LA CRITIQUE LITTERAIRE AU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE
Publié le 18/05/2011
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Nous avons signalé l'influence de Chateaubriand, et celle de Mme de Staël, sur l'évolution de la critique littéraire au début du XIXe siècle. Nous allons voir comment cette critique à la fois historique et esthétique, s'est développée par l'enseignement et par les publications périodiques (journaux et revues).
I. — Villemain (1790-1867).
Abel-François Villemain entra à la Faculté des lettres, d'abord pour suppléer Guizot dans la chaire d'histoire, puis comme titulaire de la chaire d'éloquence (1816), où il professa jusqu'en 183o. Son succès fut immense. Il ne publia, de ses nombreux cours, que le Tableau de la littérature française au moyen âge (2 vol.) et le Tableau de la littérature française au XVIIIe siècle (4 vol.). Après 183o, il fut deux fois ministre de l'Instruction publique. Après 1848, il se consacra tout entier à des travaux de critique et d'histoire. Villemain fut dans l'enseignement public l'initiateur de la critique historique. Il profitait des idées émises dans le Génie du christianisme, dans le livre De la Littérature et dans l'Allemagne. De ces indications très lumineuses mais souvent diffuses ou dispersées, il tira une méthode.
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des lettres, d'abord comme suppléant de Guizot, puis comme titulaire de la chaire de poésie française.
De 1834 à1848, il est député; mais il n'interrompt pas ses cours de la Sorbonne, qu'il continue jusqu'en 1863.Ses principaux ouvrages, composés de ses leçons publiques, revues et réunies, sont : Cours de littératuredramatique ou De l'Usage des passions dans le drame (4 vol., 1843), La Fontaine et les Fabulistes (2 vol., 1867), J.-J.
Rousseau, sa vie et ses oeuvres (2 Vol., publication posthume, 1875).Saint-Marc Girardin est un critique moraliste.
En disciple de Villemain et en contemporain de Sainte-Beuve, il nenéglige pas l'histoire; mais il y cherche moins les faits que les moeurs.
C'est ainsi que, dans son Cours de littératuredramatique, il prendra l'amour paternel et l'étudiera successivement chez les anciens, chez les classiques français,chez les romantiques; de même pour le patriotisme, le sentiment religieux, etc.
Saint-Marc Girardin reste toujoursprofesseur : il n'oublie jamais qu'il s'adresse au public et surtout à la jeunesse qu'il croit devoir guider vers tout cequi est sain et élevé.
IV.
— Nisard (1806-1888).
Critiques universitaires.
Désiré Nisard fut professeur au Collège de France et à la Sorbonne, puis directeur de l'École normale supérieure.Son titre le plus remarquable est son Histoire de la littérature française (4 vol., 1861).
Nisard soumet tout ledéveloppement de notre littérature à une loi.
D'après lui, ce qui constitue le chef d'oeuvre « c'est l'expression devérités générales dans un langage parfait, c'est-à-dire parfaitement conforme au génie du pays qui le parle, et àl'esprit humain ».
Nisard considère le XVIIe siècle comme le point culminant, ou plutôt comme le plateau très élevé,où conduisent d'abord par une suite de degrés inégaux le moyen âge et le XVIe siècle, et d'où l'on redescend, par leXVIIIe siècle, jusqu'à nous.
— Il résulte de ce système que Nisard adopte un ton tranchant, doctoral, impérieux, quisemble laisser peu de place aux opinions d'autrui.
A lire son livre, on se sent trop un écolier sous la férule d'unmaître.
C'est le dogmatisme en face du scepticisme de Sainte-Beuve.
Mais aussi, que de chapitres vraiment admirables sur Corneille, Racine, Pascal, Molière, Bossuet, bref sur tous ceuxqui peuvent s'expliquer par eux-mêmes, se détacher presque de leur temps, au moins dans leurs chefs-d'oeuvre, etentrer dans l'absolu.Parmi les critiques universitaires, signalons : — Constant Marthe (1820-1895), professeur à la Sorbonne (le Poèmede Lucrèce, les Moralistes sous l'Empire romain, la Délicatesse dans l'art); — Gaston Boissier (1823-1906),professeur au Collège de France (Cicéron et ses amis, la Religion romaine, l'Opposition sous les Césars, etc.).Gaston Paris (1839-1903), professeur au Collège de France, a été pendant de longues années le maître des étudesromanes.
La plupart des romanistes actuels des Universités françaises et étrangères ont été ses disciples.
V.
— Taine (1828-1801).
Taine quitta de bonne heure l'Université, où la hardiesse de ses idées lui créait des difficultés.
Il publia d'abord sathèse de doctorat sur La Fontaine (1853).
Il donna ensuite : Essai sur Tite-Live (1855); Histoire de la littératureanglaise (1863); Voyage en Italie (1865); De l'Intelligence (1870).
De 1876 à 1890, il composa les Origines de laFrance contemporaine (5 vol.).
En 1881, il réunit, sous le titre de Philosophie de l'Art, quatre études précédemmentparues, issues de ses cours à l'École des Beaux-Arts, où il professait depuis 1865.
Les Études critiques, articlespubliés çà et là, ont formé 3 volumes : Essais (1858), Nouveaux Essais (1865), Derniers Essais (1894) de critique etd'histoire.Son système est exposé dans la Préface de l'Histoire de la littérature anglaise (1863).
Les ouvrages sont, pourTaine, des manifestations de la façon de penser et de sentir d'une race, à un certain moment, dans un certainmilieu.
C'est ainsi qu'il étudie Shakespeare, Milton, Swift, Byron, types représentatifs du génie anglais aux XVIe,XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles.
La même méthode, il l'applique à La Fontaine dans sa thèse de doctorat, à Racine, àBalzac, à Stendhal, dans ses Essais de critique.
C'est vraiment, beaucoup plus que chez Sainte-Beuve, « l'histoirenaturelle des esprits ».Taine apporte la même rigueur dans sa critique d'art.
Son effort vise principalement à nous faire connaître le pays,les moeurs, les coutumes, parmi lesquels tel artiste s'est formé et développé, afin de nous expliquer comment lesstatuer d'un Phidias, les tableaux d'un Raphaël, d'un Rembrandt, sont conditionnés par la race, le moment et lemilieu.Trop systématique, trop absolu, Taine a le mérite éminent d'avoir donné plus de précision scientifique à la critiquelittéraire.
Il a un style qui, pour être un peu tendu et volontaire, est aussi remarquable par la solidité que par l'éclat.
VI.
— Critiques de la fin du X1Xe siècle.
F.
Brunetière (1849-1907).
— En 1875, Ferdinand Brunetière donna ses premiers articles à la Revue des Deux-Mondes ; il en resta toujours un des principaux collaborateurs et en devint le directeur.
Il fut nommé en 1886 maîtrede conférences à l'École normale supérieure.
Il a réuni ses principaux articles dans les volumes suivants : le Romannaturaliste (188o), Études critiques (8 séries de 1881 à 1906), Histoire et Littérature (3 vol., 1882-1884), l'Évolutiondes genres (1889), etc.Brunetière fut d'abord un érudit d'une extraordinaire puissance de travail.
Il avait approfondi les sources et les.
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