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La Communauté de langue vous semble-t-elle un élément indispensable à l'idée de Patrie? N'en est-il pas au moins un élément important ?

Publié le 12/02/2012

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langue

 

Rien de plus simple, de plus naturel, que le sentiment patriotique; rien de plus complexe, de plus déconcertant que l'idée, la notion de patrie; rien de plus malaisé à définir de façon adéquate que le mot patrie. Si nous analysons ce concept non point dans une nation particulière, mais dans l'ensemble des peuples, voici, par ordre d'importance, les éléments que nous y découvrons : ...

langue

« cesse d'exister.

On parle allemand en Suisse, en Autriche, sans se croire, pour autant, membre de la 4 patrie allemande », meme representee par le III' Reich.

Qu'une sympathie existe entre les peuples de langue allemande, rien de plus evident et de plus naturel; mais autre chose est un Germain et autre un « germanisant ».

A fortiori, quand les sujets allemands s'eta- blissent au loin.

Ne parlons pas des colonies proprement dites, qu'a tort ou a raison, les allies ont confisquees apres la guerre et qui, directement rattachees a la metropole, &talent pour eux, jadis, une extension reelle de la patrie, mais de ces collectivites allemandes, disseminees dans tout l'uni- vers et particulierement puissantes aux Etats-Unis et au Bresil.

Au bout d'un temps relativement court, ''assimilation se produit, en &pit de la langue que ces, émigrés s'obstinent a parler.

Dans un ordre different, les Franco-Canadiens sont aussi la preuve que la communaute de langue ne suffit pas a creer la communaute de patrie. Ces enfants de la « Nouvelle-France », associes aux Anglo-Saxons, tout en conservant le langage de leurs pares, se sont detaches de la mere-patrie. Depuis longtemps, ils sont Canadiens avant tout.

Loyalement, Rs acceptant la tutelle de PArigleterre, tout en gardant avec nous le contact et meme en s'inspirant de notre culture.

Nul Francais ne songe a leur reprocher cette attitude, ni a revendiquer une terre on Fon parle encore le Francais savoureux du xvir siecle. Insuffisante pour grouper ou regrouper des hommes en une meme patrie, la communaute de langue n'est pas davantage necessaire a l'idee de patrie. LA encore, partons des faits, sans remonter a la haute antiquite, on nous les decouvririons nombreux et concluants.

Ceux de rhistoire contempo-. raine nous toucheront davantage.

L'Autriche-Hongrie 1, vraie mosalque de races, alliage bizarre d'un em- pire et d'un royaume, Babel de ''Europe centrale, fut neanmoins, avant la malencontreuse dislocation de 1918-1919, une patrie authentique.

Ceux qui furent temoins des grandioses manifestations organisees, en 1908, a ''occasion du jubile du vieux Frangois-Joseph - empereur et roi depuis soixante ans, - ont garde le souvenir du loyalisme sincere dont firent preuve en cette conjoncture tant de peuples de langues si diverses.

Sous le sceptre des Habsbourgs s'etaient vraiment fondues en une seule Arne toutes ces Ames bigarrees.

Criterium infaillible, quand l'heure sonna de payer la dette du sang, aucun des sujets du souverain octogenaire ne se deroba.

L'exemple de la Belgique et de la Suisse, pour etre moins frappant, n'est pas cependant d'une moindre valeur.

Flamands et Wallons, emus par le commun peril, indignes par Poffre deshonorante de l'Allemagne, sentirent bien, en aofit 1914, qu'au-dessus des vieux dissentiments, nes en partie de la race et de la langue, planait, dans les, hautes et calmes regions de 'Ideal, Fame de la patrie belge.

Et comme celle-ci avait alors l'honneur d'etre incarnee dans le 1 Roi-Chevalier », Belges flamingants, de langue flamande, et Belges wallops, de langue francaise, groupes autour du meme chef, du meme drapeau, servirent, au prix de sacrifices inouls, une cause qui depassait infiniment leurs antiques querelles et qui, tout a coup, les faisait unanimes.

Les monarchistes pourraient se prevaloir de cet exemple; ce serait abusivement. La Republique helvetique, autant que le royaume de Belgique, en depit de la pluralite des langues : allemande au nord et a l'est; francaise l'ouest; italienne au sud, forme bien, elle aussi, une patrie unique : la patrie suisse. Si l'anglais predomine dans la grande democratie americaine, on parle neanmoins plusieurs autres langues aux Etats-Unis : allemand, italien, espagnol, francais.

Cette diversite d'idiomes n'empeche pas les citoyens americains d'etre des patriotes conscients, et parfois meme d'un orgUeil quelque peu farouche. Mais pourquoi chercher des ecemples a l'exterieur, alors que la France nous en offre d'aussi probants? On salt que Louis XIV, en annexant l'Alsace, eut la sagesse de ne lui point imposer le francais.

Au temps de Napoleon, Saint-Etienne (979-1038), roi de Hongrie, disait : n Un royaume dans leque it n'y a qu'une seule langue et un seul caractere racial est faible et fragile. cesse d'exister.

On parle allemand en Suisse, en Autriche, sans se croire, pour autant, membre de la « patrie allemande », même représentée par le III• Reich.

Qu'une sympathie existe entre le~ peuples de langue alleman~e, rien de plus évident et de plus naturel; mais autre.

c~ose est un Germ.aw et autre un «germanisant».

A fortiori, qu_and les· SUJets all.emands,.

s'eta­ blissent au loin.

Ne pariou~ pas des çolomes proprement d~tes,_ .qua tort ou à raison les alliés ont confisquées après la guerre et qm, directement rattachées à la métropole, étaient pour eux, jadis, une extension réelle d_c la patrie, mais de ces collectivités allemandes, disséminées dans tout l'um­ vers et particulièrement puissantes ~u~ E~ats-Unis et ~u Brésil; ~u bout d'un temps relativement court, l'assimilatiOn se prodmt, en depit de la langue que çes émigrés s'obstinent à parler.

Dans un ordre différent, les Franco-Canadiens sont aussi la preuve que la communauté de langue ne suffit pas à créer la communauté de patrie.

Ces enfants de la «Nouvelle-France», associés aux Anglo-Saxons, tout en conservant le langage de leurs pères, se sont détachés de la mère-patrie.

Depuis longtemps, ils sont Canadiens avant tout.

Loyalement, ils acceptent la tutelle de l' Arigleterre, tout en gardant avec nous le contact et même en s'inspirant de notre culture.

Nul Français ne songe à leur reprocher cette attitude, ni à revendiquer une terre où l'on parle encore le français savoureux du xvn• siècle.

* * *· Insuffisante pour grouper ou regrouper des hommes en une même patrie, la communauté de langue n'est pas davantage nécessaire à l'idée de patrie.

Là encore, partons des faits, sans remonter à la haute antiquité, où nous les découvririons nombreux et concluants.

Ceux de l'histoire contempo­ raine nous toucheront davantage.

L'Autriche-Hongrie 1, vraie mosaïque çle races, alliage bizarre d'un em­ pire et d'un royaume, Babel de l'Europe centrale, fut néanmoins, avant la malencontreuse dislocation de 1918-1919, une patrie authentique.

Ceux qui furent témoins des grandfoses manifestations organisées, en 1908, à l'occasion du jubilé du vieux François-Joseph - empereur et roi depuis soixante ans, - ont gardé le souvenir du loyalisme sincère dont firent preuve en cette conjoncture tant de peuples de langues si diverses.

Sous le sceptre des Habsbourgs s'étaient vraiment fondues en une seule âme toutes ces âmes bigarrées.

C.ritérium infaillible, quand l'heure sonna de payer la dette du sang, aucun des sujets du souverain octogénaire ne se déroba.

L'exemple de la Belgique et de la Suisse, pour être moins frappant, n'est pas cependant d'une moindre valeur.

Flamands et Wallons, émus par le commun péril, indignés par l'offre déshonorantè de l'Allemagne, sentirent bien, en août 1914, qu'au-dessus des vieux dissentiments, nés en partie de la race et de la langue, planait, dans les hautes et calmes régions de l'idéal, l'âme de la patrie belge.

Et comme celle-ci avait alors l'honneur d'être incarnée dans le «Roi-Chevalier», Belges flamingants, de langue flamande, et Belges wallons, de langue française, groupés autour du même chef, du même drapeau, servirent, au prix de sacrifices inouïs, une cause qui dépassait infiniment leurs antiques querelles et qui, tout à coup, les faisait unanimes.

Les monarchistes pourraient se prévaloir de cet exemple; ce se.rait abusivement.

La République helvétique, autant que le royaume de Belgique, en dépit de la pluralité des langues : allemande au nord et à l'est; française à l'ouest; italienne au sud, forme bien, elle aussi, une patrie unique : la patrie suisse.

Si l'anglais prédomine dans la grande démocratie américaine, on parle néanmoins plusieurs autres langues aux Etats-Unis : allemand, italien, espagnol, français.

Cette diversité d'idiomes n'empêche pas les citoyens américains d'être des patriotes conscients, et parfois même d'un orgueil quelque peu farouche.

Mais pourquoi chercher des e:x;emples à l'extérieur, alors que la France nous en offre d'aussi probants? On sait que Louis XIV, en annexant l'Alsace, eut la sagesse de ne lui point imposer le français.

Au temps de Napoléon, · 1 Saint-Etienne (979-1038), roi de Hongrie, disait : " Un royaume dans Ieque il n'y a qu'une seule langue et un seul caractère racial est faillie et fragile.

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