« La connivence ironique est l'un des traits définitoires du conte philosophique, forme pratiquée et portée à un degré de perfection par les philosophes des Lumières. »
Publié le 27/12/2012
Extrait du document

Ensuite la tyrannie de l’église est remise en cause. Elle décide le Bien et le Mal : « On avait en
conséquence saisi un Biscayen convaincu d’avoir épousé sa commère[23] «. La raison de la sanction est
sous-entendue, rendant l’événement absurde. L’église décide par là aussi le sort des personnes,
arbitrairement : « quoique ce ne soit pas la coutume[24] «.
Puis le non-respect des règles religieuses: « n’ayant que la moitié d’un derrière, me souvenant toujours
que j’étais fille d’un pape [25]«. L’ironie sort de l’impossible, car la religion interdit au pape d’avoir un
enfant.
Mais encore la contradiction. Ainsi, la scène avec l’esclave: « ma mère […] me disait : « Mon cher
enfant, bénis nos fétiches,
adore-les toujours, ils te feront vivre heureux ; tu as l’honneur d’être esclave de nos seigneurs les blancs,
et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. « Hélas ! je ne sais pas si j’ai fait leur fortune, mais ils
n’ont pas fait la mienne.[26]« L’hypocrisie des prêcheurs hollandais qui se prennent pour des
« seigneurs « est ici critiquée par Voltaire

«
droit public.
[5]» Encore l’utilisation
de l’absurde pour dénoncer la corruption de l’huissier : « Ah ! Monsieur, lui dit l’homme au bâton d’ivoire,
eussiez-vous commis tous les crimes imaginables, vous êtes le plus honnête homme du monde[6] ».
Cela dénonce aussi l’avidité d’argent, reproche de Voltaire dont nous allons parler tout de suite.
Voltaire dénonce l’avidité d’argent.
Bien que l’Eldorado, qu’on peut considérer comme une
représentation de l’idéal voltairien, soit d’une richesse infinie, plusieurs passages montrent le mal que
représente le désir de voler.
Lors du retour pour Candide à la réalité : « J’attends mon maître, monsieur
Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre.
[7]» Outre un comique sur le nom du négociant
qui ressemble à vendeur à la dent dure, il y a une hyperbole à son propos.
L’ironie est utilisée pour
montrer la perversité de cette personne.
Dans un autre passage, une hyperbole qui est aussi une
antiphrase dénonce un caractère tourné vers l’argent: « La belle, ayant aperçu deux énormes diamants
aux deux mains de son jeune étranger, les loua de si bonne foi que des doigts de Candide ils passèrent
aux doigts de la marquise.
[8]»
L’exploitation de l’homme par l’homme constitue un autre sujet révoltant pour Voltaire.
Tout d’abord,
l’esclavagisme ressort à travers un parallélisme et des sous-entendus: « Quand nous travaillons aux
sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons
nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis retrouvé dans les deux cas.
C’est à ce prix que vous
mangez du sucre en Europe.
[9]»
Mais encore le système instauré pas les jésuites au Paraguay est une forme d’exploitation: « Los
Padres y ont tout, et les peuples rien ; c’est le chef-d’œuvre de la raison et de la justice.
[10]» Tout le
paragraphe continue dans la même dynamique ironique.
Antithèse dans la première phrase, antiphrase
et hyperbole dans la deuxième pour nous dénoncer l’exploitation des Occidentaux sur d’autres
civilisations.
La Critique est parfois au service de la dénonciation d’une pratique : « les sages du pays n’avaient pas
trouvé un moyen plus efficace que de donner au peuple un bel autodafé [11]».
Il y a ici l’absurdité qui est
utilisée, car une fois que la catastrophe naturelle a fait son ravage, il est insensé de tuer encore des
personnes.
Par ailleurs, une antiphrase est utilisée pour dénoncer la disproportion de l’autodafé.
Voltaire critique la conception leibnizienne en utilisant Pangloss comme fidèle de Leibniz.
Ainsi, il
dénonce à la fois la vision de Leibniz, mais aussi le fanatisme envers quelques théories optimistes.
Voltaire joue avec d’une part l’onomastique : Pangloss tire ses origines de « tout » (pan) et « gloser »
(gloss), d’autre part avec l’insertion de « nigo » au milieu du long mélange de disciplines.
Les paroles sont
belles, mais insensées : « Pangloss enseignait la métaphysico-théologo-cosmolonigologie.
Il prouvait admirablement qu’il n’y a point d’effet sans cause, et que, dans ce meilleur des mondes
possibles, le château de monseigneur le baron était le plus beau des châteaux et madame la meilleure
des baronnes possibles.
[12]»
Pangloss rejette l’empirisme : « tout et bien[13] », « car la chute de l’homme et la malédiction entraient
nécessairement dans le meilleur des mondes possibles.
[14]» ou encore « il est démontré, disait-il, que
les choses ne peuvent être autrement […] [15]» C’est en désaccord avec les événements et les
expériences.
Voltaire utilise également le faux raisonnement de Pangloss : « car, si Colomb n’avait pas
attrapé dans une île d’Amérique cette maladie […], nous n’aurions ni le chocolat ni la cochenille.[16]» Un
malheur entraînerait quelque chose de bien (ou bon si l’on en revient au chocolat).
La guerre n’échappe pas à la critique de Voltaire.
Les procédés utilisés sont une fois de plus
remarquables: « Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées.
Les.
»
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