La cour du Lion, La Fontaine, Fables
Publié le 16/12/2012
Extrait du document
«
LF fait un récit rapide, vivant, qui a pour premi ère fonction de « plaire », avant tout d ésir de donner une le çon.
La satire de la cour
à travers une repr ésentation du r ègne animal
1) Des animaux pour d
écrire et critiquer chaque cat égorie de courtisans
LF fait appel
à l’imagination collective des lecteurs ; en effet, les animaux sont des st éréotypes traditionnels qu’on trouve dans les
contes pour enfants :
le lion = le roi des animaux => puissance, cruaut
é, violence arbitraire ; r ègne par la force : « Griffe » (v.22)
L’ours = animal robuste mais lourdaud => maladresse, lourdeur, naturel. Son comportement est inad
équat, il ne ma îtrise pas la
parole comme en t
émoigne le terme « grimace » : il n’a m ême pas eu le temps d’ouvrir la bouche. C’est au contraire le corps
physique qui est mis en avant chez lui : « boucha sa narine » est un groupe verbal au pass
é simple qui marque l’action instinctive.
Or les courtisans ne peuvent pas c
éder à leurs instincts ni se montrer naturels ; voil à pourquoi il est élimin é en 4 vers !
Le singe = animal qui ne tient pas en place, peut se glisser partout, dot
é d’une certaine intelligence pour obtenir sa nourriture =>
flatterie pour obtenir r
écompense du roi ; aux vers 2122, on a un rythme croissant, gr âce à l’anaphore de « et » et l’accumulation
des
éléments lou és par le singe : « col ère, griffe, antre, odeur » : son discours est grandiloquent ; au vers 22, le parall élisme « il
n’
était » montre un discours qui pi étine, sans grande valeur, qui se veut à la limite du po étique mais qui est creux : « ambre, fleur »
s’oppose
à « ail », tr ès vulgaire, signe que le singe ne ma îtrise pas la rh étorique d’un beau discours.
On a une critique du
courtisan qui ment trop pour plaire et qui finit par s’emp
êtrer dans ses propres figures de style.
Le renard = animal vif qui sait chaparder la nourriture => la ruse, conforme
à la tradition du Roman de Renart au moyen âge.
C’est le seul
à avoir la vie sauve comme le montre le verbe « s’en tire » (v.32) qui exprime le grand danger qu’a fr ôlé le renard ; il
s’agit d’un danger permanent
à la Cour, o ù il est impossible d’exprimer une opinion personnelle.
M ême les efforts pour plaire
peuvent d
éboucher sur la mort s’ils ne sont pas bien dos és.
Le renard l’a bien saisi, comme le montre le participe pr ésent
« All
éguant » (v.31) = trouver un faux pr étexte ; « s’excuser » (v.30) a le sens de refuser poliment ; les n égations « ne…que »
(v.31), « sans » (v.32) prouvent que le renard est extr
êmement prudent, il s’efface derri ère ses paroles, il a compris que la seule
solution est de ne rien dire afin d’avoir la vie sauve.
Ainsi on voit un parall
élisme entre monde animal et le monde humain car l es animaux sont personnifi és :
Leurs sentiments et comportements sont humains : « é
talait sa puissance (v.12), cette mine (v.17), d éplut (v.18), irrit é (v.18),
faire le d
égo ûté (v.19) », etc.
Leur physiologie est proche de celle des humains : sa narine (v.16), faire cette mine (v.17), un grand rhume (v.31 )
Le champ lexical de la monarchie est pr
ésent : « vassaux (v.4), une circulaire écriture / Avec son sceau (v.67), le Prince (v.12),
Louvre (v.13) (allusion claire puisque le Louvre est le palais du roi), Monseigneur (v.26) », etc.
L’utilisation des animaux a deux int
érêts : rendre la fable amusante en faisant appel aux st éréotypes que le lecteur conna ît sur les
animaux + faire une critique sociale ou politique sans risquer la censure, m
ême si les lecteurs de l’ époque n’ étaient pas dupes.
Mais comme il n’y a pas d’allusion directe au Roi Soleil, la fable peut v
éhiculer ses critiques.
2) Satire sociale et politique
Le portrait que dresse cette fable du roi lion t
émoigne d’une critique du pouvoir absolu :
Volont
é de toutepuissance du roi (v.12) ; premiers mots hyperboliques de la fable : « Sa Majest é Lionne » , tr ès ironique, car
c’est l’imitation de « Sa majest
é trèsChr étienne » pour d ésigner le roi de France (de droit divin). « Toute nature, tous les c ôtés »
(v.45) : il veut
être partout à la fois. La raison m ême de l’assembl ée pl énière est ridicule puisque le roi se veut mondialement
puissant et sait jusqu’o
ù son pouvoir s’ étend => besoin de se mettre en valeur, de faire éclater sa gloire.
Orgueil du roi : vers 10/12/13 = hyperboles qui se r
épondent à la rime : « un fort grand festin / magnificence/ étalait sa
puissance » : assonances en [in] et [en] qui allongent la prononciation et donnent toute la dimension du personnage, on a
l’impression que
ça n’en finit plus.
Les enjambements qui lient les vers donnent l’impression d’un plaisir incessant, comme si
l’aristocratie
était coup ée du monde r éel, occup ée qu’elle est à festoyer dans le luxe. Le vers 13 contient une allit ération en [s] qui
indique qu’il y a une menace sousjacente : malheur
à qui tente de d éfier cette puissance.
Commentaires du fabuliste : « Ce Monseigneur du Lionl
à / Fut parent de Caligula » (2627), comparaison tr ès d ésobligeante
(Caligula, empereur tyrannique et sanguinaire)
Disproportion des punitions : vers 19/25 « L'envoya chez Pluton faire le d
égo ûté », « et fut encore punie » = euph émismes, les
choses sont dites de fa
çon att énu ée => entra îne la crainte du monarque.
V érité et flatterie excessive d éplaisent au roi ; les
courtisans ont tr
ès peu de latitude pour s’exprimer.
Le vocabulaire du monde animal : « charnier » « griffe » « antre » assimile le raffinement de la haute soci
été, « la Cour », à une
meute d’animaux o
ù l’on s’entred évore. LF porte donc un œil tr ès critique sur ses contemporains ; l’antith èse ironique : « Quel
Louvre ! un vrai charnier » r
ésume à elle seule les deux facettes de la vie à la Cour. En outre, la morale du r écit met en regard les
deux erreurs fatales du singe et de l’ours ; l’emploi r
écurrent de « ni…ni » am ène à penser qu’on ne peut pas être soim ême face .
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