La critique littéraire de 1820 à 1885. Histoire de la littérature
Publié le 27/06/2012
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L'abondance des oeuvres littéraires, la curiosité d'un public de plus en plus large, son incertitude aussi devant des oeuvres souvent audacieuses dans leur nouveauté, l'activité politique et sociale de certains parmi les hommes de lettres, tout cela avait donné à la critique, entre 1820 et 1850, une autorité accrue. Sous le second Empire, la chose littéraire a recueilli une partie de l'intérêt que perdait la chose politique et le feuilleton littéraire des grands critiques devint un événement important de la vie nationale. Nous avons vu comment, entre 1800 et 1820, la critique a fait effort pour devenir plus compréhensive, malgré la résistance de la majorité des journaux. Ce mouvement s'est accentué après 1820. Au fur et à mesure que l'horizon littéraire s'élargissait, que les grands chefs-d'oeuvre étrangers étaient mieux connus, la critique a cessé d'être dogmatique et de juger en fonction d'un idéal purement français et purement classique, pour estimer la valeur des oeuvres d'après des critères plus largement humains et plus relatifs à l'évolution du goût public, plus dépendants aussi de l'humeur du critique. Si un Ch. Magnin (1793-1862) s'efforce à comprendre et à juger avec sérénité, un Gustave Planche (1808-1857) se rend redoutable par ses jugements mordants, sa joie à dénoncer - en particulier dans la production romantique - les faiblesses ou les exagérations, tandis qu'un Jules Janin (1804- 1874), se laissant guider, comme Planche, par son humeur, et fondant sa critique sur ses seules impressions, ne doit d'être plus compréhensif qu'à une nature moins sarcastique et plus équilibrée.

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546 HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE
plus compréhensive, malgré la résistance de la majorité des journaux.
Ce mouvement s'est accentué après 1820.
Au fur et à mesure que l'horizon littéraire s'élargissait, que les grands chefs-d'œuvre étrangers étaient mieux connus, la critique a cessé d'être dogmatique et de juger
en fonction d'un idéal purement français et purement classique, pour estimer la valeur des œuvres d'après des critères plus largement humains et plus relatifs à
l'évolution du goût public, plus dépendants aussi de l'humeur du critique.
Si un Ch.
Magnin (1793-1862)
s'efforce à comprendre et à juger avec sérénité, un Gustave Planche (1808-1857) se rend redoutable par ses jugements mordants, sa joie à dénoncer -en parti culier dans la production romantique - les faiblesses ou les exagérations, tandis qu'un Jules Janin (1804- 1874), se laissant guider, comme Planche, par son humeur, et fondant sa critique sur ses seules impressions, ne doit d'être plus compréhensif qu'à une nature moins sarcastique et plus équilibrée.
Villemain (1790-1870) est un des premiers historiens
de la littérature, au sens où nous entendons aujourd'hui cette expression.
Ses vues sont toutes nouvelles à cet égard; appliquant les méthodes issues des principes
de critique posés par Mme de Staël, il s'efforce de com prendre l'œuvre littéraire en fonction des données
historiques.
En même temps, il met en pleine lumière la notion d'influence littéraire, nationale ou étrangère; il est le père de la littérature comparée.
S'il n'a pas la rigueur du savant dans l'application des méthodes d'histoire littéraire, s'il se contente en général de vues panoramiques, il n'en a pas moins ouvert la voie à une discipline féconde.
Ses volumes de Mélanges (1823-
1827), son Tableau du XVIIIe siècle (1828-1829), sont particulièrement significatifs à cet égard.
En même temps que lui, Loève-Weimars (1801-1854)
révèle utilement, par ses articles comme par ses tra ductions, divers aspects de la littérature allemande.
De même Philarète Chasles (1799-1873) fait connaître une partie de la littérature anglaise et de la littérature françai, e du moyen âge dans ses Études de littérature comparée.
De son côté, J.-J.
Ampère (1800-1864), si
passionnément curieux et si averti des littératures étrangères et de celle du moyen âge, fait œuvre d'his torien de la littérature dans de nombreuses études parues.
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