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LA COUR DU LION DE LA FONTAINE

Publié le 10/04/2011

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fontaine

                                                                                             

 1678                                                  

Livre septième                                                     

                                                       VII

                                              La Cour du Lion (1)

Sa Majesté Lionne (2) un jour voulut connaître

De quelles nations le Ciel l’avait fait maître.

Il manda (3) donc par députés

Ses vassaux (4) de toute nature,

Envoyant de tous les côtés                                                              vers 5

Une circulaire (5) écriture

Avec son sceau. L’écrit portait

Qu’un mois durant le Roi tiendrait

Cour plénière (6), dont l’ouverture

Devait être un fort grand festin,                                                    vers 10

Suivi des tours de Fagotin (7)

Par ce trait de magnificence

Le prince à ses sujets étalait sa puissance.

       En son Louvre il les invita.

Quel Louvre ! Un vrai charnier (8), dont l’odeur se porta          vers 15

D’abord (9) au nez des gens. L’Ours boucha sa narine :

Il se fût bien passé (10) de faire cette mine ;

Sa grimace déplut : le Monarque irrité

L’envoya chez Pluton (11) faire le dégoûté.

Le singe approuva fort cette sévérité,                                             vers 20

Et flatteur excessif, il loua la colère (12)

Et la griffe du Prince, et l’antre, et cette odeur :

      Il n’était ambre (13), il n’était fleur

Qui ne fût ail au prix ( 14) . Sa sotte flatterie

Eut un mauvais succès, et fut encore punie :                                 vers 25

        Ce Monseigneur du Lion- Là

         Fut parent de Caligula (15).

Le Renard étant proche : «  Or, ça, lui dit Sire,

Que sens – tu ? dis – le – moi : parle sans déguiser. «

         L’autre aussitôt de s’excuser,                                                vers 30

Alléguant (16) un grand rhume : il ne pouvait que dire (17)

         Sans odorat. Bref, il s’en tire.

        Ceci vous sert d’enseignement :

Ne soyez à la cour, si vous voulez y plaire,

Ni fade adulateur (18), ni parler trop sincère,                            vers 35

Et tachez quelquefois de répondre en Normand ( 19)

1)      On a pu voir comme source de cette fable le fragment d’un texte égaré du fabuliste latin Phèdre ( 1 ier siècle) intitulé Le Lion Régnant, récit utilisé par Marie de France( XII ième siècle) dans ses Isopets

2)      Le mot est ici adjectif : entendez bien Sa majesté Le lion …

3)      Manda : fit venir

4)      Vassaux : dans le système féodal, seigneurs placés sous la tutelle d’un seigneur plus puissant, appelé «  suzerain «

5)      Circulaire : ici employé comme adjectif : comprendre une circulaire écrite

6)      Cour plénière : assemblée solennelle où le Roi de France convoquait tous ses vassaux

7)      Fagotin : nom d’un singe fameux dans les années 1660 qui paradait à la porte du théâtre de Brioché, célèbre bateleur et montreur de marionnettes.

8)      Charnier : lieu où l’on conservait la viande, puis lieu où l’on entassait les morts quand il n’y avait plus de place au cimetière. Le mot est sans doute employé à double sens en raison de la nature carnassière du monarque.

fontaine

« Il se fût bien passé (10) de faire cette mine ; Sa grimace déplut : le Monarque irrité L'envoya chez Pluton (11) faire le dégoûté. Le singe approuva fort cette sévérité, vers 20 Et flatteur excessif, il loua la colère (12) Et la griffe du Prince, et l'antre, et cette odeur : Il n'était ambre (13), il n'était fleur Qui ne fût ail au prix ( 14) .

Sa sotte flatterie Eut un mauvais succès, et fut encore punie : vers 25 Ce Monseigneur du Lion- Là Fut parent de Caligula (15). Le Renard étant proche : « Or, ça, lui dit Sire, Que sens – tu ? dis – le – moi : parle sans déguiser.

» L'autre aussitôt de s'excuser, vers 30 Alléguant (16) un grand rhume : il ne pouvait que dire (17) Sans odorat.

Bref, il s'en tire. Ceci vous sert d'enseignement : Ne soyez à la cour, si vous voulez y plaire, Ni fade adulateur (18), ni parler trop sincère, vers 35 Et tachez quelquefois de répondre en Normand ( 19) 1) On a pu voir comme source de cette fable le fragment d'un texte égaré du fabuliste latin Phèdre ( 1 ier siècle) intitulé Le Lion Régnant , récit utilisé par Marie de France( XII ième siècle) dans ses Isopets 2) Le mot est ici adjectif : entendez bien Sa majesté Le lion … 3) Manda : fit venir 4) Vassaux : dans le système féodal, seigneurs placés sous la tutelle d'un seigneur plus puissant, appelé « suzerain » 5) Circulaire : ici employé comme adjectif : comprendre une circulaire écrite 6) Cour plénière : assemblée solennelle où le Roi de France convoquait tous ses vassaux 7) Fagotin : nom d'un singe fameux dans les années 1660 qui paradait à la porte du théâtre de Brioché, célèbre bateleur et montreur de marionnettes. 8) Charnier : lieu où l'on conservait la viande, puis lieu où l'on entassait les morts quand il n'y avait plus de place au cimetière.

Le mot est sans doute employé à double sens en raison de la nature carnassière du monarque. 9) D'abord : dès l'abord 10) Il se fût bien passé : il eût mieux fait de ne pas… 11) Pluton : dieu des Enfers dans la mythologie romaine 12) La rime de ce vers manque 13) Ambre : il s'agit de l'ambre gris, substance aromatique tirée du cachalot. 14) Qui ne fût ail au prix : qui, par comparaison,ne sente comme de l'ail : ce sens s'explique par l'idée de valeur. 15) Caligula : empereur romain du 1 ière siècle, célèbre par sa folie criminelle : il fit périr ceux qui pleuraient la mort. »

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