mieux ! » Au plan suivant, elle répond à
Octave/Renoir qui
lui demande : «On ne joue plus ?»,
«J'en ai assez de ce théâtre, Octave».
Réplique qui prend
la forme d'une rébellion ouverte de la part des
personnages/comédiens face à Octave interprété par le
metteur en scène du film.
On ne peut s'empêcher de voir
en Octave Jean Renoir lui-même.
À plusieurs reprises,
Renoir, apparaissant dans le plan~ semble davantage jouer
son rôle de metteur en scène que celui d'Octave.
Dans la
sous-séquence qui nous intéresse ici, il laisse le sentiment
d'être dépassé
par des événements qu'il ne maîtrise plus.
Il n'a qu'une seule idée en tête : qu'on lui retire sa peau
d'ours.
Il sollicite successivement Jurieu, Berthelin, La
Bruyère, Christine, Saint-Aubin, de nouveau Jurieu, puis La
Chesnaye ...
en vain.
Excédé, il s'exclame : «Enfin, bon
Dieu, qui c'est qui
va m'aider à la retirer c'te sacrée peau
d'ours ?» L:impression de désordre est accentuée par le
fait que le metteur en scène et scénariste du film semble
lui-même
ne plus comprendre la situation.
Le désordre de l'image
L:accélération de l'intrigue est accompagnée à l'écran
par
un grand désordre visuel.
Tout d'abord, le ton est
donné par le deuxième plan de la sous-séquence.
L:image
du piano jouant tout seul dégage un sentiment inquiétant,
relayé par le regard mêlé d'effroi, d'étonnement et de
fascination de
Charlotte, de Jackie et du trompettiste.
L:instrument semble habité et ne répond plus à la logique
qui présidait jusqu'alors.
La Mort apparaît sur scène,
accompagnée par le morceau joué au piano.
Cette
apparition semble indépendante de la volonté humaine
dont
la Mort se moque totalement.
169.
»
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