Devoir de Philosophie

La cour du Lion, La Fontaine, Fables

Publié le 16/12/2012

Extrait du document

fontaine
Lecture analytique, « La Cour du Lion «, Fables, VII, 7 Introduction : à faire. Problématiques possibles : quelle est la portée satirique de cette fable ? / En quoi le récit illustre-t-il la morale ? / En quoi cette fable est-elle une critique du pouvoir en place ? I. Un récit plaisant et rythmé 1) Le récit est bref et dynamique : - on a une mise en valeur de l'action avec de nombreux verbes d'action : V3 14 16 19 ... - le dynamisme est surtout lié au schéma narratif : la situation initiale se confond avec l'élément perturbateur : « un jour « v1 et 2 puis on assiste à l'enchaînement des péripéties jusqu'à la situation finale au v32, très laconique : « Bref, il s'en tire « = 4 syllabes. Aux vers V14-15 se trouve une ellipse narrative qui insiste sur l'effet de rapidité du récit. - le dynamisme est créé par l'absence de mots de liaison : c'est de la parataxe asyndétique v16-17-18-19 v 30 31. La parataxe des vers 20-21 et 25 témoignent de la simplicité de la syntaxe : la fable est compréhensible par tous, malgré les enjambements fréquents V5-6 8-9 18-19. - le dynamisme est accentué par la diversité de la métrique : la puissance du roi est soulignée par des alexandrins tandis que les péripéties sont écrites en octosyllabe, v3 à 12 : impression de rapidité des préparatifs et ordres du roi rapidement exécutés. La majesté du roi est aussi soulignée par la diérèse à « Lionne « et « nations «, (li-o-nne ; na-ti-ons). Le langage est précieux et hyperbolique : « ciel «, « Maître «, et l'allitération en [s] au vers 13 suggèrent l'idée de puissance que confirme le verbe « étaler «. Dans la 2ème partie les alexandrins rendent le rythme plus lent. Ils sont entrecoupés d'octosyllabes pour évoquer avec vivacité les comportements des animaux et les sanctions immédiates du roi. La fable se décompose en un récit et une morale distincte : - le récit est aux temps du passé traditionnels (passé simple) + 3ème personne = narration avec discours direct et indirect libre. - la morale est du discours direct car le temps de base est le présent d'énonciation ; le pronom « Vous « associé aux impératifs = conseils ou plutôt défenses : « Ne ... ni ... ni « - on constate la présence de rimes embrassées dans la morale qui se distingue des rimes suivies de la fin du récit : LF clôt ainsi sa fable, la morale englobe, enferm...
fontaine

« LF fait un récit rapide, vivant, qui a pour premi ère fonction de «   plaire   », avant tout d ésir de donner une le çon. La satire de la cour  à travers une repr ésentation du r ègne animal 1) Des animaux pour d écrire et critiquer chaque cat égorie de courtisans    LF fait appel  à l’imagination collective des lecteurs   ; en effet, les animaux sont des st éréotypes traditionnels   qu’on trouve dans les   contes pour enfants :  ­ le lion   = le roi des animaux => puissance, cruaut é, violence arbitraire   ; r ègne par la force   : «   Griffe   » (v.22) ­ L’ours   = animal robuste mais lourdaud => maladresse, lourdeur, naturel. Son comportement est inad équat, il ne ma îtrise pas la   parole   comme   en  t émoigne   le   terme  «   grimace   »   :   il   n’a  m ême  pas   eu   le   temps   d’ouvrir   la  bouche.  C’est  au   contraire  le  corps   physique qui est mis en avant chez lui   : «   boucha sa narine   » est un groupe verbal au pass é simple qui marque l’action instinctive.

  Or les courtisans ne peuvent pas c éder  à leurs instincts ni se montrer naturels   ; voil à pourquoi il est  élimin é en 4 vers   ! ­ Le singe = animal qui ne tient pas en place, peut se glisser partout, dot é d’une certaine intelligence pour obtenir sa nourriture =>   flatterie pour obtenir r écompense du roi   ; aux vers 21­22, on a un rythme croissant, gr âce  à l’anaphore de «   et   » et l’accumulation   des  éléments lou és par le singe   : «   col ère, griffe, antre, odeur   »   : son discours est grandiloquent ; au vers 22, le parall élisme «   il   n’ était   » montre un discours qui pi étine, sans grande valeur, qui se veut  à la limite du po étique mais qui est creux   : «   ambre, fleur   »   s’oppose   à  «   ail   »,   tr ès   vulgaire,   signe   que   le   singe   ne   ma îtrise   pas   la   rh étorique   d’un   beau   discours.

  On   a   une   critique   du   courtisan qui ment trop pour plaire et qui finit par s’emp êtrer dans ses propres figures de style. ­ Le renard   = animal vif qui sait chaparder la nourriture => la ruse, conforme  à la tradition du   Roman de Renart   au moyen  âge.

  C’est le seul  à avoir la vie sauve comme le montre le verbe  «   s’en tire   »  (v.32) qui exprime le grand danger qu’a fr ôlé le renard   ; il   s’agit   d’un   danger   permanent   à  la   Cour,   o ù  il   est   impossible   d’exprimer   une   opinion   personnelle.

  M ême   les   efforts   pour   plaire   peuvent   d éboucher   sur   la   mort   s’ils   ne   sont   pas   bien   dos és.

  Le   renard   l’a   bien   saisi,   comme   le   montre   le   participe   pr ésent   «   All éguant   »   (v.31)   =   trouver   un   faux   pr étexte   ;   «   s’excuser   »   (v.30)   a   le   sens   de   refuser   poliment   ;   les   n égations   «   ne…que   »   (v.31), «   sans   » (v.32) prouvent que le renard est extr êmement prudent, il s’efface derri ère ses paroles, il a compris que la seule   solution est de ne rien dire   afin d’avoir la vie sauve. Ainsi on voit un parall élisme entre monde animal et le monde humain car l es animaux sont personnifi és   :  ­  Leurs sentiments  et  comportements  sont  humains   :  «   é talait  sa puissance (v.12),  cette  mine  (v.17),  d éplut  (v.18),  irrit é  (v.18),   faire le d égo ûté (v.19)   », etc. ­ Leur physiologie est proche de celle des humains   :  sa narine (v.16), faire cette mine (v.17), un grand rhume (v.31 ) ­ Le champ lexical de la monarchie   est pr ésent : «   vassaux (v.4), une circulaire  écriture / Avec son sceau (v.6­7), le   Prince (v.12),   Louvre  (v.13) (allusion claire puisque le Louvre est le palais du roi),  Monseigneur  (v.26)   », etc. L’utilisation des animaux a deux int érêts   : rendre la fable amusante en faisant appel aux st éréotypes que le lecteur conna ît sur les   animaux   + faire une critique sociale ou politique sans risquer la censure, m ême si les lecteurs de l’ époque n’ étaient pas dupes.

  Mais comme il n’y a pas d’allusion directe au Roi Soleil, la fable peut v éhiculer ses critiques. 2) Satire sociale et politique    Le portrait que dresse cette fable du roi lion t émoigne d’une critique du pouvoir absolu   : ­   Volont é de toute­puissance du roi (v.1­2)   ; premiers mots hyperboliques de la fable   : «   Sa Majest é Lionne   » ,   tr ès ironique, car   c’est l’imitation de «   Sa majest é très­Chr étienne   » pour d ésigner le roi de France (de droit divin). «   Toute nature, tous les c ôtés   »   (v.4­5)   :  il   veut  être  partout  à  la  fois.  La  raison m ême  de l’assembl ée  pl énière  est  ridicule  puisque  le roi   se  veut  mondialement   puissant et sait jusqu’o ù son pouvoir s’ étend => besoin de se mettre en valeur, de faire  éclater sa gloire. ­   Orgueil   du   roi   :   vers   10/12/13   =   hyperboles   qui   se   r épondent   à  la   rime   :   «   un   fort   grand   festin   /   magnificence/   étalait   sa   puissance   »   :   assonances   en   [in]   et   [en]   qui   allongent   la   prononciation   et   donnent   toute   la   dimension   du   personnage,   on   a   l’impression   que   ça   n’en   finit   plus.

  Les   enjambements   qui   lient   les   vers   donnent   l’impression   d’un   plaisir   incessant,   comme   si   l’aristocratie  était coup ée du monde r éel, occup ée qu’elle est  à festoyer dans le luxe. Le vers 13 contient une allit ération en [s] qui   indique qu’il y a une menace sous­jacente   : malheur  à qui tente de d éfier cette puissance.

  ­  Commentaires  du  fabuliste   :  «   Ce  Monseigneur  du  Lion­l à  /  Fut  parent  de Caligula   » (26­27),   comparaison  tr ès  d ésobligeante   (Caligula, empereur tyrannique et sanguinaire) ­ Disproportion des punitions   : vers 19/25 «   L'envoya chez Pluton faire le d égo ûté   », «   et fut encore punie   » = euph émismes, les   choses   sont   dites   de   fa çon   att énu ée   =>   entra îne   la   crainte   du   monarque.

  V érité  et   flatterie   excessive   d éplaisent   au   roi   ;   les   courtisans ont tr ès peu de latitude pour s’exprimer. ­ Le vocabulaire du monde animal : « charnier » « griffe » « antre » assimile le raffinement de la haute soci été,  «  la Cour  »,    à  une   meute d’animaux o ù l’on s’entre­d évore. LF porte donc un œil tr ès critique sur ses contemporains   ; l’antith èse ironique : «   Quel   Louvre ! un vrai charnier » r ésume  à elle seule les deux facettes de la vie  à la Cour. En outre, la morale du r écit met en regard les   deux erreurs fatales du singe et de l’ours   ; l’emploi r écurrent de «   ni…ni   » am ène  à penser qu’on ne peut pas  être soi­m ême face  . »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles